
Si on réduit la dyslexie à une lenteur excessive dans la lecture, à la réalisation de fautes
typiques (les inversions de lettres, etc.) on risque de passer à côté d’une vraie définition du
trouble. Par exemple, Stanovitch (note :Psychologue en sciences cognitives) est un auteur
qui a étudié la dyslexie, et qui a mis en évidence ce qu’on appelle l’effet Mathieu : une
personne dyslexique, parce qu’elle a moins accès à l’écrit et aux informations écrites, va
avoir des difficultés dans des domaines plus généraux (par exemple, parce qu’elle a moins la
possibilité d’apprendre au travers des textes, elle aura peut-être moins de vocabulaire, ou
moins de connaissances générales que d’autres personnes) ; ce n’est pas lié directement au
trouble, mais bien au fait qu’elle a moins accès à l’écrit.
Donc vous voyez ici que les manifestations comportementales peuvent toucher d’autres
domaines que la lecture, et si on réduit le trouble à cette manifestation comportementale,
alors on risque de considérer que les difficultés sont plus importantes que le trouble n’en
génère.
De la même façon, les enfants dyslexiques développent des stratégies de compensation ;
aussi, avec le développement de ces stratégies, les manifestations comportementales du
trouble peuvent être moins apparentes. Pour certains, la dyslexie « disparait » parce qu’elle
ne se manifeste plus de façon aussi évidente, alors que le trouble persiste.
Voici pour la définition de la dyslexie, et on peut à partir des résultats récents la définir de
cette façon :
La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage, dont les origines sont
neurobiologiques. Elle est caractérisée par des difficultés dans la
reconnaissance exacte et/ou fluente (automatique) des mots, ainsi que par une
orthographe des mots et des capacités de décodage limitées. Ces difficultés
résident dans la composante phonologique du langage, qui est souvent
inattendue par rapport aux autres capacités cognitives de l’enfant et à
l’enseignement dispensé dans sa classe. Les conséquences secondaires
peuvent inclure des problèmes dans la compréhension de la lecture ; cela peut
entrainer des compétences réduites dans la lecture, qui pourraient empêcher la
croissance du vocabulaire de l’enfant et ses connaissances générales
La nature des difficultés des enfants dyslexiques : pour bien comprendre les
difficultés éprouvées, il convient d’étudier la lecture experte, autrement dit automatique,
caractérisée par la précision du décodage.
Automaticité : le lecteur expert reconnait les mots d’un texte rapidement et sans effort.
Pour mettre en évidence le caractère irrépressible de la reconnaissance des
mots, il existe l’effet Stroop, du nom de son auteur (note : (wikipédia) désigne
l'interférence observée entre une tâche principale et un processus cognitif interférant) qu’on
peut mettre en évidence :
On propose plusieurs mots, dont on doit nommer la couleur de l’encre (pas le
mot) avec laquelle le mot est écrit
{l’expérience est réalisée avec un membre de l’assistance, lecture de
différents mots en couleur, avec des pièges comme le mot rouge écrit en
jaune … le sujet répond « rouge », et explique que la lecture du mot est
privilégiée par rapport à l’identification de la couleur de police utilisée, et que
l’exercice est difficile}