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Keith Halliday
Le Secteur
des Ressources
au Yukon
UNE PERSPECTIVE À 360°
AVERTISSEMENT :
Ce projet a été entrepris en vertu d’un Fellowship d’Action
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ment les vues, les opinions, les positions ou les stratégies
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3Le Secteur des Ressources au Yukon
INTRODUCTION
Le secteur des ressources a littéralement mis le Yukon «sur la carte», la ruée vers l’or du Klondike
amenant le gouvernement canadien à créer le territoire du Yukon en 1898 pour administrer le chaos.
Pendant la majeure partie du siècle suivant, lexploitation minière a été le principal moteur
de l’économie du Yukon. Les mines du Territoires produisaient entre autres de l’or, de l’argent,
du cuivre, du plomb et du zinc. De grandes infrastructures construites par le gouvernement ont
soutenu le développement de l’industrie, entre autres la route de lAlaska construite par l’armée
américaine et les routes et les installations électriques et aéroportuaires construites par le gou-
vernement Diefenbaker et ses successeurs.
En 1968, quand le gouvernement fédéral et celui du Yukon ont commandé le Rapport Carr sur
l’avenir de l’économie du Yukon, l’avenir semblait prometteur. La mine de plomb et de zinc de
Faro, la plus grande du monde à l’époque, venait douvrir. On comptait sur le gazoduc de la route
de l’Alaska pour rendre accessibles les ressources énergétiques inexploitées du Territoire. Selon
le Rapport Carr, le Yukon compterait près de 60000 habitants d’ici 1985, aurait davantage de
mines et de fonderies ainsi que des exportations énergétiques plus importantes et serait relié au
reste du Canada par le chemin de fer.
La plupart de ces prédictions ne se sont pas réalisées. Aujourd’hui, la population est à peine
plus en 1985 que la moitié de ce que prédisaient les auteurs du Rapport Carr. Le projet du gazoduc
de la route de l’Alaska a été tué par les découvertes de gaz de schiste dans le sud. Et la mine de
Faro s’est avérée l’une des plus grandes catastrophes environnementales au Canada. L’industrie
minière du Yukon a frôlé la mort à la fin des années 1990 et au début des années 2000, aucune
de ses grandes mines nétant alors en activité. Le gouvernement était de loin le secteur le plus
actif au Yukon, croissant dannée en année grâce aux transferts fédéraux, alors que le secteur
des ressources peinait.
Depuis quelques années, deux visions d’avenir sopposent. Dans l’une, fondée sur la demande
mondiale croissante en matière de ressources, le Yukon cesse de dépendre du financement pub-
lic et devient un grand exportateur de ressources minérales et énergétiques, parvenant à une
économie équilibrée, avec beaucoup de débouchés et demplois dans le secteur privé. Dans l’au-
tre vision d’avenir, la valeur du milieu naturel spectaculaire du Yukon est davantage reconnue et
on se demande essentiellement pourquoi le Territoire prendrait des risques écologiques, quand
il reçoit un milliard de dollars par an d’Ottawa, a des services publics d’excellente qualité et joue
un rôle important dans le monde en tant que gardien d’une des plus grandes aires naturelles
sauvages de la planète.
Les Yukonais doivent faire des choix pour leur avenir. Ces décisions sont plus complexes que
jamais. Les projets concernant les ressources naturelles sont en compétition avec des projets
similaires ailleurs dans le monde, pour les capitaux et les marchés, et ils doivent en plus respect-
er les droits des Premières Nations et les normes canadiennes en matière d’environnement, de
travail et de société.
Par ailleurs, ces choix se feront d’une façon très différente des pratiques du 20e siècle. Depuis
2003, le gouvernement du Yukon a des pouvoirs quasi-provinciaux en matière de ressources et
11 des 14 Premières Nations du Yukon ont des ententes modernes d’autonomie gouvernemen-
tale, avec des pouvoirs importants en matière de ressources naturelles et des corporations de
développement économique bien établies. Obtenir une légitimité sociale est en outre devenu
beaucoup plus difficile ces dernières années et les attentes de la population en termes de trans-
parence, de consultation et de participation aux décisions ont augmenté.
Comme en témoigne le débat sur le bassin de la rivière Peel, les choix du Yukon pour son
secteur des ressources risquent de ne pas être faciles.
4Le Secteur des Ressources au Yukon
HISTOIRE DU SECTEUR DES RESSOURCES DU YUKON
Les fourrures : Premiers sursauts de l’économie du Yukon
L’histoire économique moderne a commencé, au Yukon, en 1848, alors que la région était ad-
ministrée par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Au service de cette dernière, Robert Campbell
a exploré la rivière Pelly et construit un poste de traite à Fort Selkirk, dans le centre du Yukon.
Le poste a pâti d’une chaîne d’approvisionnement des bases de la compagnie, près de la Baie
d’Hudson, qui était à la fois coûteuse et confrontée à de nombreuses difficultés. L’hostilité des
commerçants Tlingit était encore plus problématique car ils avaient le monopole sur des routes
de commerce plus courtes jusquau Pacifique. Après qu’ils aient incendié le poste de Campbell en
1852, il s’est passé plusieurs décennies avant que la Compagnie de la Baie d’Hudson ne revienne.
Il faudrait quelque chose de plus grand que le commerce des fourrures pour faire entrer le
Yukon dans l’économie mondiale.
Les mines : La ruée vers l’or du Klondike, le début dun siècle d’exploitation minière
De l’or a été découvert en août 1896 près de ce qui allait devenir Dawson. En juin 1898, le gouver-
nement canadien, qui avait acquis la région en 1870, a créé le Yukon, un territoire distinct.
L’une des plus grandes ruées vers l’or de l’histoire battait alors son plein. Selon certaines es-
timations, plus de 100000 personnes du monde entier ont entrepris le voyage et environ 35000
sont arrivées à destination.
Lattrait de la ruée vers l’or du Klondike tenait à plusieurs choses: l’Amérique du Nord
traversait une crise économique majeure et beaucoup de gens sans emploi ou sous-employés
étaient à l’affût de débouchés; le placer d’or était relativement accessible pour des mineurs qui
avaient peu de capitaux et les lois sur le jalonnement en libre accès1 permettaient d’accéder
facilement à des terres. Du Dakota du Nord au Yorkshire, des garçons de ferme sans emploi
pouvaient espérer faire fortune.
La ruée vers l’or a rapidement ralenti, surtout après de nouvelles découvertes à Nome, en
Alaska, en 1899. Si l’exploitation de placers par de petites compagnies a continué à contribuer à
l’économie du Yukon (et continue de ce faire à ce jour), on sest davantage intéressé à l’exploitation
minière industrielle. Des conglomérats ont acheté de grandes étendues de terrain près de Daw-
son et les ont exploitées au moyen de dragueuses de grande taille et de techniques dexploitation
hydrauliques. Ailleurs au Yukon, des mines souterraines d’or, d’argent, de cuivre, de plomb, de zinc
et d’autres métaux sont en activité, entre autres à Mayo, Keno, Elsa et Whitehorse.
5Le Secteur des Ressources au Yukon
La plus grande était la mine Faro qui a été à une époque la plus grande mine de plomb et de
zinc du monde. Une ville a été construite pour loger les employés de la mine, puis reconstruite
après le feu de forêt de 1969. Jusquà 2000 personnes y ont habité. La mine a fermé en 1997.
En plus d’être l’une des plus grandes mines de plomb et zinc au monde, ce fût aussi l’une des
plus grandes catastrophes environnementales causées par l’exploitation minière. Ce site de 2500
hectares contient environ 400 millions de tonnes de refus de criblage et de déchets de roche avec
des niveaux élevés de métaux lourds risquant de contaminer les rivières environnantes.2 On
s’attend à ce que le plan d’assainissement coûte des centaines de millions de dollars et prenne des
siècles.3
Après la fermeture de Faro, le secteur minier du Yukon a connu des périodes difficiles. À l’ex-
ception de petites exploitations de placers, il n’y a pas eu de mine en activité pendant un certain
temps. À la fin des années 2000, le boum mondial d’exploration minière a entraîné une intensi-
fication des activités d’exploration au Yukon, faisant espérer une renaissance de l’exploitation
minière dans le Territoire.
En 2013, le Yukon comptait trois mines en activité, des propriétés de taille moyenne produi-
sant principalement du cuivre, du zinc et de l’argent (voir la Figure 1). Néanmoins, des annonces
de réduction des horaires de travail et de fermetures temporaires, suite à la chute des prix des
minéraux dans le monde, ont eu raison de l’enthousiasme au sujet d’une résurgence possible de
l’industrie minière au Yukon.
Lénergie : Le prochain boum?
Le Yukon a un potentiel énergétique majeur mais, pour l’instant, ce secteur nest pas devenu un
grand producteur d’énergie, d’emplois ou de redevances.
Le Yukon a un potentiel hydro-électrique énorme. Deux barrages patrimoniaux ont été con-
struits dans les années 1970 ou avant pour produire la majeure partie de l’électricité du Territoire
mais le Yukon na pas de lignes de transmission pour exporter lélectricité. Contrairement au
Nord du Québec, il na pas de barrages axés sur lexportation.
On pense que le Yukon pourrait aussi avoir des quantités importantes de pétrole et de gaz.
Après Pearl Harbor, un pipeline a été construit entre Norman Wells (T.N.-O.) et Skagway, en
Alaska, parallèlement à la route de l’Alaska. Le système comprenait une raffinerie à Whitehorse.
Après la défaite du Japon, ces installations ont rapidement été abandonnées.
Si des explorations pétrolières et gazières ont été faites de façon intermittente depuis les an-
nées 1950, les seuls puits qui ont une production significative sont ceux de la région de Kotaneelee,
près de la frontière du Territoire avec la Colombie-Britannique. Inaccessibles par la route depuis le
Yukon, les puits de la région de Kotaneelee, reliés à Fort Nelson (C.-B.) par un pipeline, produisent
des redevances bienvenues, bien que limitées, pour le gouvernement du Yukon.
Dans les années 1970, puis à nouveau pendant les années 2000, on a espéré que le projet
de gazoduc de la route de lAlaska passerait par le Yukon et permettrait de commercialiser le
gaz «perdu» dans le territoire. Il est peu probable que ce projet aille de l’avant compte tenu de
la surabondance de gaz obtenu par fracturation hydraulique dans le sud du 48e parallèle. Les
producteurs d’Alaska préparent maintenant un plan pour exporter leur gaz en Asie en utilisant
exclusivement un pipeline en Alaska et le terminal de GNL à Kenai, près d’Anchorage.4
Foresterie : Beaucoup d’arbres, peu d’emplois
Bien que le Yukon soit largement recouvert de forêts, l’industrie forestière ne s’y est jamais dé-
veloppée. Les entreprises de Colombie-Britannique ont du meilleur bois et des coûts de produc-
tion plus bas et elles sont plus près de leurs marchés. Les droits de coupe du Yukon étaient par
ailleurs gérés, jusque récemment, par le gouvernement fédéral dont la gestion était considérée
par beaucoup de gens comme beaucoup plus restrictive et moins favorable que celle de la C.-B.
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