Claude BEUCHER-MARSAL Maitre de Conférences en Sciences du Langage et en Sciences de l’Education ESPE de Bretagne, école interne de l’Université de Brest (UBO), université européenne de Bretagne CREAD (E.A. 3875) [email protected] ou [email protected] Colloque international HELICE Bordeaux, les 6, 7 et 8 novembre 2013 Les fables à l’école (XIX° - XXI° siècles) : un patrimoine européen ? Incidence de l’utilisation d’un manuel ou non sur des pratiques d’enseignement de l’écriture de fables en CE2, en 6e pour la France et en fin de secondaire pour la Belgique francophone Axe 3. Les modalités d’enseignement et d’apprentissage En quoi les choix de propositions de lecture-écriture de fables dans les manuels ou a contrario l’absence de manuel peuvent-elles orienter les conceptions du genre et les pratiques d’enseignement de l’écriture de fables auprès d’enseignants d’école primaire, de collège en France et de fin de secondaire en Belgique francophone ? Après un rappel de la place des fables dans l’histoire des programmes en France et en Belgique francophone pour les niveaux étudiés et des compétences visées aussi bien pour la lecture que pour l’écriture (Beucher, 2010), nous cherchons les spécificités de pratiques qui résultent en partie de l’usage d’un manuel français et d’un manuel belge qui l’un et l’autre orientent ces pratiques parfois au prix de contradictions avec les conceptions déclarées des enseignants. Ainsi nous montrons la richesse d’un genre qui a gagné en noblesse depuis La Fontaine et les difficultés tant pour l’enseignant que pour les élèves liées à l’enseignement du genre fable (Beucher, 2009). Celui-ci permet à la fois de construire un lien complexe entre l’abstrait et le concret (Lessing) et de travailler des personnages symboliques parce qu’ils sont, par leurs actions ou leurs paroles, porteurs d’une morale et de traits de caractères qui les font passer du singulier au généralisable. De plus en fonction du niveau et des pays, les manuels choisis mettent en avant des compétences d’écriture narrative spécifiques et en particulier un certain applicationnisme du schéma narratif (Fabre, 1989) ou une écriture à dominante argumentative qui donne à la fable sa dimension d’apologue. Les manuels induisent un choix entre une écriture plutôt classique ou parodique, versifiée ou en prose, proposent des couples de personnages ou établissent un lien entre une trame et une morale déjà formulée, autant de choix qui sont en adéquation ou en rupture avec les propres attentes des enseignants observés ou avec les modèles textuels patrimoniaux enseignés en littérature au sein des séquences. Présentation du corpus utilisé : Le corpus compare les effets d’un enseignement sans manuel en CE2 privilégiant le groupement de textes autour d’Esope et La Fontaine et la lecture cursive d’une œuvre intégrale d’Ibn Al-Muqqaffa Kalila et Dimna. En 6e le manuel servant de support à la lecture-écriture de fables est le manuel de BRIAT, CAVROIS, DURAND DEGRANGES, LAHARRA (2009) dans la collection Jardin des Lettres, Magnard et pour le secondaire supérieur il s’agit de l’ouvrage dirigé par DUMORTIER (2002) Ecrire pour les autres, éditions Labor. Les séances ont été filmées, transcrites, les préparations enseignantes relevées et les copies d’élèves recueillies dans leurs différentes versions pour servir de base à nos analyses. Des entretiens avec les enseignants permettent d’éclairer leurs conceptions de la fable. Bibliographie : - BEUCHER, C. (2009). « L’enseignement de l’écriture de la fable en primaire et en lycée : analyse de pratiques ». In Dufays Jean-Louis et Plane Sylvie L’écriture de fiction en classe de français, Presses Universitaires de Namur, Cedocef, p. 87-104. - BEUCHER, C. (2010). L’accompagnement de l’écriture de nouvelles et de fables dans l’enseignement primaire et secondaire, thèse en sciences du langage, sous la direction de GarciaDebanc C. et Dufays J.-L., et en langues et lettres, université de Toulouse 2 Le Mirail et Université Catholique de Louvain, 600 pages, téléchargeable en ligne avec le volume d’annexes 2 sur la fable à http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00674635. - CANVAT K. (1990). « Diversification et genres littéraires : les fables de La Fontaine », p. 175-180 in Schneuwly B. (dir.), Diversifier l’enseignement du français écrit. Actes du IVe colloque international du français langue maternelle, Lausanne, Delachaux et Niestlé. - FABRE, M. (1989). L’enfant et les fables. Paris. PUF. 280 p. - LESSING G.E. (2008). Traités sur la fable, Vrin, 222 p.