4 RIA. Volume - – no-/2016
d’un spécialiste. De ce fait, il ne peut être sollicité de façon importante et systéma-
tique sur des questions qui requièrent de l’expertise. Au contraire, les méthodes multi-
critères reposent sur l’idée d’utiliser les préférences du décideur pour différencier les
solutions et l’aider dans le processus de décision. Dans notre approche, le décideur
n’est sollicité que pour fournir des informations sur les éléments concernant son cas
de décision et qui peuvent entrer en jeu dans la décision : ses caractéristiques, ses
contraintes, ses besoins, le contexte, etc.; en revanche il n’a pas à donner ses préfé-
rences en termes de comparaison d’alternatives relativement à des critères, ce qui peut
demander une certaine expertise. Dans notre exemple très simplifié sur le choix d’une
voiture, tous les acheteurs ne sont pas capables de classer deux voitures données en
termes de satisfaction relativement à l’accélération, ou sur d’autres critères comme par
exemple ceux qui impactent sur le type de carburant.
Deuxièmement, la plupart des méthodes d’ADMC supposent que l’on dispose a
priori d’une liste de solutions potentielles de taille "raisonnable". Notre proposition se
situe plus en amont dans le processus de choix et ne nécessite pas que le décideur ait
dès le départ une liste d’alternatives. Au contraire, les recommandations sur les carac-
téristiques des alternatives fournies par notre approche peuvent constituer un point de
départ pour établir une telle liste d’alternatives. Concrètement dans notre exemple, une
personne désireuse de choisir une voiture pourrait dans un premier temps obtenir des
recommandations sur les caractéristiques d’un véhicule adapté à ses besoins grâce à
notre proposition; puis tirer parti de ces recommandations pour établir une liste de vé-
hicules pertinents pour son cas; et enfin, exploiter une méthode d’ADMC pour classer
ces véhicules, ou sélectionner le ou les meilleurs.
D’autres modèles graphiques probabilistes, dont les diagrammes d’influence sont
dédiés à l’aide à la décision. Ces modèles permettent de traiter des problèmes de dé-
cision séquentiels, dans lesquels chaque décision comporte un nombre limité d’al-
ternatives. Dans les problèmes de décision récurrents que nous traitons, la liste des
alternatives n’est pas connue a priori. Dans notre exemple sur le problème récurrent
de l’aide au choix d’une voiture, un noeud de décision d’un diagramme d’influence
pourrait comporter une liste de voitures réelles, dont toutes les caractéristiques seraient
connues (options, etc). S’il s’agit d’une liste commune à tous les cas de décision, sa
taille est immense; et si elle est spécifique à chaque cas de décision, c’est un travail
préalable qui est demandé au décideur, or notre proposition vise au contraire à aider à
obtenir une telle liste restreinte et spécifique.
Une autre approche pourrait considérer le choix des valeurs des caractéristiques
des alternatives comme autant d’étapes dans la décision. Cependant, les diagrammes
d’influence imposent de déterminer un ordre fixe sur les décisions, ce qui n’est pas per-
tinent pour le choix des caractéristiques des alternatives (par exemple le type de voi-
ture, puis la marque, etc.). La comparaison des réseaux bayésiens et des diagrammes
d’influence pour les problèmes récurrents d’ADMC a été discutée dans (Sedki, Del-
croix, 2012).
En résumé, notre approche se situe à une phase très amont du processus de décision
pour des problèmes d’ADMC récurrents, en vue de fournir des recommandations sur