SPÉCIAL CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’OPHTALMOLOGIE
DOSSIER
156Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
reste cependant, malgré les pro-
grès des appareils, la goniosco-
pie dynamique.
Un travail (primé) sur l’Ocular
Responder Analysis confirme
que les cornées de patients glau-
comateux et non glaucomateux
présentent des caractéristiques
biomécaniques différentes, à
épaisseur de cornée compa-
rable.
TRAITEMENT
Le seul traitement éprouvé reste
la baisse pressionnelle. L’im-
portance du rôle de cette baisse
pressionnelle sur la progression
du glaucome a encore été souli-
gnée par une étude canadienne
récente : une baisse de 20 % de
la PIO divise par 3 la progression
du déficit périmétrique (évaluée
par le MD).
L’observance reste un problème
central dans cette affection
chronique : seulement 56 % des
patients prennent 75 % de leur
traitement. Elle doit être appré-
ciée par des questions ouvertes,
non culpabilisantes et ne met-
tant pas le patient en difficulté.
Elle est améliorée par les ex-
plications, et la fréquence des
consultations.
L’utilisation des génériques en
France est encore très inférieure
à ce qu’elle est en Allemagne.
Leur tolérance et même leur ef-
ficacité n’est pas toujours iden-
tique (galéniques différentes).
Un doute sur l’efficacité, ou une
mauvaise tolérance doit faire re-
passer au produit princeps. Les
différences de dénominations
sont une cause de confusion :
demander au patient d’apporter
les flacons est souvent utile.
La chirurgie du glaucome a été
abordée sous son aspect le plus
spécifique : l’importance cen-
trale du suivi postopératoire. Ce
suivi intensif recherche les com-
plications postopératoires im-
médiates.
Un Seïdel peut ainsi nécessiter
une reprise :
- en urgence si l’effacement de
la chambre antérieure au centre
est menaçant ;
- mais de toute façon très rapide-
ment s’il persiste, car il menace
en quelques jours la viabilité de
la filtration.
De façon générale, la plupart des
gestes postopératoires visent
à combattre la fibrose précoce
ou le risque de fibrose à moyen
terme.
GLAUCOME À PRESSION
NORMALE (GPN)
Dans trois études sur le GPN
(1981, 1992, et 2002) une ima-
gerie cérébrale pratiquée à titre
systématique a découvert une
lésion intra-crânienne dans une
proportion significative de cas.
L’inclusion de l’IRM au bilan
initial de tout GPN semble donc
logique.
L’association GPN-syndrome
d’apnée du sommeil (SAS) n’est
pas rare. La recherche d’un GPN
doit être systématique en cas de
SAS, car le traitement par pres-
sion positive augmente la PIO
nocturne et diminue le débit
sanguin oculaire.
Les Dips nocturnes a longtemps
été mis en avant comme facteur
aggravant, à corriger. Une limite
est que ces Dips s’avèrent utiles
sur le plan général et doivent
donc être respectés.
Le traitement médical du GPN
vise une PIO cible très basse,
mais une étude récente montre
dans des cas d’atteinte bilatérale
que les asymmétries périmé-
trique et pressionnelle ne pas
corrélées. Ce résultat conforte
l’idée que la pathogénie du GPN
n’est pas totalement pression-
dépendante.
Un autre volet de la même étude,
comparant l’aggravation du
champ visuel chez des patients
traités par timolol vs brimoni-
dine, montre un avantage net à
la brimonidine, peut-être lié à
un effet neuroprotecteur.
CONCLUSION
Les progrès technologiques n’en-
lèvent pas à la clinique son rôle
central dans le diagnostic et la
surveillance du glaucome.
Amélioration de l’observance,
attention à la qualité de vie du
patient, réévaluation régulière
du rapport bénéfice-risque du
traitement : la qualité de la rela-
tion avec le patient est aussi pri-
mordiale dans la prise en charge
de cette affection chronique. n
Mots-clés :
Glaucome, Facteurs de risque,
Thérapeutique, Examens
complémentaires, Chirurgie,
Glaucome à pression normale.