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Résumé
Dans cette thèse, je propose une lecture renouvelée de l’itinéraire
philosophique d’Hilary Putnam concernant la problématique du réalisme. Mon
propos consiste essentiellement à défendre l’idée selon laquelle il y aurait
beaucoup plus de continuité, voir une certaine permanence, dans la manière dont
Putnam a envisagé la question du réalisme tout au long de sa carrière.
Pour arriver à une telle interprétation de son oeuvre, j’ai essentiellement
suivi deux filons. D’abord, dans un ouvrage du début des années 2000, Ethics
without Ontology (2004), Putnam établit un parallèle entre sa conception de
l’objectivité en philosophie des mathématiques et en éthique. Le deuxième filon
vient d’une remarque qu’il fait, dans l’introduction du premier volume de ses
Philosophical Papers (1975), affirmant que la forme de réalisme qu’il
présupposait dans ses travaux des années 1960-1970 était la même que celle qu’il
défendait en philosophie des mathématiques et qu’il souhaitait défendre
ultérieurement en éthique.
En suivant le premier filon, il est possible de mieux cerner la conception
générale que se fait Putnam de l’objectivité, mais pour comprendre en quel sens
une telle conception de l’objectivité n’est pas propre aux mathématiques, mais
constitue en réalité une conception générale de l’objectivité, il faut suivre le
second filon, selon lequel Putnam aurait endossé, durant les années 1960-1970,
le même type de réalisme en philosophie des sciences et en éthique qu’en
philosophie des mathématiques. Suivant cette voie, on se rend compte qu’il existe
une similarité structurelle très forte entre le premier réalisme de Putnam et son
réalisme interne.
Après avoir établi la parenté entre le premier et le second réalisme de
Putnam, je montre, en m’inspirant de commentaires du philosophe ainsi qu’en
comparant le discours du réalisme interne au discours de son réalisme actuel (le
réalisme naturel du commun des mortels), que, contrairement à l’interprétation
répandue, il existe une grande unité au sein de sa conception du réalisme depuis
les années 1960 à nos jours.
Je termine la thèse en montrant comment mon interprétation renouvelée
de l’itinéraire philosophique de Putnam permet de jeter un certain éclairage sur
la forme de réalisme que Putnam souhaite défendre en éthique.
Mots-clés : Hilary Putnam, réalisme, réalisme interne, réalisme métaphysique,
réalisme naturel du commun des mortels, philosophie des mathématiques,
éthique, métaéthique, objectivité, objectivité sans objets