"psychanalyse", j'entends ici au sens où Freud l'entendait lui-même, les trois "piliers" de cette
discipline: " Conformément à sa définition la plus complète, la psychanalyse désigne trois éléments:
un procédé d'investigation de processus psychiques déterminés, les processus inconscients, une
méthode thérapeutique appliquée aux "névroses" et une série de conceptions psychologiques qui
peut avec le temps revendiquer la qualité de "science" (Freud dans Théorie de la Libido en 1923)
.
Pour ce qui est de "la série de conceptions qui peut avec le temps revendiquer la qualité de
science", on trouve aujourd'hui un corpus théorique qui s'est alourdi au fil du temps et qui peut
sembler très encombrant voire rébarbatif et peu contributif, lors des rencontres avec ces
patients aux marges sociales, économiques ou culturelles de nos mondes habituels.
Mais tout autre sera le "procédé d'investigation des processus psychiques". En effet, cette
pratique nous met en contact particulièrement intime avec le fonctionnement psychique de nos
patients, et nous enrichit d'une compréhension fine de leurs vécus et de l'interprétation
personnelle de leurs histoires dont ils font leur "réalité psychique". Derrière le divan, nous nous
trouvons au plus près de ce qu'il nous est possible d'entendre du fonctionnement de l'âme
humaine et de la pensée, tant de celle de nos patients que la nôtre.
Ceci explique cela: devant l'impact affectif de ce contact direct et intime, il est possible de
réaliser mieux le pourquoi de tant de théories complexes dont je parlais plus haut leur fonction,
pour l'analyste, est aussi "défensive" ce qu'on y entend peut paraître parfois si étrange, si
éloigné, si "différent", qu'il parait nécessaire de construire des explications qui, hélas, seront
toujours "simplistes" en regard de la complexité des choses.
Que faire donc de ces théories, et de ces références à une pratique clinique dont l'exercice est
long, cher et semble réservé à une élite capable d'y mettre les moyens et disposant d'une culture
et d'une capacité de verbalisation dont pourraient paraitre dépourvus au premier abord les
sujets des scènes dont Pascale Jamoulle
nous parle dans son article.
La référence à notre banale et commune humanité me parait insuffisante pour construire une
compréhension fine des processus intrapsychiques qui amènent une personne, précisément
celle-là, à ce moment-là de sa vie, à se trouver piégée dans un processus groupal d'exclusion. Il
me semble par trop facile de considérer qu'il faille renoncer aux théories du psychisme pour
entrer en contact avec des patients qui seraient trop marginaux, ou trop exclus. À mon sens,
nous ne ferions là qu'agir une seconde exclusion. Loin de moi l'idée d'affirmer que tout est déjà
joué précocement, et "écrit", bien entendu, mais proche, le projet de comprendre ce qui peut se
jouer pour une personne à un moment de sa vie qui la verra basculer ou pas, se relever, ou pas.
Sur quoi va-t-elle s'appuyer pour se relever? Et donc, quels dispositifs d'aide mettre en place?
D'abord exorciser quelques idées reçues concernant la psychanalyse qui courent au dedans
de nous, invisibles mais bien présentes, très prégnantes dans nos discours.….
Premières images de ces idées reçues: les classiques, sympathiques mais
simplistes/ironiques comme Les PSYS de Bédu et Cauvin, où les psys sont tout simplement aussi
fous qu'on peut l'imaginer, le plus souvent parfaitement inutiles, mais, et ce n'est pas anodin,
très très "humains"….
Encyclopédie de la philosophie universelle (PUF 1992)
Voir l’article de Pascale Jamoulle dans ces actes.