Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013
1515
Actualités sur le cancer du rein
(Surveillance and Epidemiology and End Results) et de la
base de données des patients atteints d’un cancer du
rein héréditaire a été présentée par l’équipe du National
Cancer Institute de Bethesda (2). L’âge a été comparé
au sexe, à la race, à l’histologie et à la présence d’un
syndrome héréditaire. L’âge médian au moment du
diagnostic de cancer du rein est de 64 ans. Le dixième
percentile de la population générale est de 46 ans.
L’âge médian des 608 patients ayant un cancer du rein
héréditaire est de 37 ans. En l’absence de symptômes
dans les familles à risque, l’âge de la détection et de
la consultation d’oncogénétique devrait être inférieur
à 46 ans.
Surveillance des petites masses rénales
La chirurgie est le traitement habituel des petites
masses rénales. Cependant, la découverte des masses
de façon inopinée, sans symptôme, ne doit pas systé-
matiquement faire envisager une chirurgie. À partir de
la base de données de la SEER, une étude rétrospective
a été réalisée sur des patients âgés de 66 ans ou plus
répartis entre traitement chirurgical et surveillance
pour une masse rénale de moins de 4 cm diagnosti-
quée entre 2000 et 2007 (3). Parmi 8 317 patients, 7 148
avaient une preuve histologique de tumeur rénale ;
5 564 d’entre eux (78 %) ont eu une chirurgie (néphrec-
tomie élargie [65 %] versus néphrectomie partielle
[35 %]), et 22 % n’ont bénéfi cié que d’une surveillance.
Seuls 6 % des sujets (n = 100) du groupe surveillance
ont ensuite bénéfi cié d’une chirurgie. Le suivi médian
de cette étude est de seulement 5 ans environ. Au cours
du temps, 1 536 patients sont décédés, 24 % dans le
bras chirurgie et 13 % dans le bras surveillance. Dans
ce même bras, une diminution du risque de décès
était notée, toutes causes confondues. Les complica-
tions cardiaques ont été plus nombreuses dans le bras
chirurgie que dans le bras surveillance (27 % versus
13 %). On observe une réduction du risque de com-
plications cardiaques de 49 % (HR = 0,51 ; IC
95
: 0,44-
0,60) dans le bras surveillance. Cette étude conclut
à une majoration du risque cardiovasculaire dans le
bras chirurgie. Elle comporte néanmoins beaucoup
de biais, et aucune donnée n’est apportée quant aux
caractéristiques initiales des patients, en particulier en
termes de comorbidités. Par ailleurs, cette étude ne
s’adressait qu’aux sujets de plus de 65 ans et ne doit
pas être généralisée. Le risque est de laisser en place
une tumeur potentiellement létale, et il n’existe pas,
aujourd’hui, de données permettant de caractériser
une tumeur “indolente”.
Prise en charge des lésions
classées Bosniak IIF, III et IV
Une étude rétrospective portant sur une population de
patients ayant des lésions classées Bosniak IIF (n = 143),
III (n = 114) et IV (n = 29) a été réalisée (4). Les patients
ont été soit traités par chirurgie, soit traités par radio-
fréquence, soit mis sous surveillance. Les complica-
tions ont été enregistrées en utilisant la classifi cation
de Clavien. Très peu de patients ont présenté une pro-
gression métastatique. Des complications modérées
à sévères ont été enregistrées avec la chirurgie (19 %
[16/86]) et avec les traitements thermoablatifs (5 %
[1/19]) ; aucune complication n’a été observée avec
la surveillance par imagerie simple (n = 181). Le coût
est 2 fois plus important pour la chirurgie que pour
la thermoablation (p = 0,001). Aucun décès n’a été à
déplorer avec aucune des stratégies proposées.
Essais randomisés dans le cancer
du rein métastatique en première ligne
Étude de phase III : axitinib versus sorafénib
Dans l’étude AXIS, l’axitinib avait été comparé au sora-
fénib et avait démontré un avantage en survie sans
progression (SSP). Une étude de phase III a été conduite
en première ligne de façon à comparer ces 2 molécules,
avec comme objectif une augmentation de la SSP de
78 % avec une puissance de 90 % (passage d’une SSP de
5,5 mois à 9,8 mois, correspondant à un HR de 0,56) [5].
Les patients souff rant d’un cancer du rein métastatique
à cellules claires (n = 288) et ayant un performance status
(PS) de 0 ou 1 ont été randomisés (2:1) entre axitinib
(5 mg × 2/j) et sorafénib (400 mg × 2/j per os). Les
sujets étaient stratifi és en fonction du PS. La médiane
de la SSP est de 10,1 mois pour l’axitinib et de 6,5 mois
pour le sorafénib (HR = 0,77 ; IC95 : 0,56-1,05 [p = 0,038]).
Pour les patients avec un PS à 0, la SSP est de 13,7 et de
6,6 mois, respectivement (p = 0,022) ; pour ceux avec un
PS à 1, la médiane de SSP est respectivement de 6,5 et
de 6,4 mois (p = 0,38). Le taux de réponse est de 32,3
versus 14,6 % en faveur de l’axitinib (p = 0,0006) ajusté
au PS (fi gure 1, p. 16). L’intensité relative de dose est
excellente pour les 2 bras, avec une possibilité d’esca-
lade de dose pour l’axitinib (125 % versus 98 % pour le
sorafénib). Les données de survie ne sont pas encore
matures. L’axitinib s’accompagne de plus de toxicités
(> 20 % tous grades) : diarrhées (50 % versus 40 %),
hypertension (49 % versus 29 %), perte de poids (37 %
versus 24 %), fatigue (33 % versus 26 %), anorexie (29 %
versus 19 %), dysphonie (23 % versus 10 %), asthénie