Propos recueillis par Tanina Ait
Il existe, en Algérie,
environ 500. 000 glaucomateux
Pr Malika Tiar*, à Santé Mag,
Santé Mag: Quel est l’état des lieux du
glaucome, en Algérie ?
Pr Malika Tiar: L’enquête, réalisée en
2008, à ce sujet, sous l’égide du minis-
tère de la Santé publique et de la reforme
hospitalière, à laquelle ont participé
deux cents ophtalmologues algériens, a
révélé que le glaucome représente, dans
notre pays, la deuxième cause de cécité,
après la cataracte. Il existe, en l’occur-
rence, environ 500. 000 glaucomateux,
en Algérie.
Le glaucome est une aection chro-
nique très grave, qui évolue silencieu-
sement. Aussi, en l’absence d’un trai-
tement idoine, la pathologie entraîne la
cécité. Les personnes atteintes de glau-
come ne se rendent même pas compte
que leur vue se détériore.
C’est pourquoi, il est vital de dépister et
de traiter cette maladie le plus tôt pos-
sible, afin que le patient ne perde pas
l’usage de ses yeux.
Quels sont les traitements de cette pa-
thologie ?
Le traitement est, d’abord, médicamen-
teux, à base de collyres; mais, lorsque
la maladie est à un stade avancé, on a
recours à la chirurgie, pour intervenir
rapidement, parce qu’il y a une hyper-
tonie dans le globe oculaire, qui finit par
abimer, au fur et à mesure et très pro-
gressivement, le nerf optique.
Qu’en est-il de la chirurgie oculaire, dans
notre pays ?
Les interventions chirurgicales oculaires
sont tout à fait praticables, en Algérie
et de nombreux ophtalmologues les
réalisent. Par contre, il faut savoir poser
l’indication à temps; c'est-à-dire, avant
la nécrose du nerf optique car, dans ces
cas, il est trop tard. Ce qu’il y a lieu de
noter, en outre, c’est qu’on a tendance
à opérer de plus en plus ces patients;
notamment, les personnes provenant
des zones faiblement médicalisées, ou
dont les conditions sociales sont mo-
destes. Cette tranche de population ne
peut, donc, se faire dépister au moment
voulu, eu égard, d’une part, aux frais
des déplacements vers des centres de
traitements et d’autre part, de la cherté
des examens médicaux, au niveau des
structures privées, alors que dans le
secteur public, ces possibilités de suivi
et de prise en charge sont dispensés
gratuitement.
Quels sont les signes avant coureurs de
cette pathologie ?
Les signes avant coureurs de cette af-
fection sont la baisse d’acuité visuelle et
malheureusement, lorsque cette situa-
tion apparaît, c’est que la maladie a déjà
évolué. Il y a lieu de noter que cette af-
fection apparaît, normalement, à partir
de l’âge de 40 ans; d’où l’obligation de
faire des contrôles, chaque année, chez
un ophtalmologue. Ce dernier, lorsqu’il
reçoit le patient sait qu’il doit évaluer sa
pression intraoculaire, pour ne pas arri-
ver en phase terminale. Ces contrôles
sont rendus d’autant plus obligatoires
qu’à 40 ans il y a, également, une baisse
sensible de l’acuité visuelle.
Qu’en est-il de la répartition des spécia-
listes, en l’occurrence, dans notre pays ?
A l’évidence, cette répartition de spécia-
listes en ophtalmologie est inégale.
En eet, le Nord du pays bénéficie du
plus grand nombre d’ophtalmologistes
par nombre d’habitants que le reste du
pays. Les régions du Sud, ou éloignées
des grandes villes, sont très peu médi-
calisées. Aussi, faut-il encourager nos
jeunes confrères, d’ailleurs bien formés,
en l’occurrence, à exercer dans le Sud,
par exemple. En eet, c’est bien dom-
mage de voir partir à l’étranger nos
jeunes médecins qu’on a formés, pour
faire profiter de leur talent d’autres que
leurs citoyens
* Professeure Malika Tiar,
- Chef de service d'ophtalmologie,
au CHU de Bab El Oued.
- Présidente de la Société algérienne
du Glaucome.
Santé-MAG
ÉVÈNEMENT
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