Étude méthodique du bévacizumab en injection Aperçus technologiques de l’ACMTS, février 2013, 3(1)
intravitréenne dans le traitement de l’œdème
maculaire diabétique
Page | 16 © Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, 2013
de fréquence comparable dans les deux
groupes, y compris les effets indésirables graves
au terme d’une année : 28,3 % pour le
bévacizumab et 23,9 % pour le ranibizumab22;
rien n’est dit à propos des effets indésirables
graves durant la pleine période de deux ans23.
Une analyse secondaire révèle un taux plus
élevé d’effets indésirables systémiques graves
(39,9 % dans le groupe du bévacizumab contre
31,7 % dans le groupe du ranibizumab)23. Les
auteurs font remarquer que cette hausse
s’explique par des effets indésirables pas
associés jusque-là au traitement systémique par
un anti-VEGF. Reste à savoir si cette disparité
des taux d’effets systémiques graves relève de
facteurs qui n’ont pas été pris en considération
dans le plan d’étude et les analyses ou du
hasard, ou s’il y a lieu de penser que le
bévacizumab n’est pas aussi sécuritaire que le
ranibizumab. En outre, le taux d’endophtalmie
due au bévacizumab est près du double de celui
associé au ranibizumab (1,2 % pour le
bévacizumab contre 0,7 % pour le ranibizumab)
sur une période de deux ans. Cependant, la
différence n’est pas statistiquement
significative et pourrait tenir au hasard22,23.
Une analyse rétrospective de vaste envergure
de demandes de remboursement ne détecte
pas de différence de taux d’effets systémiques
graves entre le bévacizumab et le ranibizumab
employés dans le traitement de la
dégénérescence maculaire liée à l’âge26. De
même, une étude de série de cas portant sur
plus de 12 000 injections intravitréennes de
bévacizumab et plus de 14 000 injections
intravitréennes de ranibizumab ne constate pas
de différence d’incidence brute d’endophtalmie
entre ces deux anti-VEGF dans le traitement de
l’œdème maculaire diabétique ou de la
dégénérescence maculaire liée à l’âge. Ces
données sur les effets indésirables systémiques
et les infections oculaires ne concordent pas
avec celles issues d’une analyse commanditée
par le fabricant voulant que le risque de
mortalité, d’accident vasculaire cérébral
hémorragique, d’inflammation oculaire et de
chirurgie de la cataracte après le traitement de
la dégénérescence maculaire liée à l’âge soit
plus grand avec le bévacizumab qu’avec le
ranibizumab24,25. Toutefois, cette dernière
analyse peut avoir erré en raison de l’absence
d’ajustement en fonction de facteurs de
confusion tels le statut socioéconomique et des
facteurs liés à la santé (tabagisme, lipidémie et
pression artérielle).
Limites
Les résultats de l’évaluation du bévacizumab en
fonction des critères de jugement principaux
des essais cliniques le comparant à la
photocoagulation au laser laissent entrevoir
que l’effet du bévacizumab sur l’angle de
résolution minimal à l’acuité visuelle corrigée
maximale et sur l’épaisseur de la macula
s’estompe avec le temps après chaque cure.
Cette constatation va dans le même sens que
les études concluant que la période d’efficacité
du bévacizumab s’étend de la 6e à la 12e
semaine après l’injection intravitréenne7. Dans
la plupart des essais cliniques examinés ici, le
médicament a été injecté une seule fois aux
participants, d’où la difficulté d’évaluer ses
effets à long terme.
Quant aux essais cliniques comparant le
bévacizumab à la triamcinolone, un seul19 fait
état d’un calcul de la taille de l’échantillon
nécessaire pour établir la puissance de l’étude.
Cependant, il ne précise pas l’ampleur de la
différence entre les interventions qu’il est en
mesure de déceler. Notre métaanalyse indique
une différence significative favorable à la
triamcinolone jusqu’à 24 semaines du point de
vue de l’angle de résolution minimal à l’acuité
visuelle corrigée maximale. À noter toutefois
que, dans le plus vaste essai clinique retenu, cet
avantage de la triamcinolone disparaît en
12 semaines et qu’il n’y a pas de différence
entre les deux médicaments quant à cet aspect
et à l’épaisseur de la macula au terme de
24 semaines19. Dans notre métaanalyse de ce
paramètre, les résultats d’un autre essai