Commission économique et monétaire Prévisions

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SPEECH/97/95
Yves-Thibault de SILGUY
Commissaire chargé des affaires économiques, financières et
monétaires
Commission économique et monétaire
Prévisions,
GOPE,
Déficits excessifs et
Aspects externes de l’euro
Parlement européen - 23 avril 1997
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I. Introduction
Vous avez souhaité être informés en priorité, sur les prévisions et les grandes orientations de
politique économique que la Commission vient d’adopter lors de sa réunion de ce matin
même. Dans la ligne de l’excellent climat de travail qui nous a permis depuis deux ans et
demi d’associer étroitement le Parlement européen à la préparation de l’euro, je réponds
volontiers à cette demande, aujourd’hui. Je procéderai, ce matin, à une présentation
méthodique du contenu des décisions de la Commission afin de nous permettre de mieux
développer, cet après-midi en plénière, la finalité politique qui s’attache en particulier aux
GOPE.
Mais d’abord, je vous présente les prévisions.
II. Les prévisions
En ce qui concerne les prévisions, et comme cela avait été le cas pour l’exercice d’automne,
une claire distinction méthodologique doit être faite entre les chiffres pour 1997, qui sont
issus d’une prévision stricto sensu, y compris sur les budgets nationaux, et les chiffres de
1998, qui sont le fruit d’un scénario, fondé sur l’hypothèse traditionnelle “à politique
économique inchangée”. Cette hypothèse implique que seules sont prises en compte les
mesures déjà arrêtées, ou celle présentées de manière concrète et créditées d’un
engagement politique suffisant.
Quelle lecture faire de ces prévisions ?
Cinq idées principales s’en dégagent.
1. La reprise de la croissance se confirme :
Les prévisions de printemps comportent une légère révision de la croissance à la hausse par
rapport à celles de l’automne dernier. A l’époque nous avons été jugés trop optimistes. Les
Cassandre, mais aussi d’autres institutions internationales, en ont été pour leurs frais. Nous
pouvons nous aussi avoir des prévisions fiables. Nos services méritent d’être félicités pour la
qualité et le professionnalisme de leur travail.
D’après leurs prévisions, la croissance s’élèvera donc à 2,4% en 1997, contre 2,3% dans nos
prévisions d’automne. En 1998, l’activité économique pourrait progresser de 2,8% (chiffre
inchangé par rapport à l’automne).
La croissance est soutenue principalement par les exportations : +6,2% en 1997. Le
développement des investissements, qui a été décevant jusqu’à présent, devrait enfin
s’améliorer. C’est ce que suggèrent les enquêtes de conjoncture économique, où la
confiance des producteurs et des consommateurs se redresse réellement sur les huit
derniers mois. De plus, la profitabilité des investissements est à son plus haut depuis les
années 1960 dans l’Union.
Dans dix Etats membres, la croissance a été révisée vers le haut depuis novembre. Pour
l’Autriche et la Suède, les prévisions restent inchangées. Au Royaume-Uni et au Danemark,
deux pays connaissant une expansion supérieure à la moyenne depuis plusieurs années, la
croissance a été révisée vers le bas, mais elle reste proche de 3%. Pour l’Italie, la croissance
a été révisée vers le bas à 1,2% en 1997 (contre 1,4% dans les prévisions d’automne) et
2,0% en 1998.
- 3/6 2. La situation de l’emploi ne s’améliore que très lentement :
L’emploi augmentera de 0,5% (700.000 nouveaux emplois) en 1997 et de 0,9% (1,3 Mio) en
1998. En conséquence, le chômage restera, avec 10,7% en 1997 et 10,3% en 1998, contre
10,8% en 96, à un niveau trop élevé. Certes, il existe toujours un décalage entre la reprise de
la croissance et la réduction du chômage. Mais le sérieux de la situation implique que nous
avons besoin à la fois de plus de croissance et de plus de réformes structurelles pour
augmenter le contenu de la croissance en emplois.
3. L’Union ne subit pas de pressions inflationnistes :
La moyenne communautaire d’inflation tombera de 2,7% en 1996 à 2,2% en 1997 et 1998. A
ce niveau, quatorze Etats membres seraient en état de respecter la valeur de référence du
traité.
4. L’assainissement des déficits publics continue :
Le besoin de financement des administrations publiques pour la Communauté dans son
ensemble devrait se réduire à 2,9% du PIB en 1997, contre 4,3% en 1996. Treize pays
devraient être cette année à 3 % ou en-dessous. En 1998, la situation moyenne
communautaire continuera de s’améliorer. La moyenne descendra à 2,5%. Cependant, hors
mesures nouvelles, la liste des pays respectant la valeur de référence de 3% ne changerait
pas.
5. En moyenne communautaire, la dette publique devrait diminuer pour la première fois
depuis la fin des années 80
La dette diminuera de 73,3% du PIB en 96 à 72,9% en 97, et en 72,3% en 98. En
poursuivant son désendettement, l’Europe cessera de vivre aux frais de ses enfants. D’après
les prévisions, quatre pays devraient avoir un taux d’endettement inférieur à la valeur de
référence de 60 % du PIB en 1997. Dans la plupart des autres pays, la dette diminuera.
En conclusion :
Il ne faut pas confondre ces prévisions avec la décision sur la liste des participants qui sera
prise au printemps 1998. Elles n’ont d’autre valeur qu’une simple photographie de la situation
actuelle. Elles doivent cependant nous conforter dans notre conviction : une majorité d’Etats
membres remplira les conditions requises pour participer à l’euro le 1er janvier 1999.
III. La recommandation pour les grandes orientations de politique économique
Quelles conclusions de politique économique faut-il tirer de ces nouvelles prévisions ?
Par différence avec les années précédentes, le message principal de ces recommandations
est le suivant : la croissance est revenue, grâce à l’assainissement des finances publiques, à
la baisse des taux d’intérêt et à la maîtrise des coûts. Il faut la consolider et la rendre
durablement créatrice d’emplois. Aussi il en résulte deux priorités pour la conduite des
politiques économiques en 97 :
- l’emploi et les réformes structurelles du marché du travail, et
- l’investissement, privé et public physique, immatériel et humain, qui reste insuffisant.
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Pour créer en Europe les conditions nécessaires à une croissance durable et créatrice
d’emplois, les grandes orientations proposent une stratégie fondée sur deux axes :
1) une politique macro-économique visant à renforcer la croissance et la stabilité,
et
2) des politiques structurelles plus actives dans le domaine de l’emploi et du marché intérieur.
1. Le premier axe de notre stratégie : la politique macro-économique.
Il n’y aura pas de réduction substantielle du chômage sans une croissance forte et durable à
moyen terme.
La Commission recommande trois moyens pour y parvenir :
Premièrement, poursuivre l’assainissement des finances publiques qui porte ses fruits. La
grande majorité des Etats membres se donne pour objectif des déficits publics de 3% ou
moins en 1997. La Commission demande instamment aux Etats membres :
- d’appliquer avec rigueur leurs lois de finances,
- dans le cas où des mesures ponctuelles d’assainissement (“one-off measures”) seraient
utilisées cette année, de les remplacer par des mesures structurelles ayant un impact
durable,
- de prendre des mesures supplémentaires si nécessaire pour poursuivre la réduction des
déficits. 3% n’est pas un objectif à terme mais une limite.
Je rappelle à ce sujet que le déficit des Etats-Unis “au sens de Maastricht” devrait être de
l’ordre de 1% cette année, et que cela n’a pas empêché, bien au contraire, la création
d’emplois.
Cette année, la Commission insiste essentiellement sur :
- la réduction des dépenses publiques plutôt que l’augmentation des recettes fiscales, qui
est néfaste pour la croissance;
- la nécessité de préserver les dépenses d’investissement qui sont essentielles pour donner
à l’Union un potentiel de croissance durable dans le moyen-long terme.
Deuxièmement, la stabilité des prix doit être maintenue. Les résultats dans ce domaine sont
encourageantes mais toujours fragiles. Or une inflation durablement maîtrisée n’est pas
seulement une condition du passage à l’euro. C’est aussi un préalable à une croissance
saine à moyen terme.
Troisièmement, la politique salariale, mise en oeuvre par les partenaires sociaux, doit
continuer à intégrer, à la fois, les objectifs de stabilité des prix et de rentabilité des
investissements. Dans la grande majorité des Etats membres, ces recommandations ont déjà
été suivies d’effet en 1996. Il faut persévérer dans cette voie.
- 5/6 2. Deuxième axe de notre stratégie, des politiques structurelles efficaces.
A cet égard, la recommandation préconise trois actions principales :
Premièrement, pour accroitre la capacité des économies des Etats membres à s’adapter aux
changements causés par la globalisation et pour augmenter le potentiel de croissance, il est
nécessaire de promouvoir l’innovation, la recherche-developpement, et d’améliorer les
systèmes d’éducation et de formation professionnelle. De plus, il est nécessaire de
poursuivre des investissements dans les réseaux transeuropéens. Cela n’est pas seulement
un sujet d’importance pour le Parlement européen mais également pour la Commission. Nous
l’avons entièrement pris en compte lors de nos grandes orientations de politique économique.
Deuxièmement, un meilleur fonctionnement du marché des biens et des services est
nécessaire. Une exploitation complète des avantages du marché intérieur contribuera
fortement à augmenter la croissance. La segmentation persistante des marchés, par exemple
à cause des insuffisances de l’harmonisation fiscale et des excès de la réglementation, doit
être abolie. A cet égard, j’attire l’attention sur le plan d’action sur le marché intérieur que la
Commission prépare actuellement.
Troisièmement, une réforme du marché du travail est nécessaire pour accroître le contenu en
emplois de la croissance. Grâce au dialogue social, la flexibilité du marché du travail peut
être augmentée au travers de mesures pragmatiques, respectueuses de l’attachement de
nos citoyens à des standards sociaux élevés. Il faut par ailleurs travailler à une adaptation
raisonnable de la structure des salaires, en ligne avec les différences de productivité au
niveau régional.
IV.Les recommandations en matière de déficits publics excessifs
J’en viens maintenant au troisième sujet. Il s’agit des recommandations pour les déficits
publics. La Commission propose au Conseil d’abroger sa décision sur l’existence de déficits
publics excessifs aux Pays-Bas et en Finlande. Dans ces deux pays, le déficit en 1996 était
déjà inférieur à la valeur de référence de 3% : les Pays-Bas avaient un déficit de 2.4% et la
Finlande de 2.6%. Ces déficits baisseront à 2.3% et 1.9% respectivement en 1997. Quant à
la dette, celle des Pays-Bas se situe encore au-dessus de 60% (76,2% du PIB) mais elle
diminue et cette baisse devrait s’accélérer dans les années qui viennent. En Finlande, la
dette n’a jamais été supérieure à la valeur de référence de 60%.
Si le Conseil adopte les recommandations de la Commission, nous porterons à cinq le
nombre des pays qui ne sont pas ou plus en situation de déficit public excessif(Irl, DK, Lux,
NL, Fin). Pour les dix autres Etats membres, la Commission propose, conformément à l’article
104c(7), d’adopter des recommandations, qui détaillent pour chaque pays les mesures
principales à prendre. Elles retiennent comme objectif chiffré les engagements des
programmes de convergence validés par le Conseil, ou la valeur de référence du traité en
l’absence de programme de convergence à jour (cas de l’Italie, en particulier).
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V. Les aspects externes de l’euro :
Enfin, la Commission a autorisé aujourd’hui la diffusion d’un document de travail sur les
aspects externes de l’Union économique et monétaire. Ce document constitue seulement
une première analyse à envoyer au Conseil, au Parlement européen, au Comité économique
et social et au Comité des régions pour discussion.
Les résultats de cette étude montrent que l’euro donnera à l’Union européenne une présence
sur la scène monétaire internationale qui correspondra à son poids économique. L’euro
conduira progressivement à des relations économiques et monétaires internationales et
devrait diminuer l’influence des facteurs externes sur les taux d’intérêt dans la zone euro. Il
rappelle aussi de manière précise le cadre dans lequel sera abordée dans un avenir proche
la question des conséquences institutionnelles de l’arrivée de l’euro.
Après vous avoir donné des informations sur les prévisions de mes services et les textes
adoptés par la Commission, je suis prêt à répondre à quelques questions.
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