La Préfecture de la Creuse Témoin de l’architecture classique du XVIIIème siècle SOMMAIRE L’Hôtel Son histoire............................................................2 Son architecture.....................................................4 Le hall d’entrée......................................................5 Le salon vert .........................................................6 Le couloir de l’appartement...................................6 La Préfecture Le bâtiment André VY..........................................7 Le hall....................................................................8 L’espace intérieur..................................................8 La cour extérieure..................................................8 Les Préfets de la Creuse.........................................9 Le rôle du Préfet..................................................10 Les plaques commémoratives.................................11 Claude ERIGNAC...............................................12 Martin NADAUD................................................15 André VY.............................................................18 1 L’Hôtel Son histoire Situé juste derrière l'une des trois entrées par lesquelles on franchissait, au Moyen Âge, l'enceinte fortifiée de Guéret, l'hôtel d'une famille de magistrats, les Reydier, s'élevait dans l'espace compris entre les remparts, la place de Pont et l'hôtel des Moneyroux. Cette maison passa par mariage à Silvain de Madot au XVII ème siècle. Elle dut être laissée à l'abandon puisque c'est un des descendants de cette famille, Louis de Madot qui reconstruisit la vieille demeure en 1748. 2 Au moment de la Révolution française, Pierre Ribière-Naillac était le propriétaire de l'hôtel, il émigra et sa maison fut confisquée. Elle servit alors de maison de réclusion. La demeure fut vendue comme bien national le 12 messidor an IV (1796). L'acquéreur, Charles-François Champagne n'en resta pas longtemps propriétaire. Le 16 messidor an X (1802), il céda ce bien à la nation, représentée par le Préfet, Monsieur La Salcette. Ses droits sur cette maison, étaient estimés alors à 35000 Francs. En échange il reçut divers biens nationaux ruraux : le domaine de Maingnoux, le bois du Verclaux, le domaine de Courja et une partie du domaine de La Ville. Cette vente fut faite sous la condition expresse que "la maison acquise à la République reste affectée au siège de la Préfecture". Et de fait, l'ancienne propriété Ribière-Naillac devait depuis lors rester constamment attachée à sa nouvelle destination.Une requête en restitution, présentée par Philippe Ribière de Cessac et le vicomte de La Rocheaymond fut en effet rejetée le 21 avril 1818 par la commission compétente du Ministère des Finances. En avril 1902, un incendie se déclara à la Préfecture de la Creuse. Il ne causa heureusement que peu de dégâts. Aucun autre sinistre ne fut déploré depuis lors. De nombreux ministres furent reçus à l'hôtel de la Préfecture. Le Président Poincaré y séjourna le 10 septembre 1913, à l'occasion de son périple automobile du centre au sud-ouest. 3 Son architecture Le bâtiment de la Préfecture de la Creuse tel que nous le voyons aujourd'hui est resté à l'image de l'hôtel reconstruit en 1748 par Louis de Madot, avec ses deux avant-corps, son perron, son jardin ombragé. De nombreux agrandissements complétèrent le bâtiment principal devenu aujourd'hui l'hôtel de la Préfecture (appartement du Préfet et salons de réception). La modification la plus importante a été l'édification parallèlement aux avant-corps de l'hôtel de deux ailes où s'installèrent les services de l'Etat. L'hôtel est l'édifice type du XVIIIème siècle. L'un des exemples les plus représentatifs des demeures de cette époque est l'hôtel Matignon, construit par Courtonne en 1758. Ces hôtels sont marqués par la prédominance des vides sur les pleins, les murs sont réduits au rôle de portant. Le corps de logis principal avec les deux avant-corps sont caractéristiques de l'architecture classique à la française des XVIIème et XVIIIème siècles issue de l'influence italienne. On observera la régularité des percements, la notion de symétrie et le rapport de proportion entre les pleins et les vides. 4 Les combles dits " à la Mansard" sont aussi typiques de cette architecture dont le modèle sera répandu dans toute le France. On notera l'aménagement du plan de la parcelle avec le corps de logis situé entre "cour et jardin" dont les proportions ont été conservées. Le choix de l'ardoise comme matériau de couverture appartient à un usage architectural utilisé pour les bâtiments nobles ou officiels que l'on retrouvera dans l'art des gares de chemin de fer. Malgré des transformations légitimes depuis près de deux siècles, du fait de l'adaptation à l'usage de locaux administratifs, la Préfecture a conservé des éléments intérieurs caractéristiques de l'art classique visibles au niveau du rez-de-chaussée (pièces en enfilades) et de la grande cage d'escalier centrale. Le hall d’entrée Dans ce vaste hall, on peut admirer un magnifique escalier en granit, à volée droite. On remarque la simplicité dans la réalisation, témoin d'une époque où après les fastes de la royauté, on aspirait à un art plus dépouillé, presque austère. 5 Le salon vert Cette pièce aux volumes généreux est joliment ornementée de tapisseries d'Aubusson et de mobilier d'époque. On remarque dans ce salon les grandes baies plein cintre, caractéristiques du style directoire : au XVIIIème siècle, chacun recherchait le bien-être et le confort et ces hautes fenêtres permettaient de faire entrer soleil et chaleur dans ces grandes demeures. Le couloir de l’appartement Par l'escalier à volée droite, on accède aux appartements du premier étage. Le plan italien en enfilade a été délaissé au XVIIIème siècle, pour revenir au plan français où toutes les pièces, indépendantes, sont desservies par des couloirs et dégagements. Pour le couloir de l'appartement du premier étage, on a retrouvé et remis en valeur le style "paquebot" très prisé dans les années 1950, où de grands travaux de confort avaient été entrepris. Cet aménagement, alliant modernité et respect de l'esprit des architectes de l'époque, conserve et fait ressortir le couloir qui dessert les pièces. 6 La Préfecture Bâtiment André Vy - Rue de l’ancienne Mairie Un des plus beaux hôtels particuliers de la ville de Guéret "Il y a, dans la rue de la Mairie, une des plus belles maisons de Guéret, un véritable hôtel par ses proportions et sa sobre élégance. C'est celle qu'on a longtemps appelée La maison Fayolle. Elle est nettement datée du XVIIIème siècle par sa décoration intérieure et surtout par son escalier à large cage analogue à ceux de la maison du Clos (actuel musée)" Extrait de " les rues et places de Guéret " - Louis Lacrocq. Propriété de la riche famille Couturier de Fournoue, la demeure passa à André Leyraud, député et maire de Guéret, puis à son gendre Edmond Fayolle, également maire et sénateur. Au début du siècle le département acquit cette demeure et y installa dans les années 1920 les bureaux du service vicinal et des services agricoles. De 1959 à octobre 1993, ce bâtiment abrita les archives départementales et l'État en devint propriétaire en 1994. Le programme d'aménagement l’a porté sur 700 m², soit la réalisation de 15 bureaux, une salle de réunion, salle André VY, un atelier et une reprographie. Les bureaux de la Direction des ressources et des moyens s'y sont installés, ainsi que ceux de la Délégation régionale à la formation du Limousin, de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre et du Délégué du Médiateur de la République. Tous ces locaux sont accessibles aux handicapés. 7 Le hall De proportion XVIIIème, le hall est relié aux bureaux du premier étage par une large volée d'escaliers. Au premier palier, face à la porte d'entrée, un personnage dessiné par Watteau (1684-1721) accueille visiteurs et usagers. Pour reproduire l'œuvre du peintre - l'acteur Poisson -sanguine sur un croquis dessiné à la pointe, le choix a porté sur une peinture à l'huile, couleur terre de sienne, qui se rapproche le plus de la teinte sanguine. La reproduction de Watteau et le traitement contemporain des bureaux conjuguent deux époques, l'histoire de l'hôtel et l'aujourd'hui avec ses technologies et ses modes. L’espace intérieur Les parois de verre qui cloisonnent les nouveaux espaces laissent voir toute l'amplitude des lieux d'origine. Les matériaux bois, aluminium, verre et les plafonds courbes tendus d'un mur à l'autre en soulignent l'identité nouvelle. La cour extérieure 8 Les Préfets de la Creuse depuis le 15 Ventose, an VIII (6 mars 1800) 1800 : MUSSET 1856 : DE MATHAREL 1893 : DE JOLY 1961 : LANGLADE 1802 : LA SALCETTE 1859 : SALLES 1895 : LIEGEY 1963 : ERIGNAC 1807 : MAURICE 1860 : DE LA ROUSSELIERE 1896 : GREGOIRE 1967 : COLLOT 1810 : BARON DU MARTROY 1865 : THARREAU 1898 : ALAPETITE 1969 : CHARTRON 1814 : DE SAINT-GENIÈS 1868 : DE JESSAINT 1898 : MONTEIL 1973 : MARTINET 1814 : DE FRONMENTAL 1869 : LE PEINTRE 1900 : D’AURIAC 1974 : LACOLLEY 1815 : BARON CAMUS 1869 : CONRAD 1902 : PETIT-DOSSARIS 1977 : DURANTOU MARTROY 1815 : CHAILLOU 1870 : MARTIN-NADAUD 1909 : TRUC 1980 : PIGOULLIE 1815 : DE WATERS 1870 : FILLIOUX 1913 : RISCHMANN 1982 : DUCRET 1823 : GARNIER 1870 : MARTIN-NADAUD 1919 : PIETRE 1985 : NORTH 1824 : BARON FINOT 1871 : HENDLE 1921 : LE BEAU 1987 : TRESSENS 1828 : DE FUSSY 1872 : AMIARD 1924 : L’HOMMEDE 1989 : FROUTE 1828 : DE ST LUC 1873 : FOURNIER-SARLOVEZE 1928 : BARRE 1992 : SCHMITT 1830 : DE FROTTE 1874 : SEBASTIANI 1934 : ADAM 1993 : GODFROID 1830 : DECHAMPS 1876 : LOROIS 1934 : MOYON 1996 : FERAL 1838 : MENARD 1877 : PORTEN 1935 : LUCAS 2000 : DELAGE 1839 : 1877 : DE LESTAUBIERE 1936 : SAUVAIRE 2003 : FILY 1842 : DELAMARRE 1878 : CAZELLES 1939 : HEUREUDE 2004 : CHERVET 1847 : PETIT DE LAFOSSE 1879 : LAURENS 1940 : CABOUAT 2006 : FEREY GUISARD 1880 : PERIGOIS 1941 : JACQUES-HENRI 2009 : FABRE LECLERC 1881 : JAVAL 1943 : VASSEROT 2010 : MOUTOUH BOISSIER 1883 : DUMONTEIL 1944 : SALEM 2011 : SERRA 1848 : SOHIER 1886 : MASTIER 1944 : CASTAING 2013 : MALLEMANCHE (Mme) 1849 : LEROY 1888 : LIEBERT 1949 : LAPEYRIE 2013 : CHOCQUET 1849 : DURAND ST AMAND 1888 : MONTEIL 1953 : ESCANDE 2015 : CHOPIN 1851 : LADREYT 1890 : PABOT-CHATELARD 1956 : MAC GRATH 1892 : DE MALHERBE 1958 : COIFFARD 1893 : NANO 1960 : LETHIAIS DU FLEURY 1853 : GIRARD DE LACHARRIERE DE VILLSAINSON 1856 : DE MARTEL DU PORZOU 9 LE RÔLE DU PRÉFET Institués par Napoléon en 1800, les préfets ont vu leur rôle profondément transformé par les lois de décentralisation de 1982. Dépositaire de l’autorité de l’État dans le département, Le préfet est garant de l’ordre public et de la sécurité Avec les forces de police et de gendarmerie il assure le maintien de l’ordre. Dans le domaine de la sécurité civile, il établit divers plans de protection des populations. Il est garant de la démocratie et il joue un rôle important pour garantir l’exercice des libertés (élections, déclarations d’associations, délivrance des cartes d’identité…) Il assure la protection de l’environnement et du patrimoine et contrôle l’installation des activités dangereuses ou polluantes. Il est garant de la santé publique et de la cohésion sociale Il réglemente les établissements hospitaliers, l’hygiène alimentaire dans les écoles, organise la permanence des soins assure la cohésion sociale et la promotion de l’égalité. Il joue un rôle d’incitation d’animation et de médiation Le préfet et les élus locaux Ils ont des rôles différents mais complémentaires. Le préfet vérifie que les lois sont bien appliquées par les collectivités locales (contrôle de légalité). Il travaille également avec le maire à la prévention de la délinquance. Les services du préfet : Ce sont la préfecture et la sous-préfecture ainsi que les deux nouvelles directions départementales interministérielles (Direction Départementale des Territoires et Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations). Les services régionaux sont représentés localement par des Unités Territoriales qui sont placés sous l'autorité fonctionnelle du préfet de département (travail et emploi, culture, environnement..). 1 Plaques commémoratives sur les bâtiments de la Préfecture Chacun des trois bâtiments composant la préfecture a été dédié à une des personnalités du corps préfectoral, appartenant à trois époques distinctes de la République. Bâtiment principal, aile Ouest : - Claude Erignac Bâtiment principal, aile Est : - Martin Nadaud Bâtiment situé rue de l’ancienne Mairie : - André VY Ces bâtiments offrent désormais un « visage » à leurs usagers et au personnel de la préfecture. Des plaques commémoratives ont été dévoilées, le 13 mai 2004, lors de l’inauguration, sur chacun de ces bâtiments. 1 Claude Erignac (1937 - 1998) Hommage de la nation Claude Erignac, dont le père René Erignac a été préfet de la Creuse de 1963 à 1967, est né le 15 décembre 1937 à Mende, en Lozère. Après des études au lycée Charlemagne à Paris, puis aux lycées de Verdun, Mâcon et Mostaganem (Algérie), il entre à l'université, à Paris, où il obtient une licence en droit public et intègre l'Institut d'études politiques de Paris. Dès le 5 juin 1962, Claude Erignac est inscrit sur la liste d'aptitude aux fonctions de chef de cabinet de préfet. Après avoir servi sous les drapeaux en 1963 et 1964, il est nommé chef de cabinet du Préfet de l'Yonne, auprès de Michel Ellia puis de Laurent Chazal. En 1966, il est chargé de mission au cabinet du secrétaire d'Etat aux affaires étrangères chargé de la coopération, Jean Charbonnel. Au début de l'année 1967, il est chef de cabinet du préfet du Jura, Georges Mac Grath, pendant trois mois, avant de rejoindre pour deux ans le ministère des transports comme chef de cabinet de Jean Chamant ; il y est nommé sous-préfet. De juin 1969 à janvier 1971, Claude Erignac devient le chef de cabinet d'Henri Rey, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des départements et territoires d'outre-mer. Riche de cette expérience, il part pour Fort-de-France 1 le 13 janvier 1971, en qualité de secrétaire général de la Martinique. Le 6 juin 1973, il est nommé directeur de cabinet d'Olivier Stirn, secrétaire d'État auprès du ministre chargé des relations avec le parlement et porte-parole du gouvernement. Administrateur civil de première classe, il rejoint la NouvelleCalédonie le 31 juillet 1974, comme secrétaire général. Le retour en métropole s'effectue en août 1978, où il s'installe pour trois ans comme sous-préfet hors classe à la sous-préfecture d'Avesnes, dans le Nord. En août 1981, il gagne pour une durée similaire la souspréfecture de Roanne dans la Loire. Il profite de ce dernier poste pour animer l'association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l'intérieur et de la décentralisation, dont il est vice-président Nommé préfet en octobre 1984, il est, à Auch, commissaire de la République du département du Gers. Il y reste jusqu'en avril 1986, date à laquelle il est directeur des Affaires politiques, administratives et financières de l'outre-mer, au ministère des départements et territoires d'outre-mer. En mai 1988, il devient le directeur de cabinet de Jacques Pelletier, ministre de la coopération et du développement. En octobre 1989, il est nommé à Nancy, préfet de Meurtheet-Moselle et en juin 1993 à Versailles, préfet des Yvelines. 1 Juriste avisé, gestionnaire rigoureux, homme de dialogue et de négociation, Claude Erignac est choisi en janvier 1996 pour assumer la fonction difficile de préfet de la région Corse, préfet du département de la Corse-du-Sud. Malgré l'ampleur de la tâche, ce grand serviteur de l'Etat tient le cap pendant plus de deux ans, jusqu'à ce vendredi 6 février 1998 à 21h15, où il tombe sous des balles criminelles. 1 Martin Nadaud ( 1815 - 1898) Républicain inflexible "Etre utile au peuple, chercher à élever son esprit, son cœur et sa conscience, le pousser vers les lectures sérieuses afin de lui apprendre à connaître ses droits et les moyens de les faire valoir, tel a été mon but". (Préface de Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon) Maçon Creusois émigré à Paris, Martin Nadaud né à Soubrebost (1815-1898) s'éleva jusqu'au rang de préfet de la Creuse (1870 à 1871) et de député de Bourganeuf (1876 à 1889). Républicain inflexible, à la fibre sociale, patriote ardent, il a défendu toute sa vie une certaine idée de la citoyenneté. De 1831 à 1834, il participe au soulèvement populaire contre Louis Philippe. Il adhère ensuite à la Société des Droits de l'Homme et en 1840, il anime la première grève des ouvriers du bâtiment parisien. Martin Nadaud a le goût du savoir. Il dévore les écrits des chefs de file républicains et socialistes avec lesquels il se lie. Complexé au milieu de ces intellectuels, il se met à fréquenter avec assiduité les écoles mutuelles du soir. De 1838 à 1848, dans son garni, il enseignera à son tour la lecture et l'arithmétique à des ouvriers creusois après sa longue journée de travail, "tout en donnant à mes élèves les premières notions d'une instruction élémentaire, je leur apprenais à aimer la République et à se représenter cette forme de gouvernement comme seule capable d'élever graduellement le peuple au niveau des autres classes de la société tant au point de vue moral 1 qu'au point de vue des droits politiques et sociaux". En février 1848, il prend part aux manifestations des Tuileries et de l'Hôtel de Ville en faveur de la République. Bien connu des maçons creusois grâce à toutes ces années de vie de chantier, de militantisme et de bénévolat éducatif, Nadaud va naître à la notoriété. En mai 1849 il siège à l'Assemblée législative sur les bancs de l'extrême gauche. Il intervient sur toutes les questions de législation du travail et d'urbanisme. Le 7 mai 1850, il a cette formule passée à la postérité "à Paris, lorsque le bâtiment va, tout va".Lors du coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, Martin Nadaud est arrêté et expulsé. Il ne se réinstalle en France qu'après la déclaration de guerre à la Prusse, en juillet 1870. Le 4 septembre, jour de la proclamation de la République, il se précipite place Beauvau auprès de Gambetta, qu'il avait rencontré incidemment au printemps et immédiatement estimé. Le ministre de l'Intérieur et de la Guerre tend à Nadaud sa nomination de préfet de la Creuse. Gambetta voulait à la tête des départements des hommes énergiques et patriotes. 1 Le 7 septembre 1870, Nadaud est à Guéret. Pour lui, la guerre oppose, comme en 1792, la France républicaine aux despotes étrangers. Il exhorte donc les Creusois à la résistance. Il fait la tournée des communes. Il appelle ses administrés à souscrire à l'emprunt de défense. Il convainc les femmes de confectionner des vêtements militaires. Il organise, à la préfecture même, un grand atelier de couture. Il fait fondre des canons et fabriquer des fusils . En cinq mois, il aura levé et équipé six mille soldats, un effort de guerre exemplaire. Quand, le 6 février 1871, Gambetta démissionne du gouvernement, Martin Nadaud résilie aussitôt ses fonctions. Il échoue aux législatives du 8 février. Pendant la Commune (de mars à mai 1871), il se tient sur la réserve. En novembre 1871, il est porté au conseil municipal de Paris. En 1876, Martin Nadaud est élu député de Bourganeuf, en Creuse. Il sera reconduit en 1877, 1881 et 1885. Il appartient aux républicains de Gambetta, partisans de réformes au cas par cas et en temps opportun. Il impulsera de notables avancées sociales, en matière de régime des prisons (1876), d'enseignement professionnel (1878), de retraite des vieux travailleurs(1879), d'accidents du travail (1883), d'assistance publique (1886), de temps de travail pour les femmes et les enfants (1888), etc. Il a activement participé à l'achèvement du boulevard SaintGermain et de l'avenue de l'Opéra (1876), à la démolition du mur d'enceinte de Paris et des logements insalubres environnants (1882) et à la construction du métro parisien (1887). Battu aux élections de 1889, il se retire à Soubrebost. Il y rédige son autobiographie, "mémoires de Léonard, ancien garçon maçon". 1 André Vy (1914 - 1945) Le courage et l’honneur Combattant valeureux en 1940, André Vy se présenta après sa démobilisation au concours de chef de cabinet de préfet en février 1942. Il fut affecté quelques mois plus tard à Lille. Très vite, il y organisa clandestinement un groupement paramilitaire et un réseau très actif de renseignements. Nommé, en octobre 1943, secrétaire général de la préfecture de la Creuse, il prit contact avec le réseau Ajax dont le futur préfet du département - Henri Castaing 1944 - était le chef régional. En fournissant de faux papiers, il sauvera de nombreux résistants de la déportation et évitera à beaucoup de Creusois le travail obligatoire en Allemagne. Désigné en mars 1944 pour présider une commission du Service du Travail Obligatoire (STO), il s'en retira dès son ouverture en appelant ses collègues à lever la séance, il déclarait la tâche assignée "incompatible avec son honneur de Français et sa dignité de fonctionnaire de l'administration préfectorale." Dénoncé aux autorités de Vichy, il fut révoqué et interné au camp d'Evaux. Délivré le 7 juin suivant par les FFI (Forces Française de l’Intérieur), il rejoignait aussitôt le maquis de la Creuse. Le 17 juillet, au cours de l'attaque déclenchée par la Wehrmacht, il tenta de reprendre des documents et du matériel abandonnés dans un poste de commandement évacué. 1 Fait prisonnier, traîné de prison en prison, torturé, il fut déporté, le 3 août, en Allemagne. Considéré comme dangereux, la Gestapo l'envoya d'abord à Buchenwald, ensuite à Schwincherg-Langenstein. Là, les détenus étaient employés à creuser une montagne sous laquelle devait être installée une usine. Epuisé par les coups, la faim et le manque de sommeil, atteint de cécité, André Vy s'éteignit le 11 avril 1945, l'avantveille de la libération du camp par les Américains. Il avait trente et un ans. 1 Façade arrière de l’Hôtel PREFECTURE DE LA CREUSE Place Louis Lacrocq - 23000 GUERET Tél : 05.55.51.58.00 Fax : 05.55.52.48.61. www.creuse.gouv.fr 2