CONCLUSION
Les facteurs pronostiques classiques (envahissement ganglionnaire,
taille tumorale...) sont bien connus et peu de changements sont
intervenus ces dernières années dans leur connaissance ou dans
l’analyse de leur impact.
En revanche, les études sont plus prometteuses en ce qui concerne
les facteurs de cinétique cellulaire : Her-2/neu est sans aucun doute
le plus intéressant à l’heure actuelle. La surexpression de cet onco-
gène est un marqueur à la fois d’hormonorésistance et de bonne
chimiosensibilité aux taxanes et aux anthracyclines.
rapie est alors plus indiquée. Aujourd’hui, la majorité des patientes
reçoivent une chimiothérapie adjuvante comprenant une anthra-
cycline : si l’intervalle est inférieur ou égal à 18 mois, le risque
de résistance à la chimiothérapie précédemment reçue en adju-
vant est majeur. Dans ces circonstances où une anthracycline ne
peut être réintroduite, les taxanes deviennent des agents de choix.
La localisation métastatique
On ne doit pas traiter de la même façon une patiente avec des
métastases cutanées ou des métastases viscérales, hépatiques en
particulier.
Chez une patiente qui a des métastases hépatiques symptomatiques,
même si l’intervalle libre est long, il faut absolument obtenir une
réponse rapidement. C’est une excellente indication de la chimio-
thérapie : retarder sa mise en route, en tentant une hormonothéra-
pie (même si cette dernière peut être efficace), risque d’être très pré-
judiciable à la patiente atteinte de métastases symptomatiques
viscérales. Les métastases représentent une urgence thérapeutique,
et la chimiothérapie va être la meilleure option de prise en charge
à ce moment là. L’urgence thérapeutique est caractérisée par la mise
en jeu du pronostic vital en cas de lésions hépatiques. L’apparition
d’un ictère est de pronostic très sombre car la grande majorité des
agents cytotoxiques sont éliminés par le foie, et l’élévation de la
bilirubinémie en cas de métastases hépatiques signe un tournant
gravissime de l’évolution. Dans la population étudiée par Green-
berg (48), les patientes en longue rémission complète pouvaient
avoir des métastases osseuses, mais aussi des métastases viscérales.
Les métastases sont souvent multiples. Il faut alors raisonner en
fonction de la situation la plus grave potentiellement, c’est-à-dire
relevant de la plus grande urgence thérapeutique. Pour les patientes
ayant des métastases hépatiques et osseuses, on considère que la
priorité va au foie et donc plaide en faveur d’une chimiothérapie.
Une hormonothérapie peut être associée, alternée ou séquentielle,
son action étant attendue essentiellement sur les métastases osseuses.
Il n’y a jamais eu d’essai évaluant l’intérêt d’une hormonothérapie
de consolidation après l’arrêt d’une chimiothérapie ayant obtenu
une réponse objective, ce qui est regrettable car, en pratique, cette
stratégie thérapeutique est couramment mise en œuvre.
Influence du traitement de première ligne sur le choix théra-
peutique en rattrapage
L’élément important demeure le choix du traitement de première
intention. Par exemple, en cas de métastases ganglionnaires et/ou
osseuses, une patiente en réponse sous hormonothérapie aura
environ 50 % de chances de réponse à une deuxième hormono-
thérapie après échappement (54). Cette constatation est moins
vraie pour la chimiothérapie. En deuxième ligne de chimiothé-
rapie, on observe 25 à 30 % de réponses. L’arrivée des taxanes
permet d’être plus optimiste sur le taux de RO en deuxième ligne
de chimiothérapie (55-57).
L’âge
L’âge intervient aussi dans le choix du traitement de première inten-
tion. Chez une femme âgée, la tumeur est plus souvent
hormonosensible. L’âge supérieur à 75 ans rend prudent en matière
de chimiothérapie, mais n’est pas une contre-indication absolue.
MISE AU POINT
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La Lettre du Cancérologue - Volume IX - no1 - février 2000
LES FACTEURS PRÉDICTIFS DE LA RÉPONSE
AU TRAITEMENT EN SITUATION MÉTASTATIQUE
Facteurs cliniques
Importance de la rémission lors d’une première ligne de
traitement
Il y a quelques années, on pensait que toutes les patientes atteintes
d’un cancer du sein métastatique mourraient des suites de ce can-
cer. Depuis cinq à sept ans, on pense qu’il existe des patientes dont
la rémission va être très prolongée, au-delà de 15 ans (48, 49).
L’objectif est d’essayer d’amener à la rémission complète (RC)
un maximum de patientes dès la première ligne de traitement,
puisqu’un pourcentage d’entre elles seront vivantes et toujours en
rémission dix ans plus tard. Ces cas de rémission de longue durée
peuvent être induits par la chimiothérapie, mais aussi par une hor-
monothérapie. Les patientes susceptibles d’être mises en RC pro-
longée par l’un ou l’autre de ces traitements ne sont pas nécessai-
rement les mêmes, et le choix du premier traitement, en première
ligne métastatique, est essentiel. Dans ce contexte palliatif, il faut
avoir à l’esprit la guérison et garder effectivement un esprit théra-
peutique curateur. Si le premier traitement permet d’obtenir la
rémission complète, il faut ensuite chercher à la maintenir (50,51).
Comment choisir entre hormonothérapie et chimiothérapie ?
D’abord, sur les éléments cliniques. Le facteur capital est l’inter-
valle libre entre le diagnostic de la tumeur primitive et l’appari-
tion des métastases. Plus l’intervalle est long, plus la patiente a
une chance d’être sensible à l’hormonothérapie (52, 53). L’inter-
valle est probablement lié à la cinétique de prolifération tumo-
rale. Quand la cinétique est lente, les cellules tumorales restent
quiescentes, sans apparition de métastases. Souvent, d’ailleurs,
dans ces situations, les métastases à intervalle long sont peu nom-
breuses, et de bon pronostic (métastases osseuses). Au-delà de
cinq ans, on peut dire que le pronostic est relativement bon et que
la maladie est hormonosensible. À ce propos, l’intervalle long est
peut-être aussi important que le fait d’avoir des récepteurs hor-
monaux positifs. Il existe des cas où les récepteurs sont négatifs
et où l’intervalle est très long. Ce sont des patientes que l’on consi-
dère parfois comme des “faux négatifs” ou avec des tumeurs
pauvres en récepteurs. Certaines patientes ont des tumeurs pauvres
en récepteurs (autour de 10), avec un grade SBR 2 et peu de
mitoses. Elles représentent un faible pourcentage de la popula-
tion générale. Il faut reconnaître ces patientes car, pour elles, l’hor-
monothérapie a une bonne chance d’être efficace. En dessous de
deux ans, l’intervalle est considéré comme court et la chimiothé-