Dépressions et âges de la vie Discussion H. Cuche Clinique du Château de Garches, 11bis rue de la Porte Jaune, 92 Garches ASPECTS CLINIQUES ASPECTS THÉRAPEUTIQUES Au cours de l’exposé de A-S. Rigaud la dépression du sujet âgé a été abordée sur le plan clinique. Il est impor tant d’ajouter qu’en pratique on voit beaucoup de dépressions chez le sujet âgé qui s’accompagnent de plaintes algiques et d’autres qui sont induites par la douleur chronique. Cet aspect semble être sous estimé dans la prise en charge des patients souffrant de douleurs chroniques. Le signe principal de la dépression chez le sujet âgé est la rupture avec le fonctionnement antérieur qu’elle se fasse progressivement ou rapidement. Souvent, la dépression est paucisymptomatique et par conséquent ignorée parce que de diagnostic diff icile. Outre le ralentissement, on trouve souvent le retrait et l’anesthésie affective qui peuvent être attribués à tort à l’âge. En fin, en institution on constate une fréquence élevée des dépressions hostiles avec même une agressivité. La prise en charge thérapeutique reste difficile parce que peu codifiée. En fait une durée de traitement entre 6 et 12 mois semble être non applicable en pratique : les sujets âgés auront le plus souvent un traitement médical à vie, toute tentative de diminution ou d’arrêt s’accompagnent de signes de rechutes. Pour le choix des antidépresseurs, les tricycliques sont de maniement difficile, ils entraînent beaucoup de troubles cognitifs et des baisses de la tension artérielle avec des risques de chutes et par conséquent de traumatismes. Les ISRS (Inhibiteurs Spécifiques de la Recapture de la Sérotonine) sont des molécules de maniement facile chez le sujet âgé. Les ISRSNa ont le même avantage d’en faciliter le maniement en raison d’une bonne tolérance. Ils offrent en outre des potentialités thérapeutiques utiles chez l’âgé. L’aidant a une place primordiale dans la prise en charge des sujets âgés qui doit se faire à trois : médecin-patient-aidant. L’auteur n’a pas déclaré de conflits d’intérêt. © L’Encéphale, Paris, 2008. Tous droits réservés. Ceci favorise d’une part l’obser vance thérapeutique et d’autre part une sécurité supplémentaire pour le patient. Les électronarcoses (ECT) sont une indication de choix chez les sujets âgés. Ceci s’impose du fait du taux d’échec important des antidépresseurs, de la rapidité d’action, de l’efficacité suffisante et de la très bonne tolérance. ASPECTS ÉVOLUTIFS L’évolution de la dépression chez les sujets âgés est caractérisée par un taux élevé de symptômes résiduels après rémission. Cette fréquence est souvent due au choix thérapeutique : elle serait moins importante avec les ECT. Ces symptômes doivent être systématiquement recherchés car le sujet âgé y est plus tolérant que l’adulte et par conséquent s’en plaint moins spontanément. DÉPRESSION ET DÉMENCE Une relation existe entre dépression et démence. La dé- Dépressions et âges de la vie H. Cuche pression peut inaugurer la démence, il existe des formes de dépression pseudo-démentielles et la dépression peut émailler le cours de la démence. Devant le peu d’efficacité des anticholinestérasiques dans le traitement des démences, on est revenu sur S 16 L’Encéphale (2008) Hors-série 2, 15-16 une ancienne pratique qui recommande la prescription d’électronarcoses en cas de doute sur le diagnostic entre démence et dépression en privilégiant ainsi la piste de la dépression. De plus chez des sujets déments qui dépriment, notam- ment dans les démences à corps de Lewy où on peut revenir au moins momentanément à un fonctionnement satisfaisant, l’électronarcose reste une indication de choix : ce n’est pas parce qu’on est dément qu’on ne souffre pas.