Céline Antonin, Bruno Ducoudré, Hervé Péléraux, Christine Rifflart, Aurélien Saussay
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pour les principales économies de la zone euro (Allemagne, Italie et
Espagne) et aussi pour le Royaume-Uni et les États-Unis. À
l’exception de ce dernier, l’impact pour les autres pays est signifi-
catif et relativement similaire. Comme on pouvait s’y attendre, les
États-Unis se distinguent par des effets sectoriels très différents et
très marqués. S’ils bénéficient des mêmes effets positifs que les
autres pays consommateurs, la chute du prix du pétrole, qui frappe
de plein fouet l’activité de production du pétrole non-conven-
tionnel, occasionne des ajustements en termes d’investissement et
de valeur ajoutée qui vont peser sur l’activité. Pour terminer, nous
comparons nos résultats avec ceux des grands modèles macro-
économétriques utilisés dans d’autres institutions. Globalement, il
ressort de nos estimations que le contre-choc pétrolier est un coup
de pouce très positif à la croissance de l’économie mondiale. Il faut
noter toutefois que ce surcroît de croissance s’accompagne d’un
coût environnemental fort. Dans l’hypothèse d’une baisse perma-
nente de 20 dollars le baril, la production de CO2 supplémentaire
atteindrait près de 3 Mt CO2, soit près de 1 % du total émis en 2013.
1. La nouvelle donne pétrolière pour 2015 et 2016
La baisse du prix du pétrole depuis l’été 2014 est spectaculaire.
Fluctuant autour de 110 dollars depuis le début 2011, le Brent a
perdu 46 % de sa valeur entre juillet 2014 et février 2015 pour
arriver à 55 dollars le baril. En euros, la baisse est également signifi-
cative : le prix du baril est passé de 82 euros en juin 2014 à 51 euros
en février 2015, soit une baisse de 38%. Le choc est d’ampleur
comparable à celui enregistré entre juillet et décembre 2008 lors de
la Grande Récession ou entre novembre 1985 et juillet 1986 au
moment du contre-choc pétrolier (graphique 1).
Pour avoir un impact positif sur les pays consommateurs, la
baisse enregistrée depuis 6 mois doit être durable. Un choc ponc-
tuel, suivi d’un retour au prix qui prévalait antérieurement,
n’aurait que des effets transitoires, sans effet majeur sur la trajec-
toire de croissance des économies consommatrices. Au vu des
déterminants traditionnels du prix sur le marché et du comporte-
ment des différents acteurs, le niveau des cours atteint en ce début
d’année 2015 semble bien correspondre à un nouvel équilibre,
offrant la perspective de coûts d’approvisionnement en énergie
durablement plus bas à l’horizon de la fin 2016.