La Mangue

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P r o f e s s e u r I s a b e l l e Fo u r a s t é - Fa c u l t é d e s S c i e n c e s P h a r m a c e u t i q u e s d e To u l o u s e
Étude
Étude botanique
La Mangue
Anacardiaceae
▲
Fondation d’Entreprise
pour la Protection
et la Bonne Utilisation
du Patrimoine Végétal
Mangifera indica L.
sommaire
4
Introduction
6
Description générale de la plante
�
�
�
�
�
Dénomination scientifique
Synonyme et homonymes
Dénominations communes
Habitat
Description de l'espèce Mangifera indica L.
1 2 Description de la partie utilisée
�
�
19
Morphologie
Anatomie
Références bibliographiques
Introduction
L
Le Manguier existe en Asie depuis près de 4 000 ans.
Les Hindoues s'en servaient comme source de nourriture
(la Mangue était appelée « am » qui veut dire « victuailles »
ce qui laisse présumer de son abondance) mais aussi comme
médicament. En effet, l'Ayurveda (science hindoue de la
médecine) préconisait des cures de ce fruit pour guérir les
infections dentaires.
Il faut attendre le XVIe siècle pour que les portugais
implantent l’arbre sur d'autres continents comme
l'Amérique du Sud et l'Afrique.
En Afrique de l’Ouest, son implantation et sa dispersion
datent du XVIIIe siècle. Il s’y est bien acclimaté et y est
devenu subspontané. Sa culture comme arbre d’ornement
ou d’alignement sur le bord des avenues est très répandue,
en raison de son port majestueux, de son feuillage vernissé
et persistant, et surtout de sa résistance au feu.
Presque toutes les parties de l’arbre ont une utilisation
en médecine traditionnelle.
L’écorce a des propriétés astringentes mises à profit
contre les diarrhées et la dysenterie.
La sève est réputée être antisyphilique et présente
un intérêt réel dans les infections dermatologiques.
Les feuilles ont les mêmes propriétés astringentes,
mais leur décocté est le plus fréquemment utilisé en bain
de bouche dans les maux de dents et infections buccales.
Leurs propriétés antibactériennes ont été confirmées.
Le fruit comestible est de loin la partie la plus importante
de l’arbre. Un travail considérable de sélection a permis d’en
réduire le goût de térébenthine et la consistance fibreuse.
4
La Mangue est riche en sucres, vitamines et sels minéraux.
Cependant, une trop grande consommation peut être cause
d’inflammation rénale.
L’amande peut être consommée grillée ou séchée et macérée
dans du vinaigre. Elle est considérée comme antihelminthique
et antidiarrhéique.
Récemment, l’huile de graine de Mangue fait partie
des huiles végétales retenues pour fabriquer le chocolat.
Enfin, le Manguier inspira également bon nombre
de poètes voyageurs tels que Lecomte de Lisle qui,
dans « le sommeil de Leïla », nous laisse de ce fruit
une impression chaude et savoureuse :
« Boit, comme un sang doré,
le jus des Mangues mûres ».
Le Comte de Lisle
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Description générale de la plante
� DÉNOMINATION SCIENTIFIQUE
Le Manguier a été nommé Mangifera indica et introduit
pour la première fois par Linné dans « Species plantarum »
2, 100, 1753.
Embranchement :
Règne :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spermatophyta
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Plantae
Division : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Magnoliophyta
Classe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Magnoliopsida
Sous-classe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Rosidae
Ordre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sapindales
Famille : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Anacardiaceae
Genre :
Espèce :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mangifera
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mangifera
indica L.
� SYNONYME ET HOMONYMES
• Synonyme :
Mangifera austro-yunnanensis Hu
• Homonymes :
Mangifera indica Blume = Mangifera foetida Blume
Mangifera indica Wall = Mangifera sylvarica Wall
Mangifera indica Thwaites = Mangifera zeylanica Thwaites
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� DÉNOMINATIONS COMMUNES
• En anglais :
Mango
• En français :
Manguier
• En portugais :
Mangueiro
• En dialecte africain :
BAMBARA :
Magaro, Mâgaru
DIOLA :
Bu mâgu
MANDINGUE :
Tubabuduto
PEUL :
Mâgo
SÉRER :
Mâgaru
WOLOF :
Mango, Màgaru
� H AB ITAT
Le Manguier est un arbre originaire de l'Inde orientale et de la
Malaisie. Il fut introduit au XVIe siècle au Brésil et en Afrique
par les Portugais.
C'est un excellent arbre d'ombrage. Il fait partie du paysage
des abords des villages africains, dans les jardins ou les
vergers jusqu'à la limite du Sahel. Il fut ensuite introduit en
Australie où la production de Mangues de très bonne qualité
progresse régulièrement.
C’est un arbre fruitier très intéressant. Il croît même très
bien dans les climats marqués par une sécheresse,
car son enracinement très profond et très étendu lui permet
l'absorption d'eau dans les couches inférieures et d'éléments
nutritifs dans les couches supérieures du sol.
Cependant les jeunes plants doivent être régulièrement
arrosés. Le Manguier peut vivre plus de 100 ans.
7
Description générale de la plante
[suite]
� D ES CR I P T ION DE L'E S P ÈCE Mangifera indica L.
1) Caractères généraux de la famille des Anacardiaceae
Les Anacardiaceae sont des arbres ou arbustes
renfermant des canaux sécréteurs oléorésineux.
Les feuilles sont alternes, souvent composées-pennées,
sans stipules.
Les fleurs sont plus ou moins régulières et pentamères.
Les étamines sont en nombre variable et le pistil
est formé de 3 à 5 carpelles, dont un seul se développe
complètement. Chaque carpelle contient un seul ovule.
Le fruit est une drupe. La graine est sans albumen.
Cette famille comporte 60 genres et environ 345 espèces
presque toutes tropicales.
Les plantes de cette famille produisent des résines
ou vernis précieux (laque de Chine, etc.) ; plusieurs
sont riches en tannin (Rhus) ; d'autres sont comestibles
(Mangifera, Anacardium, Pistacia, etc.) ; d'autres enfin,
fournissent de bons bois d'ébénisterie.
2) Description de l'espèce Mangifera indica L.
Mangifera indica L. est un arbre fruitier dioïque, pouvant
atteindre 20 à 30 m de hauteur. L’écorce lisse,
d'un gris-brun foncé à noircir, est légèrement fissurée.
Le feuillage très fourni est aromatique à odeur
de térébenthine, persistant, coriace, vert sombre
et brillant. Les feuilles sont grandes (30 cm de long),
alternes, pétiolées, simples lancéolées-elliptiques.
Les jeunes feuilles sont teintées de rouge.
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La floraison a lieu après la saison sèche, sur des sujets ayant
entre 3 et 6 ans. Les inflorescences en panicule sont
terminales (environ 45 cm de long) et parfumées. Les fleurs,
minuscules, blanc jaunâtre, sont composées de 5 sépales,
5 pétales obovales et soit de 5 étamines (dont une seule
est fertile), soit d'un ovaire oblique à une loge.
Mangifera indica L.
Arbre
9
Description générale de la plante
[suite]
Les fruits sont produits à partir de la sixième année.
Le fruit est une drupe ovale, à peau cireuse et lisse, à odeur
et saveur nettes de térébenthine, à gros noyau central,
de couleur jaune verdâtre à rouge-orangé.
La chair très juteuse est jaune-orangé.
La drupe possède des formes et des couleurs variées selon les
variétés. En effet, une centaine de variétés sont décrites dans
le monde, dont les quatre plus répandues sont :
- La Mulgoba (ovoïde et de couleur jaune-rouge),
- L'Alphose (longue, jaune, moins fibreuse que les
autres, située en Inde),
- La Sanderska (jaune, longue avec un recourbement
terminal en forme de bec et au goût acide),
- la Cambodiana (jaune, de forme pointue, au goût acide,
localisée en Indochine).
Les fruits peuvent peser plus de 2 kg/pièce, la moyenne étant
de 600 gr/pièce.
La graine est réniforme, plate et protégée par une coque
recouverte de fibres.
10
Mangifera indica L.
Sommités fleuries
Mangifera indica L.
Fruits
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Description de la partie utilisée
� M OR P HOLO GI E
La graine de Mangue possède une forme particulière
d'embryon recroquevillé.
Les deux cotylédons sont enroulés en spirale l'un sur l'autre,
formant ainsi une masse réniforme verdâtre,
protégée par une enveloppe, l'endocarpe,
fin, rigide et fibreux, et les dernières assises du mésocarpe,
très fibreuses.
A
B
Mangifera indica L.
A – Noyau entier
B – Graine sectionnée dans le sens de la longueur
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� A N ATOM I E
« Le noyau de Mangue » est constitué par les assises profondes
du mésocarpe et l’endocarpe entourant la graine.
La partie externe (assises du mésocarpe) est fortement fibreuse
et semble recouverte de poils.
La section transversale du « noyau » montre de nombreux
faisceaux libéro-ligneux. Chaque faisceau présente :
- quelques vaisseaux de bois,
- un amas de liber,
- de nombreuses fibres sclérifiées à parois épaissies
et lumière étroite. Leurs parois sont parfois coudées
ou portent des aspérités.
Ces faisceaux tournent sur eux mêmes pour se disperser dans
le mésocarpe charnu, d’où l’impression de « poils » présentés
par le noyau.
Entre les faisceaux, existe un parenchyme cellulosique
sclérifié dont les cellules contiennent des macles d’oxalate
de calcium et des prismes d’oxalate de calcium.
L’endocarpe comprend des cellules fortement épaissies
« en puzzle » et des prismes d’oxalate de calcium.
13
Description de la partie utilisée
[suite]
Mangifera indica L.
Noyau : mésocarpe
Noyau : détail du mésocarpe
14
Faisceau libéro-ligneux
Macle
Fibres
Fibre
Macle
Fibres en section
transversale
Fibres en section
longitudinale
Prisme
Mangifera indica L.
Noyau : détail du mésocarpe
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Description de la partie utilisée
[suite]
Mangifera indica L.
« Poils » = Faisceau libéro-ligneux en vue longitudinale
Mangifera indica L.
Noyau : détail du mésocarpe
Fibre
Liber
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Vaisseau de bois
Mangifera indica L.
Fibre présentant des extrémités coudées
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Description de la partie utilisée
[suite]
A
B
Mangifera indica L.
Détail de l’endocarpe
A – Cellules lobées en puzzle - B – Cristaux prismatiques d’oxalate de calcium
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Références bibliographiques
ADJANOHOUN, E., ADJAKIDJE V., AHYI M.R.A. et al. (1989) - Contribution aux études
ethnobotaniques et floristiques en République populaire du Bénin Agence de coopération culturelle et technique, A.C.C.T. Paris.
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action of Mangifera indica in mice - Phytother. res., 15, 456-458.
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indica effectiveness for dyslipidemia - J. of ethnopharmacol,.79, 81-87.
ANJAEYULU V., RAVI K., HARISCHANDRA P. (1989) Triterpenoids from Mangifera indica - Phytochem., 28, 1471-1477.
BRUNETON J. (1999) - Pharmacognosie - Phytochimie - Plantes médicinales Ed. Lavoisier (Paris), 3e édition, 228, 489.
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COURCHET L. (1898) - Traité de botanique - Ed. Baillière (Paris), p. 890.
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KABUKI T., HADJIME N., MEGUMI A. (2000) - Characterization of novel antimicrobial
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SAIRAM K., HEMALATHA S., KUMAR A. (2003) - Evaluation of anti-diarrhoeal activity
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SCARTEZZINI P., SPERONI P. (2000) - Review of some plants
of Indian traditional medicine with antioxidant activity J. of ethnopharmacol., 74, p. 23-43.
SOUCI, FACHMANN, KRAUT (1994) - Food composition and nutrition tables
Ed. Medpharm, Stuttgart, p. 911-912.
Etude botanique “La Mangue”
Professeur Isabelle Fourasté
Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse
Mars 2005 - Réalisation et impression : SIA Lavaur
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Code : 458131 - 03-2005 - SIA
Fondation d’Entreprise
pour la Protection
et la Bonne Utilisation
du Patrimoine Végétal
15, Rue Théron-Périé - 81106 CASTRES CEDEX
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