Synthèse de Mangifera indica (la Mangue) Interactions Bioculturelles Kiyota Sayuri Le manguier appartient à la famille Anacardaceae. Il s’agit de la même famille de la noix de cajou, la pistache et sumac. Le nom scientifique du manguier est Mangifera indica. Le genre Mangifera possède environ 48 espèces différentes (Tropicos.org). Parmi elles, la plus domestiqué est M. indica. Les autres espèces de Mangifera dont leurs fruits ont une pauvre qualité gustative sont considérées comme espèces sauvages (Bally, I. 2006). Dû au fait que M. indica fait partie des espèces domestiquées la plus ancienne du monde, nous allons étudier sa biologie, écologie et l’histoire de sa domestication. Description botanique de Mangifera indica : Arbre de 3 à 15 mètres de hauteur. Feuille simple, alterne, non stipulée, oblongue et glabre. Les feuilles jeunes sont de couleurs rouges à violètes et les feuilles matures sont vertes foncés. Inflorescence en panicules, hermaphrodites et mâles, les deux peuvent être présentes dans la même inflorescence. Le ratio de fleurs hermaphrodites et mâles varie selon la Figure 1. Feuille, inflorescence et fruit du manguier (Parrota, J. 1993) saison et la température lorsque les inflorescences ont été développées. Les fleurs hermaphrodites ont cinq sépales, cinq pétales et cinq étamines, mais qu’une seule fertile, ovaire supère d’un carpelle. Le fruit est une drupe. Selon la variété il peut varier en couleur, texture, taille, goût et forme. Le fruit a une forme ronde à oblongue ou ovale avec une compression latérale. Il peut peser entre 50 g à 2 kg exceptionnellement. Sa couleur varie entre verte et quand il est mûre sa couleur vire entre le rouge et le jaune (Bally, I. 2006). Distribution et histoire Le manguier est une plante des régions tropicales et subtropicales (Fig. 2). C’est en Asie où il a la plus grande diversité, avec environ 500 variétés décrites parmi lesquelles il Figure 3. Distribution actuelle de M. indica dans le monde (CABI, 2007) y en a 69 strictement tropicales (Wauthoz, N. et al, 2007). En Amérique latine, il y a plus de 40 variétés de M. indica. On peut remarquer la grande acceptation, adaptation et intégration du manguier aux différentes cultures de par les nombreux noms vernaculaires qu’il possède. Il y a environ 1000 noms vernaculaires différents du manguier autour du monde (Bally, I. 2006). Même si son ancêtre sauvage n’est pas encore déterminé théoriquement, les fruits de ces espèces sauvages doivent avoir un fruit plus petit, amère, fibreux et sablonneux, avec une substance astringente à la peau, c’est-à-dire moins savoureuse (Mukherjee, S., K. 1969). Les analyses morphologiques des fleurs montrent une différenciation entre les diverses espèces. La condition plus ancienne contient 10 étamines fertiles comme chez M. duperreana et M. lagenifera. Un groupe moins ancien contient 5 étamines fertiles comme chez M. cochinchinensis et M. petandra et en revanche qu’une seule chez M. indica. Ce dernier groupe est considéré comme le plus évolué de par ses traits morphologiques. Parmi les espèces ne possédant qu’une étamine, la plus proche de M. indica est M. sylvatica. Cette espèce est peut-être l’ancêtre de M. indica. Il s’agit d’un arbre qui peut atteindre jusqu’à 30 mètres de hauteur et 7 à 9 mètres de circonférence. Il pousse dans la forêt en Inde et en Birmanie Figure 2. Comparaison entre les différentes formes de fruit des ancêtres sauvages par rapport à M. indica avec M. indica. Ses fruits sont plus petits, avec une forme allongée qu’on ne trouve pas dans les plantations de la mangue (Fig. 3). La certification par analyses des caryotypes et du pollen n’a pas montré des différences significatives entre M. indica et M. sylvatica. Cela complique donc la détermination de l’état sauvage. Le centre d’origine du manguier est difficile à préciser du fait du peu de registre fossile disponible. D’un côté, le registre fossile le plus ancien est l’impression d’une feuille qui appartient à M. petandra à Assam (Inde). D’un autre côté, la grande diversification d’espèces de Mangifera présente en Malaise indique que cela peut être aussi le centre d’origine du manguier. Mais le registre fossile découvert à Assam et la présence de variétés phylogénétiquement plus primitives comme M. duperreana et M. lagenifera en Inde indiquent que l’Inde est probablement son centre d’origine (Mukherjee, S., K. 1969). Figure 4. Carte de distribution naturelle de M. indica. (Parrota, 1993) L’existence des mangues a été confirmée dans les écritures sanscrites qui contenaient déjà le nom du manguier mettant en évidence sa connaissance par cette culture. L’expansion du manguier dans la région Asiatique s’est faite pendant le période bouddhiste entre le IVème et Vème siècle avant JC lorsque les moines Indiens ont voyagé et ramené le fruit dans d’autres endroits (Jiron, L., F. et Hedstrhom, 1985 ; Mukherjee, S., K. 1969). Son expansion dans le monde est liée par la suite aux processus de colonisation et d’expansion des occidentaux. Cela a commencé avec les Portugais au XVIème siècle qui ont ramené les graines et les plantes de l’Inde jusqu’à l’est et l’ouest de l’Afrique. D’autres hypothèses assurent que cette plante était déjà introduite en l’Afrique à travers la Perse et l’Arabie (Malo, S., 1970). Exigences écologiques Le manguier pousse dans les régions tropicales entre le niveau de la mer et jusqu’à 1500 mètres d’altitude. En générale, les espèces commerciales se cultivent à 600 mètres d’altitude. Elles ne sont pas exigeantes pour ce qui est des sols. Mais elles poussent préférablement sur des sols basiques, bien drainés, profonds et argileux- sableux. Les températures optimales sont entre 24°C et 27°C. Elles sont adaptées à une myriade de régimes de pluie entre les 400 et 3600 mm annuelles. Les arbres produisent mieux à partir de 750 mm annuelles (Malo, S., 1970 ; Parrota, 1993 et Bally, I., 2006). Pour qu’ils fleurissent, il faut qu’ils soient exposés à une saison des pluies pendant l’été et une période sèche. Ils peuvent résister à la sécheresse jusqu’à 8 mois maximum. Ce sont des plantes hélophytes, ses branches les plus exposées au soleil seront les mieux fleuries. Les meilleurs fruits sont là où il y a le plus de lumière. Le manguier ne résiste ni au feu ni aux vents très forts, par contre il a une grande capacité régénérative (Bally, I., 2006). Le manguier peut commencer à fructifier à partir des 2 ou 4 ans après avoir été plantés et continuer de produire des fruits jusqu’à 100 ans. Mais il rend les meilleurs fruits entre les 20 et 40 ans. La phénologie est un cycle d’une année complet, mais dans les régions équatoriales il peut y avoir plus d’une fleuraison par an dû au fait qu’il n’y a pas de grandes variations de saison. Pour que la fleuraison ait lieu, il est nécessaire d’avoir une saison froide et sèche. C’est la chute des températures (entre 8°C et 15°C) qui active les mécanismes de fleuraison (Bally, I., 2006). Les principaux pollinisateurs du manguier sont le vent, les abeilles, les fourmis, les mouches, les papillons et les guêpes (Jiron, L., F. et Hedstrhom, 1985 ; Peña, J. 2003). Le rendement du manguier est faible par rapport à d’autres cultures. Cela va dépendre de la variété, de l’âge de l’arbre, de la taille, des conditions climatiques, etc. (Parrota, 1993) La reproduction se fait par graines. Les graines peuvent être monoembrioniques ou polyembrioniques (Mukherjee, S., K. 1969 ; Parrota, 1993 ; Bally, I. 2006). Les graines monoembryoniques sont produites par la double fécondation, donc elles ont le génotype de ses parents, la plantule résultante sera différente de ses progénitures. Dans le cas des graines polyembrioniques, elles sont produites par le développement de l’embryon issue du nucelle, sans fécondation, donc la plante résultante aura le même génotype que la plante mère, c'est-à-dire qu’elle est un clone. Dans les plantations de manguier, la graine la plus utilisée est la poliembryoniques car elle peut conserver les caractères les plus favorables de la plante mère. Le stockage des graines de manguier est difficile car elles sont sensibles aux pathogènes et elles perdent rapidement leur viabilité. Il est très commun de faire la propagation par greffes afin d’améliorer le rendement de l’arbre. Utilités M. indica est connu pour son fruit charnu. Il est utilisé dans le monde entier dans différentes recettes de cuisine. Qu’il soit cru ou cuit, vert ou mûre, il est apprécié pour son bon goût sucré et acide, riche en carbohydrates, protéines, minéraux et vitamines A, B1, B2 et C. Lorsque le fruit mûrit, sa concentration de vitamine C diminue mais par contre les concentrations de vitamine A, de glucose, de fructose et de sucrose augmentent. Dû à sa haute concentration en vitamine A, il est utilisé comme complément vitaminique. En Inde, la sève du fruit est employée pour guérir les piqûres des abeilles et scorpions. En général, la médicine indienne utilise le fruit vert pour les problèmes d’estomac, de fatigue et de désordres du sang, sauf pour le traitement de la maladie de la nuit où le besoin de vitamine A est considérable donc ils le consomment plutôt mûre. Dans l’industrie des aliments, la mangue est utilisée pour conférer son goût aux thés, céréales, jus de fruit, cocktails, biscuits, glace, etc. L’industrie de cosmétique l’utilise également dans l’élaboration de crèmes, parfums, etc. (Bally, I. 2006). Les feuilles du manguier servent pour le traitement du diabète, comme antiinflammatoire et pour nourrir le bétail. Mais elles peuvent devenir toxiques lorsqu’elles sont mangées en grand quantités. Les fleurs du manguier sont une source riche de nectar pour la production de miel par les abeilles (Parrota, 1993). Le bois de manguier est gris-marron et léger. Il est utilisé dans la construction des canoës, meubles, pour les sculptures et comme charbon végétal. L’écorce contient une substance qui est la manguiferine. Son composant principal est le C-glucocile-xanthone qui a des propriétés antioxydants, anti-inflammatoire, analgésique et est utilisé dans le traitement inmunodéficient pour prévenir les rechutes de maladies ou soigner les maladies d’estomac. Aujourd’hui, ce composant a un grand intérêt pour les sciences médicales avec l’isolement de la substance manguiferine, qui confirme toutes ces actions bénéfiques. (Wauthoz, N. et al, 2007) et pour lesquelles le manguier a été utilisé traditionnellement par différentes cultures du monde. Bibliographie BALLY, I. 2006. Mangifera indica (mango). Pdf téléchargé sur la page Internet : http://www.agroforestry.net/tti/Mangifera-mango.pdf JIRON, L., F. and Hedstrhom. 1985. Pollination ecology of mango (Mangifera indica L.) (ANACARDIACEAE) in the neotrópico region. Turrialba: Vol 35, No 3: 269-277 MALO, S. 1970. Mango and avocado cultivars present status and future developments. Proc. Fla. State Hort. Soc. 83:357-362 PARROTA, J. 1993. Mangifera indica L. Mango. SO.ITF-SM-63. New Orleans, LA: US. Department of Agriculture, Forest Service, Southern Forest Experiment Station. 6 p. PEÑA, J. 2003. Insectos polinizadores de frutales tropicales: no solo las abejas llevan la miel al panal. Manejo Integrado de Plagas y Agroecología (Costa Rica) N°. 69 p. 6-20 WAUTHOZ N., BALDE, A., SAÏDOU, E., VAN DAMME, M. et DUEZ P. 2007. Ethonopharmacology of Mangifera indica L. Bark and Pharmacological Studies of its Main C-Glucosylxanthone, Mangiferin. International Journal of Biomedical and Pharmaceutical Sciences 1 (2): 112-119 Tropicos.org. Missouri Botanical Garden. 01 Feb 2014 http://www.tropicos.org/Name/40013195 Sources des images de la première page : Images de manguier, fleurs et fruit : http://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Manguier/1005289 Image d’indiennes se balançant sur le manguier : http://www.sindbadpuzzle.com/fr/puzzles-1000-pieces-art-oriental/27-femmes-se-balancant-sousun-manguier.html Image d’africains sous un manguier : http://pinceauxdemalela.canalblog.com/albums/aquarelles/photos/21439282sous_le_manguier_en_fleurs.html Image de variétés de mangues : http://www.ecured.cu/index.php/Archivo:Mango-variedades.jpg