Troubles bipolaires: traitement

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Troubles bipolaires: traitement1
Josef Hättenschwilera, Paul Höcka, Martin Hatzingerb, Erich Seifritzc, Jiri Modestina
a
c
Zentrum für Angst- und Depressionsbehandlung Zürich (ZADZ), Zürich, b Erwachsenenpsychiatrie, Psychiatrische Dienste, Solothurn,
Klinik für Affektive Erkrankungen und Allgemeinpsychiatrie Zürich Ost, Psychiatrische Universitätsklinik, Zürich
Options thérapeutiques
Quintessence
P Les troubles bipolaires sont des pathologies récidivantes complexes.
P Le traitement de ces affections comprend une composante médicamenteuse, psychothérapeutique, psychoéducative et sociothérapeutique.
P Les médicaments utilisés sont essentiellement les stabilisateurs de
l’humeur et les antipsychotiques atypiques.
P Les traitements combinés sont plutôt la règle que l’exception à toutes
les phases de la maladie.
P Contrairement à la dépression unipolaire, les antidépresseurs ne
doivent être administrés qu’avec prudence et en règle générale en association aux stabilisateurs de l’humeur.
P Le but du traitement est la rémission fonctionnelle, c.-à-d. l’absence
de symptômes avec une normalisation des capacités fonctionnelles.
Introduction
Josef
Hättenschwiler
Les auteurs
certifient
qu’aucun conflit
d’intérêt n’est lié
à cet article.
Dans la première partie1 de notre article sur les
troubles affectifs bipolaires furent abordés les
éléments de diagnostic, d’épidémiologie et d’évolution
de ces affections [1]. La prise en charge thérapeutique
s’est modifiée ces dernières années en raison: 1)
d’une vision intégrée du traitement non seulement en
phase aiguë mais également dans la prévention des
récidives, 2) d’une prise en charge globale de la
maladie et pas uniquement lors des décompensations
aiguës et 3) de l’établissement d’un objectif
thérapeutique qui vise la rémission complète de la
maladie avec l’obtention d’un status psychique quo
ante. Le traitement des troubles bipolaires est une
prise en charge à long terme et comporte une
composante médicamenteuse, psychothérapeutique,
psychoéducative et sociothérapeutique. Il est capital
de traiter non seulement la phase aiguë mais aussi de
prévenir les phases de rechutes ultérieures. Des
recommandations nationales et internationales ont
été publiées ces dernières années sur le diagnostic et
le traitement des troubles bipolaires [3–6]. Elles ne
sont pas toutes identiques et leur application – même
si elles sont en principe basées sur une évidence
scientifique – n’est pas toujours facile en pratique
clinique. Il est vrai que près de 90% des patients ne se
qualifient pas pour participer à des études [5].
Vous trouverez les questions à choix multiple concernant cet article
à la page 763 ou sur Internet sous www.smf-cme.ch.
Les troubles bipolaires se traitent d’abord par des
psychotropes (tab. 1 p). Il s’agit de stabilisateurs de
l’humeur («mood stabilizers») tels que le lithium, les
antiépileptiques et les antipsychotiques atypiques. Les
antidépresseurs sont controversés en raison surtout
de leur risque de passer à la manie («switch») et
de favoriser le «Rapid Cycling» [1]. Dans la manie
sont utilisés en plus du lithium essentiellement les
antipsychotiques atypiques tels qu’olanzapine,
rispéridone, quétiapine et aripiprazole, qui sont
enregistrés en Suisse dans cette indication [3].
Trois phases du traitement
Le traitement aigu va du début de la décompensation
psychique jusqu’à la rémission et dure env. 6–8 semaines. Le traitement d’entretien qui le suit va jusqu’à
la fin de l’épisode (env. 4–6 mois). Il n’est pas terminé
avec l’absence de symptômes, qui ne sont qu’atténués
et réapparaissent rapidement après l’arrêt du
traitement. Le traitement d’entretien se prolonge après
la fin de l’épisode dans la prévention des récidives
(traitement à long terme), dans le but de prévenir de
nouveaux épisodes de décompensation [7, 8]. Il est
difficile en pratique de séparer ces trois phases, raison
pour laquelle seuls les traitements aigus et à long terme
(«maintenance treatment») sont distingués [7, 9].
Traitement aigu
Le but du traitement aigu est de faire disparaître les
symptômes aussi bien maniaques que dépressifs, et
ceci par:
– l’établissement d’une relation médecin–patient de
confiance pour favoriser la motivation;
– un traitement agressif des symptômes maniaques et
dépressifs;
– un contrôle du risque suicidaire et des comorbidités
comme l’alcoolisme;
– une amélioration de l’auto-observation et de l’autocontrôle;
1 La 1re partie, «Troubles bipolaires: diagnostic», a paru dans le
numéro 42 du 14.10.2009, que vous pouvez également consulter
sous www.medicalforum.ch/f/set_archiv.html.
2 Les appendices 1 et 2 se trouvent avec la liste complète des
références numérotées sous www.medicalforum.ch.
Forum Med Suisse 2009;9(43):772
772
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Tableau 1. Monothérapies de première intention des troubles bipolaires
selon le CANMAT [3].
Lithium
Manie
3
Dépression
3
Prophylaxie
des phases
3
Valproate
Lamotrigine Olanzapine
3
3
3
3
3
Quétiapine
3
3
3
3
Tableau 2. Traitement de la dépression bipolaire aiguë (type I) (CANMAT) [3].
Options
Choix
1re intention
Lithium, lamotrigine, quétiapine en monothérapie,
(lithium ou valproate) + ISRS, olanzapine + ISRS,
lithium + valproate, (lithium ou valproate) + bupropion
2e intention
Quétiapine + ISRS, valproate, (lithium ou valproate) + lamotrigine,
modafinil en plus
Tableau 3. Traitement de la manie aiguë selon le CANMAT [3].
Options
Choix
1 intention
Lithium, valproate, olanzapine, rispéridone, quétiapine, quétiapine XR,
aripiprazole en monothérapie
(lithium ou valproate) + rispéridone, (lithium ou valproate)
+ quétiapine, (lithium ou valproate) + olanzapine, (lithium ou valproate)
+ aripiprazole
2e intention
Carbamazépine, ECT, lithium + valproate, palipéridone
re
ECT = électro-convulsivothérapie.
– une amélioration ou un entretien des aptitudes habituelles et de la qualité de vie.
Après le contrôle des symptômes aigus, il est éventuellement possible de simplifier – avec grande prudence –
le traitement médicamenteux. Le but est la rémission
complète. Elle améliore considérablement le pronostic
en matière de récidive et de capacité fonctionnelle. La
réinsertion sociale et professionnelle a une grande importance pendant le traitement d’entretien. Les patients, soutenus par les mesures psycho- et sociothérapeutiques, doivent retrouver les aptitudes fonctionnelles
qui étaient les leurs avant la décompensation psychique. Ils doivent savoir qu’ils sont asymptomatiques,
certes, mais que la prédisposition bipolaire est toujours
présente.
Traitement aigu de la dépression bipolaire
Les dépressions bipolaires ne se traitent pas de la
même manière que les dépressions unipolaires [3–5].
La principale différence réside dans l’emploi des
antidépresseurs (surtout, mais pas uniquement les
tricycliques) [13]. En présence d’un trouble bipolaire,
certains antidépresseurs peuvent favoriser le passage à
la manie et induire un «Rapid Cycling» [3, 9] et ils ne
sont donc pas recommandés sans un stabilisateur de
l’humeur. En première intention et en monothérapie, le
projet des nouvelles recommandations américaines de
l’APA (2009) préconise la quétiapine pour le traitement
de la dépression bipolaire. Toutefois, CANMAT recommande un traitement au lithium et à la lamotrigine
(tab. 2 p, appendice 12) [14]. Dans certaines études
[3, 6] mais pas toutes [5], l’association de stabilisateurs
de l’humeur aux ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) a fait ses preuves [3, 6]. Dans
la dépression bipolaire grave, un antidépresseur est
souvent indispensable [7] et les ISRS ou le bupropion
sont préférés aux tricycliques en raison d’un risque
réduit d’effets secondaires ou d’intoxications.
Parmi les «antiépileptiques», la lamotrigine a une place
particulière dans l’arsenal thérapeutique. Elle a un effet
antidépresseur et peut prévenir une récidive dépressive
[8]. Elle a également fait ses preuves dans le «Rapid
Cycling» [4, 6, 8, 10], seule ou en association au lithium
[8]. Contrairement aux recommandations de CANMAT,
NICE ne recommande pas un traitement en monothérapie par lamotrigine dans la dépression aiguë
[4, 5]. Quelques études ont montré l’effet bénéfique du
pramipéxole et des acides gras oméga-3. Le CANMAT
recommande en seconde intention, et c’est nouveau, le
modafinil en association, un médicament destiné au
traitement de la narcolepsie [3, 9]. En cas d’échec d’un
stabilisateur de l’humeur et d’un antidépresseur, il est
possible de donner un second stabilisateur – en particulier le lithium. Dans la dépression grave et réfractaire
au traitement, on peut envisager une électroconvulsivothérapie (ECT). Les antipsychotiques sont
indiqués en plus en présence de symptômes psychotiques (tab. 2).
Les médicaments utilisés dans la dépression bipolaire
ont différents effets indésirables mais les graves
problèmes de tolérance sont rares [9] (appendice 12 [14]).
Les effets indésirables initiaux s’atténuent ou disparaissent par la suite. Ils sont très souvent dosedépendants et peuvent être prévenus par une adaptation
des doses ou un changement de médicament.
Traitement aigu de la manie
Dans la manie, ce sont d’abord les stabilisateurs de
l’humeur lithium ou valproate (plus rarement carbamazépine et oxcarbazépine) qui entrent en considération, de même que les antipsychotiques atypiques
olanzapine, quétiapine, rispéridone, aripiprazole, clozapine et palipéridone (tab. 3 p). C’est généralement
l’association d’un antipsychotique atypique à un
stabilisateur de l’humeur qui est l’approche thérapeutique la plus efficace. Les antipsychotiques atypiques
sont meilleurs que les anciens antipsychotiques dit
«typiques», surtout dans la manie psychotique [9].
Les antipsychotiques typiques sont moins indiqués
pour le traitement à long terme (troubles moteurs
extrapyramidaux, dépression) [9, 10]. A sa phase
initiale, un épisode maniaque est souvent traité
uniquement par augmentation de la dose du stabilisateur de l’humeur précédemment utilisé à titre prophylactique. Dans les manies légères, une monothérapie
par l’une des substances mentionnées peut s’avérer
suffisante. Dans les épisodes graves, un stabilisateur
de l’humeur peut être associé soit à un antipsychotique atypique soit à un autre stabilisateur. Les
benzodiazépines atténuent l’excitation et l’angoisse,
mais peuvent avoir un effet paradoxal dans la manie
surtout, dans le sens d’une désinhibition.
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Tableau 4. Traitement à long terme (prévention des récidives) des troubles
bipolaires selon le CANMAT [3].
Options
Choix
1re intention
Lithium, lamotrigine (pour manies légères), valproate, olanzapine,
quétiapine, aripiprazole en monothérapie
(lithium ou valproate) + quétiapine, rispéridone dépôt
2e intention
Carbamazépine, lithium + valproate, lithium + carbamazépine,
(lithium ou valproate) + olanzapine, lithium + rispéridone, lithium
+ lamotrigine, olanzapine + fluoxétine
3e intention
Plus phénytoïne, clozapine, ECT, topiramate, gabapentine,
acides gras oméga 3, oxcarbazépine
ECT = électro-convulsivothérapie.
Durant la phase aiguë, il est possible de doser
rapidement les taux de lithium et de valproate. Les taux
sériques optimaux de lithium sont de l’ordre de 1,0 à
1,2 mmol/l, au-delà de quoi les effets indésirables
augmentent. Un bon effet antimaniaque est confirmé
pour la carbamazépine également. En cas de traitement
combiné – ce qui est plutôt la règle dans les troubles
bipolaires – il ne faut pas négliger le potentiel d’induction
des enzymes hépatiques. La carbamazépine abaisse les
concentrations plasmatiques des antipsychotiques,
antidépresseurs, antiépileptiques et anticonceptionnels,
et potentiellement les concentrations de carbamazépine
après quelques semaines par effet d’auto-induction
enzymatique [9, 10]. L’oxcarbazépine a peu d’influence
sur les enzymes hépatiques, mais les doses administrées
doivent être plus élevées. Le valproate inhibe le
métabolisme de plusieurs substances.
Le traitement de la manie est pratiquement toujours
aigu. Pour les états d’excitation maniaque, il existe des
formes intramusculaires d’olanzapine (attention aux
associations avec les benzodiazépines!) et d’aripiprazole.
L’état d’esprit survolté de la manie donne la certitude
d’être en pleine forme, ce qui complique le traitement
ou le rend impossible. Les patients et leur entourage
doivent apprendre à reconnaître les premiers symptômes de la manie comme signaux d’alarme et à contacter sans tarder le médecin.
Manie avec symptômes psychotiques
Ce sont ici les antipsychotiques, atypiques, qui agissent,
généralement associés à un stabilisateur de l’humeur.
L’efficacité de l’aripiprazole, de l’olanzapine, de la
quétiapine et de la rispéridone – en monothérapie – est
confirmée dans des études contrôlées (tab. 3) [3, 9].
Traitement du «Rapid Cycling»
Le traitement est difficile, surtout dans les changements
d’humeur rapides et répétés. Il faut si possible éviter les
antidépresseurs à long terme, ou au moins les associer
à un stabilisateur de l’humeur. Le lithium et le valproate
sont censés être équivalents dans le «Rapid Cycling»
[9]. En cas de réponse insuffisante, le CANMAT [3]
propose de passer à l’olanzapine ou à une association
de deux stabilisateurs de l’humeur. En troisième
intention entrent en ligne de compte les autres
antipsychotiques atypiques (quétiapine, rispéridone,
clozapine). Les patients en «Rapid Cycling» souffrent
parfois d’une hypothyroïdie, exigeant elle aussi un
traitement [9, 10].
Traitement des troubles bipolaires mixtes
Dans un trouble mixte, les symptômes maniaques et
dépressifs sont présents simultanément. Leur pronostic
est moins bon malgré le traitement et le risque suicidaire
est plus élevé. Le valproate, la lamotrigine et la
carbamazépine sont meilleurs qu’un traitement de
lithium [8, 9]. Certains arguments veulent que les
antipsychotiques atypiques soient eux aussi efficaces.
Les antidépresseurs doivent être utilisés avec retenue.
Traitement à long terme
(prévention des récidives)
Il fait suite aux traitements aigu et d’entretien et doit se
poursuivre à long terme, voire à vie [2, 3], ce qui est
souvent assez mal accepté. Les recommandations ne
sont pas unanimes: les américaines (APA 2002)
préconisent un traitement à long terme après le premier
épisode maniaque déjà, le NICE et la «World Federation
of the Societies of Biological Psychiatry» (WFSBP) après
le second épisode maniaque [4, 6]. Mais pour décider
d’un traitement à long terme, il faut également tenir
compte de l’intensité de l’épisode maniaque, de la
prédisposition familiale, du jeune âge, des symptômes
résiduels, du trouble anxieux ou de la dépendance
concomitants, sans oublier la situation existentielle
actuelle.
Pourquoi le traitement à long terme
est-il si important?
La nécessité d’un traitement à long terme des troubles
bipolaires est requise en raison d’un nombre important
de récidives: après la première hypomanie ou manie,
la probabilité de récidive est de 90% [2], de 60 à 80%
après interruption d’un stabilisateur de l’humeur et
même de 20 à 50% sous traitement. De nombreux
patients ne bénéficient en outre pas d’une rémission
symptomatique et fonctionnelle, ce qui augmente le
risque de récidive. Ceci est également vrai en présence
d’une consommation de substances, de symptômes
psychotiques ne corres-pondant pas à l’humeur et d’une
anamnèse familiale positive. Chaque épisode favorise
l’ap-parition
de
nouvelles phases, avec
Certains arguments veulent
pour consé-quence une
que les épisodes cumulés
plus mau-vaise qualité
provoquent des altérations
de vie, une résistance au
structurelles dans le cerveau,
traitement
et
des
supposées être à l’origine
hospitalisations
plus
des dysfonctions cognitives
longues [3, 5]. Certains
arguments veulent que
les épisodes cumulés provoquent des altérations structurelles dans le cerveau, supposées être à l’origine des
dysfonctions cognitives [3, 7, 8]. Ces dernières sont
probablement réversibles ou peuvent être prévenues par
un traitement aussi précoce qu’adéquat (tab. 4 p).
Il n’y a pratiquement aucune étude sur l’impact d’un
traitement à long terme au delà de 18 mois. Sont
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recommandés en première intention le lithium, la
lamotrigine, le valproate ou l’olanzapine (tab. 4) [3, 4, 6],
et plus récemment la quétiapine et l’aripiprazole. Le
lithium, en plus de son effet sur la prévention des phases,
a également un effet antisuicidaire [8]. Les concentrations
sériques doivent rester entre 0,5 et 1,0 mmol/l; la
clairance de la créatinine et la TSH doivent être contrôlées
avant et pendant le traitement. Le bon effet de la
lamotrigine sur la prévention des récidives d’épisodes
dépressifs a déjà été mentionné, et elle est bien tolérée si
la titration se fait progressivement [9]. Le valproate a la
préférence dans une symptomatologie maniaque, les
troubles mixtes et le «Rapid Cycling». La carbamazépine
n’est utilisée aujourd’hui qu’avec retenue en raison de
ses effets indésirables et des interactions.
Les antipsychotiques atypiques (olanzapine, aripiprazole, rispéridone, quétiapine) ont un effet préventif des
récidives en monothérapie ou en traitement combiné
[3, 10]. L’adjonction d’un antipsychotique atypique au
lithium ou au valproate n’a pas donné de meilleur résultat que la monothérapie par le stabilisateur de l’humeur
[3, 9]. Les antidépresseurs n’ont pratiquement pas fait
l’objet d’études à long terme et sont contestés en raison
de leur potentiel d’induction de «switch» et de «Rapid
Cycling». Mais il semble qu’un sous-groupe de patients
bipolaires profite de l’association à long terme d’un antidépresseur à un stabilisateur de l’humeur [9].
Facteurs déstabilisants
Les antiasthmatiques (oraux), les glucocorticostéroïdes,
les tricycliques, l’interféron, les décongestionnants des
muqueuses et d’autres médicaments peuvent déstabiliser
la «balance» bipolaire. Ceci vaut également pour l’alcool,
la caféine, la cocaïne et d’autres stimulants. Tout autre
médicament doit donc être utilisé avec prudence [3, 4, 8].
Contrôle du traitement
Un traitement médicamenteux impose le contrôle de
certains paramètres de laboratoire. Réponse insuffisante, intolérance ou suspicion de non-compliance aux
médicaments requièrent d’évaluer les concentrations
sanguines. Les contrôles obligatoires des taux de lithium sont particulièrement importants (marges thérapeutiques étroites). Dans les troubles bipolaires, le
risque de pathologies somatiques comorbides est en
outre accru, encore plus par certains médicaments. Il
s’agit d’être attentif aux conséquences métaboliques
des antipsychotiques à long terme (prise pondérale,
dyslipidémie, diabète). Un aide-mémoire des examens
recommandés se trouve sur le site web de la Société
suisse pour les troubles anxieux et de dépression
(www.ssad.ch).
Références recommandées
– Yatham LN, Kennedy SH, Schaffer A, et al. Canadian Network for
Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) and International Society
for Bipolar Disorders (ISBD) collaborative update of CANMAT guidelines for the management of patients with bipolar disorder: update
2009. Bipolar Disord. 2009;11:225–55.
– Grunze H, Kasper S, Goodwin G, Bowden C, Möller HJ. WFSBP Task
Force on Treatment Guidelines for bipolar Disorders: The World Federation of Societies of Biological Psychiatry (WFSBP) Guidelines for
Psychothérapie
Bien que les médicaments soient au premier plan dans
les troubles bipolaires, une psychothérapie est indispensable. Elle peut améliorer la volonté de prendre les
médicaments, diminuer les récidives et les hospitalisations et améliorer l’état général et l’adaptation sociale
[3, 4, 11, 12]. Les interventions psychothérapeutiques
visent à reconnaître les facteurs déclenchants (alcool,
drogues, stress, etc.) et la manière de les gérer, la maîtrise de la maladie et la gestion des symptômes résiduels et idées suicidaires, la problématique de l’estime
de soi, de même que la tendance à nier la maladie et la
faible disposition à prendre les médicaments à long
terme. L’information a ici une grande importance. Les
psychothérapies psychodynamiques, psychoéducatives
et comportementales personnelles, familiales ou de
groupe [11] peuvent avoir une influence positive sur
l’évolution, la situation existentielle et le vécu subjectif.
Les contacts réguliers avec le médecin sont nécessaires
même dans les phases stables, de manière à traiter
rapidement les récidives.
Psychoéducation
La psychoéducation transmet des informations sur les
symptômes et les causes des troubles psychiques ainsi
que des concepts de traitement. La connaissance de la
maladie a un effet positif sur le traitement, le pronostic
et le risque de récidives. Les personnes concernées
apprennent à reconnaître et à maîtriser de bonne heure
les situations de crise et se sentent moins stressées et
impuissantes. La psychoéducation contribue également
à déstigmatiser la maladie et à vaincre les appréhensions
à consulter pour un traitement [12].
Remerciements
Nous remercions cordialement le Professeur Max
Stäubli, Médecine interne FMH, Ebmatingen, le Dr
Stefan Rennhard, Médecine générale FMH, Niederhasli,
et Madame Claudia Tanner, Wermatswil, pour leurs
suggestions et corrections constructives.
Correspondance:
Dr Josef Hättenschwiler
Zentrum für Angst- und Depressionsbehandlung Zürich (ZADZ)
Dufourstrasse 161
CH-8008 Zürich
[email protected]
www.zadz.ch
the biological treatment of bipolar disorders. Update 2009: www.
wfsbp.org/treatment-guidelines/bipolar-disorders.html
– Aubry JM, Ferrero F, Schaad N. Pharmakotherapie bipolarer Störungen. Bern, Huber 2006.
La liste complète des références numérotées se trouve sous www.
medicalforum.ch, ainsi que les appendices 1 et 2.
Forum Med Suisse 2009;9(43):775
775
PRAXIS
Bipolaren Störungen, Teil 2: Therapie /
Troubles bipolaires, 2e partie: traitement
Appendice 1. Effets et effets indésirables les plus importants des stabilisateurs de l’humeur [9].
Principe actif
Caractéristiques particulières
Effets indésirables les plus importants
Lithium
Antidépresseur, antimaniaque,
prévention des récidives, antisuicidaire
Fatigue, vertige, polyurie, tremor fin, troubles cognitifs, prise de poids, dysfonction rénale, hypothyroïdie, goitre
Lamotrigine
Antidépresseur, anxiolytique,
prévention des récidives, prévient le «Rapid Cycling»
Fatigue, troubles visuels, vertige, vomissement, diarrhée, alopécie, rares
graves réactions allergiques et toxiques de la peau et des muqueuses; titration lente!
Valproate
Antimaniaque, prévention des
récidives, prévient le «Rapid
Cycling»
Vertige, vomissement, diarrhée, tremor, ascension des transaminases; rares: pancréatite, alopécie réversible, thrombocytopénie, ovaires polykystiques, prise de poids, sédation
Carbamazépine
Antimaniaque, antidépresseur
léger, prévention des récidives,
analgésique
Vertige, tremor, troubles moteurs, hyponatrémie, anémie aplastique, leucopénie, réactions cutanées allergiques, ascension des transaminases, interactions médicamenteuses fréquentes, donc actuellement considérée
plutôt comme médicament de réserve
Oxcarbazépine
Antimaniaque, prévention des
récidives, analgésique
Mieux tolérée que la carbamazépine, moins d’interactions, réactions cutanées plus rares, moins de toxicité hépatique et médullaire, hyponatrémie,
leucopénie, ascension des transaminases
Gabapentine
Pratiquement pas stabilisatrice
de l’humeur, mais anxiolytique
Vertige, somnolence
Antidépresseurs légers,
Acides gras
oméga 3
évt stabilisateurs de l’humeur?
Renvois, diarrhée
évt importance comme adjuvant?
Forum Med Suisse 2009;9(43):
PRAXIS
Appendice 2. Examens de contrôle en cas de pharmacothérapie des troubles bipolaires (adapté d’après [10]).
Paramètre
Avant
3
Après mois
3
Tous les 3 mois
1
2
3
4
5
6
TA/pouls
♦
♦
♦
♦
♦
♦
♦
♦
Formule sanguine
♦
♦
♦
♦
♦
♦
♦
♦
TSH (T3, T4)
♦
♦
1×/an
Créatinine, urée
♦
♦
♦
♦
♦
♦
♦
Circonférence du cou
GPT, GOT, GGT
4
♦
♦
♦
♦
♦
♦
Profil lipidique, glucose
♦
♦
Poids, BMI
♦
ECG
♦
♦
♦
♦
EEG
♦
♦
♦
♦
Circonférence abdominale
♦
♦
♦
♦
♦
♦
1×/an
♦
1
2
♦
1
2
1
2
♦ Rendez-vous pour les contrôles
1
Patients >50 ans et troubles cardiovasculaires
2
Patients avec symptômes cérébraux organiques
3
Pour ISRS et RIMA seuls examens avant nécessaire, contrôle des paramètres de laboratoire tous les 3 mois au début puis tous
les 6 mois
4
pour antiépileptiques + antipsychotiques
ISRS = inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine; RIMA = inhibiteurs réversibles de la monoamine-oxydase.
Forum Med Suisse 2009;9(43):
PRAXIS
Weiterführende Literatur (Online-Version) / Références complémentaires (online version)
1
Hättenschwiler J, Höck P, Luther R, Modestin J, Seifritz E.
Diagnose bipolarer Störungen. SMF, 2009; in press.
2
Ketter TA (editor): Advances in the Treatment of Bipolar Disorder Review of Psychitatry Series, Volume 24, Number 3; (Oldham JM
and Riba MB, series editors). Washington DC, American Psychiatric
Publishing 2005.
3
Yatham LN, Kennedy SH, Schaffer A, et al. Canadian Network for Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) and International
Society for Bipolar Disorders (ISBD) collaborative update of CANMAT
guidelines for the management of patients with bipolar disorder: update
2009. Bipolar Disord. 2009;11:225–55.
4
National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE).
Bipolar Disorder: The management of bipolar disorder in adults, children
and adolescents in primary and secondary care. National Clinical Practice
Guideline Number 38, British Psychological Society and Gaskell, London
2006.
5
Goodwin GM, Anderson I, Arango C, Bowden CL, Henry C,
Mitchell PB, et al. ECNP consensus meeting. Bipolar depression. Nice,
March 2007. Eur Neuropsychopharmacology. 2008;18:535–49.
6
Grunze H, Kasper S, Goodwin G, Bowden C, Möller HJ.
WFSBP Task Force on Treatment Guidelines for bipolar Disorders: The
World Federation of Societies of Biological Psychiatry (WFSBP) Guidelines for the biological treatment of bipolar disorders. Update 2009:
www.wfsbp.org/treatment-guidelines/bipolar-disorders.html
7
Greil W, Giersch D. Bipolare Störungen: Medikamentöse
Therapie. In: Vorderholzer U, Hohagen F. (Hrsg). Therapie psychischer
Erkrankungen – State of the art, 3. Auflage. München, Urban & Fischer
2008.
8
Maneros A. Das Neue Handbuch der Bipolaren und Depressiven Erkrankungen. Stuttgart-New York, Thieme 2004.
9
Aubry JM, Ferrero F, Schaad N. Pharmakotherapie bipolarer
Störungen. Bern, Huber 2006.
10
Kasper S, Kapfhammer HP, Bach M, et al. Bipolare Störungen
– Medikamentöse Therapie. State of the Art 2008. Clinicum Neuropsy
Sonderausgabe. Wien: Medizin Medien Austria; 2008.
11
Scott J, Colom F, Vieta E. A meta-analysis of relapse rates
with adjunctive psychological therapies compared to usual psychiatric
treatment for bipolar disorders. Int J Neuropsychopharmacol.
2007;10:123–9.
12
Colom F, Vieta E, Martinez-Aran A, et al. A randomized trial
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