Emilie NOCENT Master II « Espace et Sociétés » SYNTHESE DE LECTURE : Le Développement Local Xavier Greffe Editions de l’Aube / datar Bibliothèques des territoires Gémenos, 2002 201 p. J’ai choisi un ouvrage qui a pour objet le développement local. En effet, le thème du développement local est un thème récurrent dans l’aménagement du territoire. Tout territoire peut produire du développement selon son organisation et son fonctionnement. Mais pourquoi aménager un territoire si ce n’est pas pour y créer directement ou indirectement du développement local : économique, mais aussi culturel, ou social ? Ce livre a été écrit par un économiste, Xavier GREFFE, qui est professeur d’économie, notamment concernant l’économie des arts et des médias, à l’Université de ParisI (Panthéon – Sorbonne). Mais il est également responsable dans cette même université du Master II Professionnel économie publique et produits culturels. Xavier GREFFE est également expert auprès de la Commission Européenne et de l’O.C.D.E (Organisation de Coopération et de Développement Economique) notamment sur les problèmes de développement local et d’emploi. Il est aussi président de l’association LEDA-Partenariat, qui est une association pour le développement de l’emploi. C’est une association constituée d’experts et de spécialistes de l’emploi, qui ont voulu créer un réseau de partenariats pour l’emploi. Cette notion de partenariat est une notion maintes fois abordée dans ce livre. Le but de cet ouvrage est de montrer comment, pour chaque territoire, le développement local est une stratégie d’organisation de ses propres conditions de développement. Certains aspects et processus du développement local décrit dans ce livre m’ont semblé complexes, car cela reste un livre d’économie. Mais comme l’auteur le fait à juste titre remarquer, il ne faut pas réduire le développement local à une dimension seulement économique. En effet, il y a du politique, du social, du culturel … Et la géographie est elle aussi impliquée dans le développement local. En effet, il faut penser globalement pour pouvoir agir localement. Le développement local peut être défini comme l’organisation d’un territoire ou encore la volonté des acteurs d’éviter que la globalisation ne vide les territoires de leur identité et de leur substance. Il existe de nombreuses initiatives locales qui créent du développement local. Ces initiatives locales créent une capacité de mobilisation, d’analyse et de réactivité du territoire qui permettent de le mettre en situation et d’assumer de nouveaux défis. Mais un élément clé du développement local est l’apprentissage collectif. En effet pour développer un territoire, les acteurs doivent à la fois apprendre et construire sur celui-ci. « Le territoire se donne, à travers un projet, le moyen d’ébaucher des initiatives qui définiront et consolideront son développement ». En géographie, le déterminisme, c'est-à-dire la place prépondérante du milieu naturel dans l’analyse et l’explication des sociétés, a été longtemps utilisé dans le passé pour expliquer les retards de développement. Mais les différents projets de développement local ont la volonté de dépasser le déterminisme d’un territoire. Pour qu’un projet aboutisse à du développement local, il est nécessaire d’avoir un dialogue entre les différents acteurs concernés. Il est important de tenir compte des acteurs, de leurs avis et de leurs spécificités Tout projet nécéssite au préalable une analyse du territoire, ce que l’on appelle en géographie un diagnostic territorial. Ce diagnostic doit comporter des éléments tels que la mémoire et l’histoire du territoire, sélectionner les éléments constitutifs, identifier les différentes opportunités et potentialités mais aussi anticiper l’avenir. Un diagnostic ne doit pas faire état seulement du négatif sur un territoire. Tout diagnostic doit tenir compte de la dimension économique, communautaire et institutionnelle : • La dimension institutionnelle renvoie à « l’ensemble des mécanismes qui permettent d’impulser, de décider ou de gérer des stratégies associant les acteurs locaux ». • La dimension économique renvoie à « la nature viable ou non des activités en place ou susceptibles d’exister ». • La dimension communautaire renvoie à « la capacité des associations ou des organisations à but non lucratif à prendre en charge des besoins non satisfaits ». Cette dernière dimension est la plus difficile à analyser. On remarque que dans ce diagnostic les aspects sociaux et humains ne sont pas réellement présents (sauf un peu dans l’aspect communautaire). Les projets de développement local sont nombreux, il existe différents types de projets. Plusieurs exemples sont donnés dans ce livre comme le projet de développement local de Val Ghisone dans les Alpes Piémontaises. Ce projet est fondé sur la valorisation du patrimoine minier avec deux objectifs sur ce territoire : la conservation du patrimoine « historique » et la création de nouveaux emplois pour les habitants. C’est un projet qui souhaite créer à la fois un certain développement culturel et économique. La notion de développement local renvoie souvent à un territoire que l’on s’imagine « petit » et « marginalisé ». Alors que ce n’est pas toujours le cas. Il y a deux questions importantes à se poser : Existe-t’il des dynamiques territoriales qui favorisent le développement ? Existe-t’il un type de développement standard, ou celui-ci change selon le territoire sur lequel il se situe ? L’auteur nous montre différents types de territoires qui sont considérés comme vecteurs de développement local certains possèdent des ressources qui expliquent ce développement tels que les districts industriels, mais d’autres territoires ne disposent pas de ressource préalable au développement comme les technopôles … On voit donc que le développement local dans cet ouvrage est décrit sous l’angle de la création d’entreprises, d’emplois, de la production de biens et de richesses. En effet, un autre point de l’ouvrage est que « la capacité d’un territoire à susciter des activités et des emplois est liée à sa culture d’entreprise ». La culture d’entreprise concerne les valeurs, comportements, pratiques et règles suscitant ou au contraire inhibant le developpement d’ activités productives. Le développement local passe par la création de nouvelles entreprises, mais aussi par des innovations et créations dans les entreprises déjà existantes. Dans cet ouvrage, le territoire n’est pas abordé dans sa totalité, mais plutôt sous l’angle du tissu et du réseau économique. Parfois le développement local a un fort enjeu social, notamment dans des territoires en voie de marginalisation. En effet, ces territoires sont souvent marqués par une certaine pauvreté, une dégradation du cadre de vie, du chômage ... Sur ces territoires, le retour à l’emploi est difficile, d’autant plus que dès qu’elle le peut la main d’œuvre « s’enfuit ». Le développement local doit donc consolider ou faire apparaître de nouvelles activités. Le développement local doit corriger les handicaps, développer les communautés et leurs ressources, réhabiliter le cadre de vie … Mais pour que ce développement social soit durable, il doit passer par une bonne insertion et formation des acteurs. Cela peut par exemple passer par un partenariat entre les autorités locales, les établissements scolaires et les employeurs locaux. Cela peut se traduire en France par des pôles de compétences. Les activités culturelles sont également un facteur important de l’amélioration du cadre de vie (aspecct que je ne trouve pas assez développé par l’auteur). En effet, une amélioration du cadre de vie peut inciter les populations, principalement les jeunes, à rester et donc à maintenir et augmenter le nombre d’emplois. Dans cet ouvrage, les politiques publiques ne font pas réellement de développement local, mais elles aident et encouragent un développement par un certain nombre de mesures, de lois et d’initiatives. Mais il y est difficile d’instaurer un partenariat entre les politiques publiques et les initiatives de développement local. Les politiques publiques en appuyant des acteurs locaux dans leurs démarches leur donnent une certaine légimité et donc une certaine efficacité. Aussi de nombreux pays européens dont la France décentralisent de plus en plus leurs compétences pour donner plus d’éfficacité à des politiques trop centralisées. En effet, on peut se dire que plus les décisions sont prises à un échelon géographique près des acteurs concernés, plus cela correspondra à leurs attentes. Un exemple de décentralisation des compétences peut être celui des guichets initiatives emplois, mis en place en 1995 au niveau local, et qui permettent aux entreprises « de mieux connaître les dispositifs de soutien de l’emploi […] et servir à l’établissement de chartes locales de l’emploi » qui permettront de développer l’emploi dans cette région. Il est difficile d’évaluer l’efficacité du développement local. Cet ouvrage tente de le mesurer par le rendement de l’initiative, son pilotage, l’apprentissage des acteurs et des territoires, la médiation. Les deux derniers points me semblent être les plus importants pour évaluer s’il y a réellement du développement local. En effet, plus que le rendement qui reste une notion économique, la formation des acteurs, leur capacité à échanger, à réagir face à une situation de crise montrent un réel développement. Cet ouvrage, même s’il m’a parfois semblé complexe, m’a montré un angle différent pour aborder le développement local. En effet, il est très intéressant d’étudier le développement local sous un angle économique. Une des principales idées de cet ouvrage est la nécessité d’instaurer des partenariats économiques (et sociaux) entre les acteurs d’un territoire pour y créer du développement. La formation et l’insertion sont également deux notions clés pour que ce développement soit durable. Par contre l’apport des politiques publiques semble être minimisé dans cet ouvrage même si elles donnent de l’impulsion aux initiatives locales.