UQAM, PHI 4256-40, Philosophie du XVIIe siècle
Responsable : Alexandra TORERO-IBAD
conception du monde héritée de l’aristotélisme (par exemple, chez Spinoza, par la
systématisation de l’idée de loi de la nature). En outre, plusieurs philosophes font de la
mathématisation de la science un modèle pour l’ensemble de la connaissance (comme Descartes,
Hobbes et Spinoza, chacun à leur manière), alors que d’autres (comme Gassendi) adhèrent au
mécanisme sans accorder une telle place aux mathématiques.
Au cœur des interrogations se trouve alors la question du sujet de la science. Pour
déterminer les critères du vrai, il faut passer par une théorie la certitude,1 qui en détermine les
critères, les moyens et l’étendue. Même le traitement des objets traditionnels de la métaphysique
que sont l’âme et Dieu, est rattaché à une interrogation épistémologique sur les fondements de
notre connaissance. Au sein d’une telle interrogation, la question de la nature et de l’origine des
idées prend une importance remarquable, et oppose les philosophes. Les rapports entre les idées,
les mots et les choses sont interrogés, à travers une nouvelle place faite au langage
(particulièrement chez Hobbes, Locke et Leibniz).
Les enjeux éthiques et politiques ne sont pas pour autant mis de côté. Tout d’abord, la
notion de passion prend une place centrale (notamment chez Descartes, Hobbes et Spinoza). À
travers la notion de passion se met en place une sorte de physique de l’homme. A partir d’elle,
deux types d’interrogation sont conduits. D’un point de vue épistémologique, il s’agit de montrer
comment, sur le terrain des passions, peut se situer la connaissance rationnelle. D’un point de vue
de philosophie politique, l’enjeu est de comprendre comment peuvent s’articuler intérêts
individuels et intérêt commun, comment peuvent se constituer une association, et se former des
lois qui défendent quelque chose de général. Il s’agit alors d’interroger la façon dont on peut
passer des passions à une organisation rationnelle (Descartes faisant exception, en ne proposant
pas d’usage politique de la doctrine des passions). La rénovation de la philosophie politique, et en
particulier le développement de philosophies du pacte social, s’articule ainsi à une théorie des
passions. En outre, dans la mesure où, d’un côté, les philosophes tentent de tracer des lignes de
démarcation entre philosophie et théologie, et où, de l’autre, la morale comme la politique font
pleinement partie du champ théorique comme pratique du religieux, les interrogations éthiques et
politiques doivent être appréhendées dans le rapport qu’elles instituent avec une perspective
théologique.
Pour rendre compte de ces différents enjeux, il est nécessaire de dégager des matrices
théoriques communes, tout en mettant l’accent sur les débats auxquels donnent lieux les
problèmes qui sont envisagés, à travers l’examen et la confrontation des différentes solutions
données aux mêmes questions. Il faut ainsi mettre en œuvre une périodisation qui permette de
rendre compte des filiations et des oppositions. La philosophie de Descartes occupe à ce titre une
place centrale, tant par la rupture qu’elle introduit, que par la pluralité des héritages qu’elle
produit et les débats qu’elle suscite.
I.3. Contenu du cours
Après une introduction générale, destinée à présenter la problématique d’ensemble, les
questions majeures et les auteurs, le cours adopte une perspective chronologique, et distingue
première et seconde moitié du XVIIe siècle.
Pour la première moitié du XVIIe siècle, c’est d’abord [première partie] la constitution du
mécanisme qui est mise en lumière. C’est à travers ce caractère que sont appréhendées les
1 Cf. Pierre-François MOREAU, Hobbes. Philosophie, science, religion, PUF, Paris, 1989, pp. 50-51.