326 ST. JONESCO Il soutient que ces plantes possèdent, dans le pigment rouge, un moyen d'accélérer les échanges de matières et d'énergie. Le même rôle a été attribué, par Stahl, au rougissement des stigmates des fleurs anémophiles et des feuilles rouges d'automne. Il affirme, en outre, que la large et abondante répartition des anthocyanes chez les plantes des régions marécageuses de notre climat, et surtout des pays tropicaux, est un fait général qui contribue certainement à élever la température interne des organes. Cette température, à son tour, facilite la transpiration rendue si difficile par les conditions d'humidité excessive de cet habitat. Pour illustrer ce fait, il cite beaucoup d'exemples de notre climat, et aussi de ceux des régions tropicales de Bornéo, de Java et du Mexique. Le rougissement des jeunes feuilles des régions tempérées est attribué, par ce savant, au fait que les pigments anthocyaniques qui accumulent de la chaleur dans les tissus de ces plantes favorisent le processus de métabolisme à des températures basses. C'est, d'ailleurs, la même idée que pour le rougissement des plantes alpines. L'élévation de température, constatée par Stahl, a été confirmée par des mesures plus précises de Smith. Cet auteur, en employant un appareil thermo-électrique qui présente l'avantage de prendre la température interne des tissus, a fait des mesures comparatives sur des feuilles rouges et des feuilles vertes de divers arbres à Ceylan, sous une insolation tropicale. Il a trouvé que les jeunes feuilles rouge brunâtre d'Amherstia nobilis ont une température de 2° plus élevée que les feuilles verdâtres de Saraca indica, tandis que les feuilles rouges de Mesua ferrea ont une température de 2°,8 plus élevée que celle des feuilles vertes de Saraca indica. En faisant les mêmes mesures sur des feuilles vertes et des feuilles blanches chez lesquelles le pigment chlorophyllien ne se développait pas (feuilles de Cladium), il a trouvé aussi que la température des feuilles vertes était plus élevée que celle des feuilles blanches. En général, les pigments, soit anthocyaniques, soit chlorophylliens, élèvent la température des organes. Enfin l'auteur a mesuré comparativement la