Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2007
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d’effet Bowditch ou “Treppe” ; ce mécanisme est
toutefois très altéré dans le cœur défaillant. En
effet, à une fréquence cardiaque de 120 bpm, l’am-
plitude et la tension produites par le myocarde
anormal peuvent atteindre à peine le tiers des
valeurs générées par le myocarde normal (34).
Finalement, l’oxyde nitrique est aussi impliqué
dans la modulation du contrôle autonomique de la
fréquence cardiaque (35) ; cela pourrait être perti
-
nent cliniquement, entre autres chez les patients
atteints d’insufsance cardiaque étant donné leur
capacité réduite à produire de l’oxyde nitrique.
La réduction exclusive de la fréquence cardiaque
par l’ivabradine prévient l’angine et réduit l’is-
chémie myocardique à l’effort (36). Dans l’étude
INITIATIVE, l’ivabradine s’est révélé être aussi
efficace que le bêtabloquant aténolol dans le
traitement de l’angine stable (37). Les bénéces
des bêtabloquants chez les patients atteints de
maladie coronaire ou d’insufsance cardiaque sont
bien connus. Cet effet protecteur est dû en partie
à la réduction de la fréquence cardiaque (38).
Malheureusement, plusieurs patients ne tolèrent
pas les effets secondaires associés aux bêtablo-
quants. Or, contrairement à ceux-ci, l’ivabradine
n’a, de plus, pas d’effet inotrope négatif ou hypo-
tenseur. En outre, le ralentissement de la fréquence
cardiaque pourrait contribuer à améliorer la fonc-
tion ventriculaire diastolique. Dans ce contexte,
la réduction exclusive de la fréquence cardiaque
sans autre effet hémodynamique pourrait avoir
un impact favorable dans le traitement de l’in-
sufsance cardiaque. Les études internationales
BEAUTIFUL (morBidity–mortality EvAlUaTion of the
IF inhibitor ivabradine in patients with coronary
disease and left ventricULar dysfunction) et SHIFT
(Systolic Heart failure treatment with IF inhibitor
ivabradine Trial) sont des essais cliniques rando-
misés importants en cours qui permettront d’éva-
luer le bénéce d’une réduction de la fréquence
cardiaque au repos chez les patients avec fraction
d’éjection ventriculaire gauche abaissée et traite-
ment standard optimal (39).
conclusion
Il existe une panoplie de données reliant la
fréquence cardiaque élevée au repos à la mortalité
générale et cardiovasculaire dans plusieurs popu-
lations différentes. En particulier, la fréquence
cardiaque élevée au repos est un facteur addi-
tionnel de mauvais pronostic chez les individus
hypertendus. Divers mécanismes, dont des alté-
rations du système vagal ainsi que des modi-
cations génétiques, pourraient être la source de
cette observation. Les conséquences néfastes de
la fréquence cardiaque élevée au repos chez les
patients atteints d’insufsance cardiaque sont,
elles aussi, bien connues. Le bénéce de certains
médicaments permettant de réduire la fréquence
cardiaque, comme les bêtabloquants, est parfois
limité par leurs effets secondaires. L’ivabradine
est un médicament intéressant par la réduction
exclusive de la fréquence cardiaque obtenue
sans autre effet hémodynamique. L’utilisation
de l’ivabradine dans l’insufsance cardiaque sera
dictée par les résultats de grands essais cliniques
randomisés présentement en cours. ■
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