Geronto-psychiatrie Fossati, P.* *: Service de psychiatrie, CNRS UMR 7593; GH Pitié-Salpétrière PLAN 1. Dépression du sujet Agé 2. Tr bipolaires 3. Tr schizophréniques 4. Maladie d’Alzheimer 5. Confusion Mentale Dépression du sujet âgé Fossati, P.* *: Service de psychiatrie, CNRS UMR 7593; GH Pitié-Salpétrière Dépression du sujet âgé (1) 40 % des dépressions du sujet âgé ne sont pas diagnostiquées 10 % des sujets âgés avec un diagnostic de dépression reçoivent un traitement antidépresseur Dépression du sujet âgé (2) Prévalence élevée 3 à 5 % après 65 ans 10 à 20 % en maison de retraite Dépression du sujet âgé (3) Deux situations cliniques différentes : Evolution d’un trouble de l’humeur de l’adulte jeune Dépression à début tardif chez un sujet sans antécédents Des stratégies thérapeutiques identiques Dépression du sujet âgé (4) Diagnostic difficile : Formes à expression somatique Formes avec un délire hypochondriaque ou persécutif Formes avec des troubles cognitifs Formes avec comorbidité somatique Critères de gravité des dépressions du sujet âgé Liés à la maladie Liés à la personne Liés à l’environnement Facteurs liés à la maladie Signes d’anxiété Éléments délirants et troubles cognitifs Importance du ralentissement et de la réduction de la mobilité Amaigrissement et signes digestifs Idées suicidaires Facteurs liés à la personne Comorbidité somatique Comorbidité psychiatrique tr. anxieux, alcoolisme, tr. personnalité Facteurs liés à l’environnement Isolement social Environnement médical Pronostic 40 à 60 bien à un an ou rechutes répondant au traitement 20 % constamment malades 10 à 15 % de mortalité Dépression du sujet âgé Le médecin généraliste est souvent en première ligne dans l’établissement du diagnostic et du traitement Coordonnateur des approches chimiothérapiques, psychothérapiques et des interventions sociales Traiter ou ne pas traiter ? La première réaction – « C’est normal avec ce qui lui arrive » Au-delà de la première réaction, savoir évaluer : – – – – souffrance et dysfonctionnement du patient risque suicidaire observance des traitements médicaux pronostic des affections médicales associées Un problème à prendre en compte : traiter la dépression et une maladie organique Objectifs du traitement Induire une rémission symptomatique : traitement d’attaque Diminuer le risque de rechute : traitement de consolidation Prévenir les récidives : traitement de maintenance Le réflexe iatrogénie Polymédication Exemples : – – – – Antihypertenseurs centraux Corticoïdes Interféron Antimitotiques (vincristine, vinblastine, dacarbazine) Diminuer autant que possible les facteurs iatrogéniques Traitement d’attaque des EDM du sujet âgé Chimiothérapies antidépressives Psychothérapies Electroconvulsivothérapies Psychotropes et sujets âgés (2) Plus grande variabilité individuelle Respect des contre-indications Prescription codifiée : Monothérapie Ajustement progressif des doses Faciliter l’observance Conclusions La prise en charge vise : à réduire la morbidité et la mortalité du sujet à améliorer la qualité de vie des patients Troubles bipolaires du sujet agé Persistance des fluctuations thymiques Bipolarisation secondaire d’un trouble unipolaire (rechercher maladies organiques) Tr démentiels?? Schizophrénie du sujet agé Stabilisation de la maladie Problèmes médicaux (ex. cancer) Isolement social Tr démentiels? La maladie d’Alzheimer 1er cas • 1ère description par Aloïs ALZHEIMER le 4/11/1906 d’Auguste D. 51 ans : démence présénile suivie à l’asile de Francfort-sur-le Main depuis 1901; jalousie excessive puis déclin cognitif associant aphasie, troubles psychocomportementaux (hallucinations auditives, délire de préjudice et paranoïa), agraphie, troubles mnésiques et désorientation puis grabatisation, escarres, pneumopathie et DC (pesait 34 Kg)….. Autopsie: description des dégénérescences neuro-fibrillaires et des plaques séniles….. ….nouvelle maladie??? Épidémiologie • incidence (études longitudinales cf PAQUID depuis 1989): >100000 nouveaux cas/an en France • Prévalence (études transversales cf EURODEM et PAQUID): exponentielle avec le vieillissement 0,3% avant 70 ans / 3,2% de 70 à 79 ans 10,8% de 80 à 89 ans / 25 à 45% après 90 ans?? 800000 cas de démence en 2010 dont 500000 MA?? Facteurs de risque de MA 1 - Reconnus par la plupart des études • Sexe féminin En milliers de cas Age 65 70 75 80 85 90+ H 7,6 16,3 15,8 21 25,1 20,7 F 10,4 32,3 55,5 48,8 90,4 90,8 Nombre global de malades de 65 ans et plus : 434 700 cas dont 106 500 hommes et 328 200 femmes Estimation de la prévalence de la maladie d’Alzheimer en 1999 par sexe et par âge en France - Pr J-F Dartigues (Unité INSERM 330 - Forums Alzheimer Janvier 2001) Antécédents familiaux et facteurs génétiques • Cas familiaux :1000 cas estimés en France (environ 1% des cas) (risque x3 si parent du 1er degré atteint, x7 si 2 ou plus) Pathogénie Lésions cérébrales Avancée des lésions …. Critères diagnostiques Ce n'est qu'en 1984 qu'apparaissent les critères diagnostiques de maladie d'Alzheimer (NINCDS-ADRDA). Avec la révision du DSM III en 1987 apparaît le terme de démence dégénérative primaire de type Alzheimer en distinguant 2 formes préséniles (avant 65 ans) et séniles. Critères de démence selon le DSM IV (APA, 1994, 2000) A. développement d ’un déficit cognitif multiple comprenant : - un déficit mnésique - une (ou plus) des difficultés suivantes : A/ aphasie B/ apraxie C/ agnosie D/ perturbation dans le fonctionnement exécutif Critères de démence selon le DSM IV 5APA, 1994, 2000) B. retentissement sur le quotidien et déclin significatif par rapport au niveau de fonctionnement antérieur. C. les déficits cognitifs ne surviennent pas exclusivement lors d’un état confusionnel. D. les perturbations ne sont pas expliquées par un autre trouble comme un épisode dépressif majeur ... La plainte mnésique « Non, la perte de mémoire n’est pas inévitable avec l’âge ! » Clinique: troubles psycho-comportementaux + agitation, agressivité, hallucinations et délires troubles comportementaux moteurs aberrants mal ou sur-traités - Apathie dépression méconnus et sous-traités Traitement Pas de médicaments qui guérissent mais qui ralentissent l’évolution de la maladie (Inhibiteurs de l'acétylcholinestérase) Traitement non médicamenteux Traitements symptomatiques Confusion mentale Urgence médico-chirurgicale Diagnostic souvent facile Bilan étiologique important Confusion mentale Signes cardinaux Troubles de la conscience Troubles cognitifs: perception, attention, mémoire, orientation temporo-spatiale, onirisme Troubles du comportement Troubles associés et troubles somatiques: causes et conséquences Troubles de la conscience Obnubilation, stupeur Perplexité Troubles vigilance: coma Retentissement sur les fonctions cognitives: coordination des idées, compréhension, capacités de synthèse.. Troubles cognitifs Mémoire Amnésie antérograde et rétrograde Amnésie d’identité Fabulation (ex. Korsakoff) Épisode confus n’est pas encodé: lacunes mnésiques A distance: idées fixes postoniriques Troubles cognitifs Attention: difficultés d’attention, de concentration, distractibilité Perception Hallucinations (visuelles: zoopsies du DT); Illusions Orientation spatio-temporelle Perturbée Dans le passé pas le futur Troubles exécutifs Troubles cognitifs Onirisme Manifestation ‘positive’ hallucinations, illusions, interprétation Délire pauvre Thématiques: persécution (animaux, professionnel) Vécu affectif très important: angoisse, agitation, combat.. délire comme un rêve agi Troubles cognitifs Désorganisation de la pensée Discours décousu, incohérent Compréhension diminuée Fluctuation des troubles Aggravation vespérale et nocturne Périodes de lucidité et de perplexité anxieuse Troubles du comportement Fluctuants Périodes d’agitation, de déambulation Périodes de prostation, de stupeur Attention aux réactions aux hallucinations et à l’onirisme +++ Troubles associés anxiété, terreur, tristesse Plus rarement: euphorie, exaltation, irritabilité.. Troubles somatiques Tremblement, tachycardie, sueurs céphalées,légère hyperthermie, insomnie, hypersomnie diurne, inversion du cycle veille sommeil… Fonction de l’étiologie Mydriase: accident atropinique Déshydratation extra ou intra cellulaire Soif: Délirium Tremens +++ Bilan étiologique Systématique et ciblé en fonction du contexte clinique: Âge, pathologies connues (ex. cancer…), sevrage médicamenteux ou alcool.. Examen clinique approfondi Examens paracliniques Rechercher une cause apprécier le retentissement Bilan para-clinique NFS, CRP, plaquettes, Iono, urée, créatinine, bilan hépatique, glycémie ECG Scanner ou IRM cérébrale Ensuite en fonction des résultats EEG, Rx thorax, bilan infectieux… Quelques situations étiologiques Sujet jeune Hémorragie méningée: céphalée brutale Prise de toxiques (cannabis, lsd, alcool) Sujet âgé Infections (urinaires, pulmonaire etc… Iatrogénie: anticholinergiques, bzd, levodopa, cimétidine, diurétiques… Fécalome Autres Quelques situations étiologiques Sujet cancéreux Métastases cérébrales Hypercalcémie, hyponatrémie Contexte d’alcoolisation Intoxication aigüe Sevrage Délirium tremens: tremblements, soif ++, onirisme ++ Quelques situations étiologiques Autres Infections: typhoide, méningo-encéphalite (signes de localisation; ex. herpès) Métabolique (hyponatrémie, hypercalcémie..) Traumatique (embolie graisseuse, sevrage…, HSD..) Endocrinologique (hyperglycémie, insuffisance surrénalienne aigue) Vasculaire (AVC cérébrale antérieure…) Médicamenteuses Rares: porphyrie aigue intermittente Psychiatriques:mélancolie confuse, manie confuse… Diagnostic différentiel Troubles cognitifs isolés: syndrome de korsakoff Troubles chroniques Syndromes démentiels Attention un train peut en cacher un autre M. L, âgé de 72 ans est hospitalisé en psychiatrie via les urgences suite à une tentative de suicide par précipitation (aurait tenté de se précipiter de chez lui en montant sur des chaises au bord de sa fenêtre mais aurait été retenu par un coup de téléphone). A l’entretien, on apprend que le patient a fait un AVC il y a 1 an dans un contexte d’ACFA avec une hémiparésie droite. Il reçoit un traitement au long cours par Previscan et Plavix. Depuis son AVC, le patient a des crises de larmes assez fréquentes, s’intéresse moins à la lecture et à suivre ses émissions préférées à la télé, il dit ne plus ressentir du plaisir quand il est avec ses amis. Son appétit aurait diminué avec la perte de 6 kilos (il pesait 100 kg pour 1 m75 avant l’AVC), il a du mal à manger en l’absence d’incitation. Il se sent fatigué tout au long de la journée avec un manque de motivation pour se lever le matin et pour prendre sa douche. Il se sent une charge pour ses deux enfants et souhaite ne plus se réveiller le matin pour les soulager. Il regrette d’avoir rater son geste. Il pense que son avenir est bouché et que son état physique va certainement s’aggraver rapidement et qu’il deviendra grabataire d’ici peu de temps. On note des difficultés d’endormissement avec un sommeil haché et des réveils précoces. Son discours est monotone. Il met du temps pour répondre aux questions et parfois il a du mal à rassembler sa pensée. Il reste toute la journée dans sa chambre. Il demande sa sortie car il ne pourra pas régler les frais d’hospitalisation et dit avoir des dettes à régler auprès de ses enfants.