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Positionnement cyclique des économies
Le cycle d’accélération
Le troisième cycle est le cycle d’accélération ou
cycle du taux de croissance. Le pic du cycle
d’accélération (point αsur la figure page 13)
représente le maximum atteint par le taux de
croissance, et le creux (point β sur la figure
page 13) indique que le taux de croissance est
passé par son point bas. Il est difficile de don-
ner un nom aux phases de ce cycle. Il est en
tout cas périlleux de parler de ralentissement
lorsque le taux de croissance franchit un pic.
Par exemple, lorsque la croissance trimestrielle
du PIB de la France, passe de 4 % l’an à 3 %,
on ne peut parler de ralentissement conjonctu-
rel car le PIB continue de croître à un rythme se
situant au-dessus de sa croissance tendancielle.
Il est aussi contestable de parler de reprise
conjoncturelle lorsque la croissance passe de
– 2 % l’an à – 1 % : même si le taux augmente,
il reste négatif, ce qui correspond à une baisse
d’activité, donc à une période récessive.
Paradoxalement, le cycle d’accélération est le
plus populaire auprès des praticiens. Il est
approché par le glissement annuel ou le taux de
croissance trimestriel (du PIB en général).
Datation des cycles
La mise au point d’une chronologie officielle
des points de retournements des cycles éco-
nomiques d’un pays représente un outil
d’une grande utilité pour les analystes écono-
miques. Une telle chronologie permet par
exemple de comparer des pays ou des zones
dans une optique cyclique, ou bien de classi-
fier des indicateurs conjoncturels en fonction
de leur avance ou de leur retard par rapport
au cycle de référence. A ce jour, peu de pays
possèdent une chronologie officielle des
cycles. La plus populaire est sans nul doute la
datation du cycle classique des Etats-Unis,
établie depuis 1854 et maintenue à jour par le
comité de datation du NBER composé de sept
experts. Leurs conclusions sur les dates d’en-
trée et de sortie des récessions américaines
ont un impact fort sur les agents économi-
ques, en particuliers les marchés financiers,
la Federal Reserve ou les décideurs politi-
ques. D’autres instituts américains s’intéres-
sent également à la datation des cycles, tels
que par exemple l’ECRI (Economic Cycle
Research Institute) ou The Conference Board.
Au Japon, le ESRI (Economic and Social
Research Institute), organe du gouvernement,
a également effectué une datation du cycle
classique japonais.
En Europe, où il n’existe pas encore de data-
tion officielle des cycles, le CEPR (Center for
Economic Policy Research) s’est inspiré de
l’expérience du NBER et a formé en 2003 un
comité de huit experts pour déterminer les
dates du cycle classique de la zone euro.
L’office européen de statistiques, Eurostat,
s’est également penché sur la question et a
engagé de nombreux travaux de recherche sur
le sujet, mais sans encore publier de datation
officielle. Enfin, un nombre croissant de tra-
vaux académiques ont également contribué à
la mise au point de méthodologies adaptées à
la datation des cycles passés au sein de plu-
sieurs pays et/ zones économiques. S’agissant
du cycle de croissance, l’OCDE propose égale-
ment une chronologie des cycles de crois-
sance pour ses ressortissants.
Coe-Rexecode propose de son coté ses pro-
pres datations des cycles classiques et de
croissance pour différents pays ou zone. Pour
effectuer ces datations, nous avons travaillé
sur l’indice de la production industrielle (IPI)
manufacturière et le PIB trimestriel, en se
basant sur un algorithme simple de Bry et
Boschan (1971), modifié par Harding et
Pagan (1999). Par la suite, des mesures de
sévérité du cycle, définie comme le produit
de l’amplitude par la durée, ont permis d’éli-
miner certains faux cycles. De plus, pour la
zone euro dans son ensemble, nous avons
assuré la cohérence entre les cycles des pays
et le cycle commun agrégé. S’agissant du
cycle de croissance, il a été estimé à l’aide
d’un double filtre de Hodrick-Prescott pour
ne recueillir que les fluctuations de moyen-
terme comprises entre 1,5 an et 8 ans.