I La République provisoire :
a) Du 4 Septembre à Février 1871.
Après la défaite du 2 Septembre 1870, le peuple manifeste et le régime de Napoléon III s’effondre
sans résistance. La République est proclamée le 4 Septembre 1870, tout d’abord dans les villes de
Lyon et de Marseille puis à Paris, qui pour une fois n’est pas le point de départ de la révolte. Un
« gouvernement de la Défense nationale » est crée. Celui-ci est composé de nombreux modérés mais
de très peu de Républicains. C’est donc plutôt un gouvernement conservateur qui se forme dans un
climat de tensions. Jusqu’en janvier, des oppositions existent entre ceux qui veulent continuer la
guerre et ceux qui veulent négocier avec l’ennemi. Ces oppositions entraînent des tensions, surtout à
Paris. Mais Bismarck réclame des élections car il veut traiter avec un régime légal pour que la paix –et
ses conditions- ne puissent pas être remises en cause. Malgré les oppositions très fortes au sein même
du gouvernement (notamment entre Gambetta et les monarchistes) les élections vont avoir lieu le 8
Février 1871. Ces élections vont voir la victoire des monarchistes car ils prônaient la fin de la guerre,
contrairement aux républicains et aux socialistes qui voulaient la continuer. C’est pour cela que les lois
de 1875 vont être si conservatrices. Les monarchistes vont nommer Thiers à la tête du gouvernement.
b) Le rôle de Thiers
Thiers est placé au pouvoir le 17 février 1871 car il est considéré come le seul homme capable de gérer
la situation. Il préfère s’occuper de la reconstruction de la France avant de régler la question du
gouvernement, ce qui explique en partie le fait que les lois de 1875 aient été créées cinq ans après
l’instauration de la République. Il va aussi devoir faire face à la Commune, qu’il va réprimée durement
à Paris et empêcher dans les campagnes en promettant la République. Très vite cependant, les
monarchistes vont accuser Thiers de prendre parti pour la République ; eux qui l’avaient mis au
pouvoir souhaitent maintenant le voir partir et le faire remplacer par un conservateur plus dur. Le
pouvoir de Thiers va être défini par la loi Rivet du 31 Août 1871. Cette loi fait de lui le Président de la
République Française et il peut choisir ses ministres, pouvoir qui sera aussi accordé dans les lois de
1875, mais est sous contrôle de l’Assemblée Nationale. Cette loi est donc une prémisse de ce que
seront les lois de 1875, en ce qui concerne le Président. Thiers se dit « pour une république
conservatrice » ce qui lui vaut une méfiance de plus en plus grande au sein de la majorité mais aussi la
sympathie du peuple. Il dira même que « la République est se qui nous divise le moins »Une loi dite
loi chinoise est votée contre lui : cette loi définit les relations de l’Assemblée Nationale avec le
Président et affirme une conception parlementaire de la République, comme pour les lois de 1875. De
même, Thiers voudrait la création d’un Sénat, et il met en marche le débat qui se terminera en 1875.
Après le 15 Mars 1873, jour où l’évacuation des Allemands est déclarée, Thiers ne semble plus utile à
la droite, qui a peur de la République parlementaire. Broglie organise un vote à l’Assemblée et par 360
voix contre 344, il demande « une politique résolument conservatrice ». Thiers démissionne donc
après ce vote qui le met en échec, le 24 Mais 1873. Mac-Mahon lui succède le jour même et organise
la politique de l’Ordre moral.
c) Ordre moral
La coalition pour la défense de l’Ordre moral veut protéger la hiérarchie sociale, les classes dirigeantes
et l’Eglise. Mais elle est fragile car divisée entre religieux extrémistes et orléanistes plus modérés. Les
droites sont donc de plus en plus divisées mais elles s’opposent encore ensemble aux Républicains. La
droite mène une politique sévère ce qui a pour conséquence l’augmentation de la popularité des
républicains. Paradoxalement, l’Ordre moral, malgré des tentatives pour plaire au peuple, comme celle
des pèlerinages, favorise ses ennemis. De plus, la coalition n’arrive pas à organiser un retour à une
monarchie. Les légitimistes (ou groupe des Chevau-légers, du nom de l’impasse dans laquelle ils
organisent leur réunion) désirent un retour à la monarchie absolue avec comme roi le comte de
Chambord. Quant aux orléanistes, ils aimeraient un retour à une monarchie parlementaire avec le
drapeau tricolore comme symbole et non le drapeau blanc, si cher à Chambord. Il y a donc une
division des droites et c’est cette division qui va permettre la rédaction des lois de 1875. En 1871
(année de l’élection de l’Assemblée, à majorité monarchique), des négociations ont lieu entre
Chambord et les orléanistes, qui se concluent avec le discours de Chambord du 30 Octobre 1873, dans
lequel il refuse la monarchie parlementaire : les négociations sont donc avortées ce qui va favoriser le
rapprochement entre orléanistes et républicains. En effet, ils partagent un intérêt commun : leur
volonté de contrer les socialistes (parce qu’ils véhiculent une image de fauteurs de troubles) et les