Que les médecins se rassurent, l’exercice
de leur art n’est pas mis en péril ; la gloire
et la réputation de ceux qui l’exercent avec
tant d’avantage pour l’humanité ne seront
pas compromises par la faute d’un homme
qui aura failli sous le titre de docteur...1
INTRODUCTION
En droit québécois, la responsabilité médicale et hospitalière
a connu des débuts particulièrement lents2. En effet, dans les
années antérieures à 1970, on recense peu de décisions traitant de
la responsabilité des médecins ou des hôpitaux. Depuis ce temps,
cependant, le domaine de la responsabilité médicale ainsi que le
nombre de recours en cette matière ont connu une importante
croissance3. Plusieurs facteurs peuvent expliquer une telle évo-
lution. Notons d’abord les avancements technologiques qui ont
permis une certaine standardisation des méthodes de diagnostic
et de traitement. L’aspect subjectif – l’art – derrière la médecine
a cédé la place à une médecine objective, scientifique, pouvant
servir de standard, particulièrement utile en cas de litige ! Les
percées scientifiques véhiculées par les médias ont également créé
des attentes chez les patients, ceux-ci de plus en plus informés et
exigeants. La nature de la relation médecin-patient a changé : le
paternalisme qui la caractérisait jadis a cédé le pas à une plus
grande autonomie du patient, et désormais à un partenariat
médecin-patient4.
Revue du Barreau/Tome 64/Printemps 2004 5
1. Procureur général Dupin, cité dans P.A. CRÉPEAU, La responsabilité civile du
médecin et de l’établissement hospitalier, Montréal, Wilson et Lafleur, 1956, p. 1.
2. Ibid., p. 29 et s.
3. Pour les statistiques sur le nombre de recours intentés et amenés à jugements,
voir M. BOULANGER, « La victime de soins médicaux et hospitaliers déficients :
perspectives en matière de recours et de compensation des dommages », dans
Développements récents en droit civil, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 1994,
p. 97 ; voir aussi G. MULLINS, « Le risque d’être poursuivi », inédit, utilisé dans
le cours « Aspects normatifs de l’éthique et du droit – ASA 6111 » dispensé au
programme de maîtrise en administration de la santé, au département
d’administration de la santé (DASUM) de la faculté de médecine de l’Université
de Montréal.
4. K. BOTTLES, « The doctor/patient relationship for the 21st century. Clash of
“cultural creatives” and “traditionals” helps focus the future of patient care »,
dans Physician Executive, septembre-octobre 2001 ; 27(5):10-4.