J’aime la Psychosociologie 2LFEP 2010-2011
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seulement d’harmonie et d’amour. Cette unité
implique toujours des différenciations et généralement
des rivalités ; elle comporte l’affirmation de soi et les
diverses passions individuelles ; mais ces passions sont
socialisées par la sympathie et se plient, ou tendent à se
plier, à la discipline d’un esprit commun ».
La Sociométrie : au cours d’une enquête dans une
institution d’adolescentes délinquantes, en 1930
(l’Institution Hudson, près de New York), Jacob
Levi Moreno, déjà inventeur du psychodrame,
vérifie et met au point la technique
sociométrique. Les êtres humains sont reliés les
uns aux autres par trois relations possibles :
sympathie, antipathie, indifférence. Les relations
peuvent se mesurer à partir d’un questionnaire
où chaque membre d’un groupe indique qui dans
le groupe il choisi et rejette comme compagnons.
En effet il y a des conditions historiques
particulières qui ont contribué à l’essor de la
psychosociologie du groupe en USA :
1- sur le plan industriel le souci de « rendement »,
à l’époque de la récession économique,
déterminera les responsables à faire étudier, par
des psychologues, les facteurs du rendement des
équipes de travail.
2- sur le plan politique, les problèmes posés par le
triomphe du national-socialisme et par les
procédés de sa propagande <incitèrent les
dirigeants à mettre au programme des
recherches : l’analyse des phénomènes collectifs
et les moyens d’action sur les groupes humains.
3- sur le plan militaire, de même que la
préparation hâtive de leur entrée en guerre en
1917 avait favorisé le développement fulgurant
de la psychotechnique pour la sélection des chefs,
< de même la préparation hâtive à la deuxième
guerre mondiale força les USA à intensifier les
recherches sur les facteurs de cohésion et
l’efficacité des petites unités, sur les éléments du
« moral » des petits groupes isolés en opérations,
et sur les moyens de formation accélérée par les
méthodes de groupe. [176]
● En France :
Durkheim et la conscience collective :
Sans distinguer entre groupe restreint et société
globale, Durkheim, le fondateur de l’Ecole
Sociologique Française, à la fin du XIXème siècle,
jette les bases d’une théorie de groupe.
Le passage du clan à la société est celui de la
solidarité mécanique à la solidarité organique
fondée sur la division du travail. Durkheim
définit le groupe social comme étant plus que la
somme de ses membres, c'est-à-dire comme
totalité (définition que Sartre, à la lumière de la
dialectique hégélienne, rectifiera : le groupe n’est
pas une totalité, mais une totalisation en cours). Il
forge l’hypothèse d’une conscience collective (un
groupe à ses perceptions, ses sentiments, ses
volitions propres). Il ébauche l’analyse des
fonctions psychologiques.
Sartre et la perspective dialectique :
Les membres du groupe en fusion vivent, selon
Sartre, trois expériences : celle de la solidarité,
celle de l’appartenance (ou de l’intégration) à une
réalité collective nouvelle, celle d’autrui comme
tiers régulateur de mon action dans l’action
commune. L’impossibilité de changer la vie est
niée et surmontée : l’action du groupe affirme
l’impossibilité de cette impossibilité. La devise
républicaine transcrit l’expérience du groupe en
fusion : praxis commune qui de l’impossibilité
d’agir (liberté) ; chacun est équivalent de chacun,
son semblable homogène (égalité) ; chacun a
besoin de chacun pour que le groupe existe
(fraternité). Le groupe en fusion, dit encore Sartre,
c’est la raison constituante.
Tout groupe, une fois constitué, est donc obligé
de prendre des mesures pour survivre. Deux
ordres de mesures selon Sartre, et qui instaurent
des contraintes.
Premièrement, le groupe pourchasse en son sein
tout membre suspect de vouloir se retirer de