groupe EIT et le groupe surveillance. Le taux de rechute céré-
brale globale (locale et locorégionale) et de décès neurologique
dans le groupe EIT était significativement meilleur que dans le
groupe surveillance [13].
L'étude de Soffietti et al. [14] ne retrouve pas de bénéfice en
survie globale de l'adjonction de la radiothérapie à une chirurgie
ou à une radiochirurgie mais une détérioration de la qualité de
vie à un an évaluée via le questionnaire QLQ C30. C'est pourquoi,
il semble préférable de réitérer une stéréotaxie lorsque le
malade est oligométastatique sur le plan cérébral plutôt que
de faire un EIT.
L'EIT est donc remise en cause chez les patients oligométasta-
tiques au niveau cérébral au profit des traitements focaux
(radiothérapie stéréotaxique et chirurgie). En effet, elle n'est
pas supérieure sur le plan de la survie globale et entraîne un
risque de détérioration cognitive [4,13,14].
L'irradiation encéphalique stéréotaxique
Il s'agit d'une technique d'irradiation de haute précision (1 mm)
avec utilisation de multifaisceaux de rayons X, rayons gamma ou
de protons dépendant du matériel (accélérateur linéaire d'élec-
trons, accélérateur dédié et robotisé type Cyberknife
®
, photon
gamma par source fixe type Gammaknife
®
). Elle permet de
délivrer de fortes doses de radiothérapie avec un important
gradient afin de limiter l'irradiation des tissus sains à la péri-
phérie de la cible thérapeutique [15]. Elle permet donc un
traitement focal optimal mais ne permet pas de traiter la
maladie micrométastatique à distance.
La précision du positionnement et la haute reproductibilité
d'une séance à l'autre permettent de diminuer les marges
habituellement prises pour assurer la bonne couverture du
volume cible. La contention est donc primordiale grâce à des
masques rigides thermoformés.
Elle peut être utilisée pour traiter classiquement une à quatre
lésions ou pour traiter une lésion inaccessible chirurgicalement
classiquement de moins de 3 cm.
En ce qui concerne les métastases cérébrales, la radiothérapie
stéréotaxique peut être délivrée :
en plusieurs fractions (classiquement 3) définissant ainsi la
radiothérapie hypofractionnée en conditions stéréotaxiques.
Elle est privilégiée lorsque la métastase est > 30 mm (risque
de radionécrose en radio-chirurgie) [16], en cas de proximité
avec un organe à risque, en cas d'antécédents d'irradiation
antérieure, en cas de comorbidités associées ou encore si les
contraintes du monofractionnement ne sont pas respectées (s
V12 GY > 7,9 cm
3
et V10 Gy > 10,5 cm
3
[17] ;
en une séance unique définissant ainsi la radiothérapie mono-
fractionnée en conditions stéréotaxiques usuellement nom-
mée « radio-chirurgie » [18].
Il a été montré dans quelques études rétrospectives qu'elle est
équivalente à la chirurgie [19,20].
Il n'y a pas de consensus clair concernant la stéréotaxie adjointe
à une irradiation de l'encéphale en totalité au niveau de la survie
globale. En effet, l'étude d'Aoyama et al. comparant la stéréo-
taxie seule à la stéréotaxie associée à une irradiation de l'encé-
phale en totalité ne montre pas de différence de survie chez des
patients atteints d'une à quatre métastases. Les récidives loco-
régionales étaient en revanche plus fréquentes dans le groupe
ayant eu seulement une stéréotaxie [21].
Aussi, Brown et al. ont présenté dans un abstract (ASCO 2015)
les résultats en matière de survie et de toxicité cognitive de la
radiochirurgie stéréotaxique suivie d'une irradiation totale de
l'encéphale et de la radiochirurgie seule chez les patients porte-
urs d'une à 3 métastases cérébrales. Il n'est pas retrouvé de
différence en survie globale. En revanche, la mémoire immé-
diate, la mémoire ancienne et la communication verbale étaient
beaucoup plus affectées dans le groupe ayant reçu une EIT.
L'étude d'Andrews et al. ne retrouve pas d'amélioration de la
survie globale chez les patients irradiés sur l'encéphale en
totalité en plus de la stéréotaxie versus EIT seule. Cependant,
il est retrouvé une amélioration statistiquement significative du
contrôle local dans le groupe stéréotaxie + EIT [22,23].
Quant à Chang et al., ils ont rapporté un essai qui a randomisé
58 patients atteints d'une à trois métastases. Un groupe béné-
ficiait d'une radiochirurgie seule et un autre d'une radiochirurgie
associée à un EIT. À quatre mois, 13 % des patients traités
seulement par radiochirurgie étaient décédés contre 29 %
des patients traités par radiochirurgie et irradiation de l'encé-
phale en totalité (non significatif). Les taux de survie sans
récidive cérébrale étaient respectivement de 27 % et 73 %
(p= 0,003). Il n'y avait pas de différence de taux de complica-
tions cliniques mais l'essai a été interrompu du fait des compli-
cations cognitives observées à quatre mois après la
radiochirurgie et l'irradiation de l'encéphale en totalité [4].
Ainsi, la stéréotaxie seule semble à privilégier en raison de
l'excellent contrôle local des métastases uniques. De plus, en
sursoyant à l'irradiation de l'encéphale en totalité, cela permet-
trait d'éviter des troubles cognitifs induits par l'EIT [24].
Prise en charge adaptée au pronostic (DS-GPA)
Des outils d'aide à la décision sont désormais disponibles et
permettent d'évaluer rapidement le pronostic des patients et de
décider de la prise en charge adéquate.
Le plus discriminant est le Diagnosis Specific Group-Prognostic
Assessment (DS-GPA) [2].
Cette classification est basée sur la localisation de la tumeur
primitive (cancer à petites cellules ou non à petites cellules
pulmonaires, mélanome, carcinome rénal, cancer du sein, can-
cers gastro-intestinaux), sur l'âge, sur le Perfomans Status
(échelle de Karnofsky), le nombre de métastases cérébrales,
la présence de métastases extracrâniennes, et le sous-type
histologique pour le cancer du sein (tableau II)[2]. En fonction
du pronostic estimé du patient, il est décidé des modalités de la
E. Reygagne, F. Du Boisgueheneuc, A. Berger
tome xx > n8x > xx 2017
Pour citer cet article : Reygagne E, et al. Métastases cérébrales : rôle des traitements focaux (chirurgie et radiothérapie) et leur
impact cognitif. Bull Cancer (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.bulcan.2016.12.003
4Synthèse