Maryse BRESSON
SOCIOLOGIE
DE LA PRÉCARITÉ
Sous la direction de
François de Singly
Maryse Bresson, professeure de sociologie à lUniversité de Versailles Saint-
Quentin-en-Yvelines, est l’auteure de : Les SDF et le nouveau contrat social,
Paris, LHarmattan, 1997 ; Les Centres sociaux, entre expertise et militantisme,
Paris, LHarmattan, 2002 ; La psychologisation de l’intervention sociale :
mythes et réalités, Paris, L’Harmattan, 2006.
© Armand Colin, 2015, pour la présente présentation.
© Armand Colin, 2010 pour la 2e édition.
ISBN : 978-2-200-60184-3
http://www.armand-colin.com
Armand Colin est une marque de
Dunod Éditeur, 5 rue Laromiguière, 75005 Paris
Sommaire
Introduction ................................................................................... 5
1. Les précaires : qui sont-ils ? ..................................................... 9
1. Questions de définitions ................................................. 9
1.1. La critique des catégories sociales ............................... 9
1.2. La pluralité des concepts sociologiques ...................... 13
1.3. Le découpage de populations particulières ................. 16
1.4. Les enjeux de la catégorisation .................................... 18
2. Questions de méthodes ................................................... 21
2.1. Comment compter les populations ............................. 22
2.2. Comment les observer, les faire parler ........................ 24
2.3. Méthodes quantitatives et qualitatives :
complémentarité et/ou oppositions ............................ 27
3. Des paradigmes sociologiques ........................................ 28
3.1. Le paradigme de la pauvreté ....................................... 29
3.2. Le paradigme du sous-développement ....................... 31
3.3. Le paradigme de la marginalité et de la déviance ....... 33
3.4. Le paradigme de l’assistance ....................................... 36
3.5. Le paradigme de la précarité ....................................... 39
2. Vie quotidienne, trajectoires, liens sociaux ............................. 42
1. La précarité au quotidien ................................................ 42
1.1. Des conditions d’emploi et de travail « moins favorables » 43
1.2. Des conditions de vie plus difficiles ........................... 45
Un niveau de vie instable ................................................ 45
Des privations ou des difficultés d’accès à la consommation 48
1.3. Dimension territoriale ................................................ 50
2. Trajectoires ........................................................................ 52
2.1. Facteurs de risques et parcours précaires ................... 53
2.2. Expériences identitaires ............................................. 56
3. Liens sociaux .................................................................... 60
3.1. Des liens sociaux faibles ? ........................................... 60
3.2. Évitement général et face-à-face privilégié avec certains
acteurs sociaux ........................................................... 64
La police dans les banlieues ............................................ 65
Les intervenants sociaux ................................................ 66
3.3. Comparaisons internationales .................................... 68
Les États-Unis ............................................................... 68
L’Europe ........................................................................ 70
3. Causes de la précarité et processus de précarisation ............ 73
1. Causes sociétales et facteurs individuels ....................... 74
1.1. Question sociale, facteurs individuels et inégalités
de classe ..................................................................... 74
1.2. Nouvel esprit du capitalisme, nouvelle question sociale
et nouvelle question urbaine ....................................... 78
2. Les processus de précarisation ....................................... 82
2.1. Crise du lien social, triomphe de lindividu
et processus de précarisation ...................................... 83
2.2. Le délitement des cadres intégrateurs ......................... 86
2.3. Les processus de précarisation du lien politique ........ 91
2.4. Les processus d’urbanisation et le problème du logement 95
3. Quatre débats dactualité en sociologie sur le thème
de la précarité en 2010..................................................... 98
3.1. Souffrance, santé mentale et précarité ........................ 98
Souffrance sociale et psychique ........................................ 99
Le lien précarité-santé mentale ....................................... 102
3.2. Du ghetto au retour de la race comme catégorie « non
taboue » ...................................................................... 107
Violences, ghetto et « race » ............................................. 107
Le débat sur les statistiques ethniques .............................. 109
3.3. Déclassement ou peur du déclassement ? ................... 109
3.4. Linstallation du précariat ? ......................................... 111
Conclusion ...................................................................................... 115
Bibliographie .................................................................................. 119
Liste des sigles .............................................................................. 123
Remerciements ............................................................................... 124
Index .............................................................................................. 125
5
Introduction
Si la diffusion du terme précarité est récente1, les questions qu’il
recouvre, par leurs liens avec la pauvreté et plus généralement les pro-
blèmes sociaux, font partie intégrante de la genèse de la sociologie.
Au xixe siècle, cette discipline naît pour étudier les transformations
économiques et sociales qui accompagnent la révolution industrielle,
le changement social : elle se trouve alors face à la « question sociale »,
qui prend la forme du paupérisme des ouvriers et alimente la crainte
d’une révolution (anarchiste ou marxiste). La pauvreté est à cette
époque, une évidence. Les ouvriers ont de mauvaises conditions de
travail et de vie. Ils habitent souvent dans des taudis insalubres, ont
à peine de quoi manger et faire vivre leur famille. Ils ont un travail,
pénible et dangereux, mais leur salaire n’est pas suffisant.
Si la pauvreté ouvrre est une réalité sociale incontournable de la
société industrielle à la fin du xixe siècle, elle ne s’impose pourtant
pas d’emblée comme une question centrale de la sociologie. Dans lap-
proche durkheimienne de la solidarité sociale, la division du travail
intègre les ouvriers à la solidarité organique. Dans le schéma marxiste
d’une société de classes, le sous-prolétariat est à part, et les ouvriers
sont une classe laborieuse, populaire, dont on discutera bientôt las-
similation (ou non) dans une vaste classe moyenne. Aux États-Unis, à
partir des anes 1910-1920, lécole de Chicago analyse la désorgani-
sation sociale en milieu urbain. Aussi, dans la division du travail qui
s’instaure à lintérieur de la sociologie dans le courant du xxe siècle, la
question de la pauvreté n’est pas un champ, mais plutôt un des objets
auquel peuvent se trouver confrontés les sociologues et ethnologues
spécialistes de l’urbain, de la famille, du travail… Un objet qui de sur-
croît, semble perdre de lintérêt, au fur et à mesure que la société s’en-
1. Patrick Cingolani rappelle que jusqu’à la fin des anes 1970, les expressions
« précaire » et « précarité de lemploi » ne sont que très rarement utilies. Le
passage de l’adjectif au substantif « le précaire » est encore plus tardif (courant
des années 1980). Patrick Cingolani, La Précari, Paris, PUF, 2005, 7-17.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !