Chapitre 10 : La Mobilité Sociale

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TES 2013-2014
Chap10 La mobilité sociale
1
Chapitre 10 : La Mobilité Sociale
Introduction
1/ Un préalable : les Professions et Catégories Socioprofessionnelles (PCS) : un outil
pour observer la société française
11- Les caractéristiques de la nomenclature
Document 1 Nomenclature des PCS : correspondance entre les niveaux agrégés 8, 24, 42
INSEE, Nomenclature des Professions et Catégories Socioprofessionnelles, 3ème édition,
2003,
http://www.insee.fr/fr/methodes/nomenclatures/pcsese/pcsese2003/doc/Guide_PCS2003.pdf, p 11.
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Chap10 La mobilité sociale
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Document 2 Les PCS
PCS
Agriculteurs
Exploitants
Artisans,
commerçants et
chefs d'entreprise
Cadres et
professions
intellectuelles
supérieures
Descriptif
Activité agricole, indépendants
Professions
Intermédiaires
« L'appellation "professions intermédiaires" est une
création de la nouvelle nomenclature des
professions et catégories socioprofessionnelles.
Deux tiers des membres du groupe occupent
effectivement une position intermédiaire entre les
cadres et les agents d'exécution, ouvriers ou
employés.
Les autres sont intermédiaires dans un sens plus
figuré. Ils travaillent dans l'enseignement, la santé et
le travail social; parmi eux, les instituteurs, les
infirmières, les assistantes sociales. Plus de la moitié
des membres du groupe ont désormais au moins le
baccalauréat. »
« Le groupe des "employés" rassemble des
professions très variées et souvent mal définies. On
y trouve bien sûr les secrétaires et les agents de
bureau, mais aussi les agents hospitaliers, les
vendeurs, les pompiers ou les gens de maison. /…/.
En grande majorité, ces métiers sont exercés par des
femmes. Elles forment plus des trois quarts de
chaque catégorie»
« Le groupe ouvrier est structuré par une série
d'oppositions. La qualification instituée dans les
conventions collectives, est en étroite corrélation
avec de nombreuses variables, comme le sexe,
l'origine sociale, la formation ou le salaire. Toutes
ces variables permettent d'établir une gradation des
métiers ouvriers, des professionnels d'entretien aux
ouvriers non qualifiés des industries légères et aux
ouvriers
agricoles.
Deuxième clivage, l'opposition entre travail
industriel et travail de type artisanal, /…/ les
chauffeurs et les cuisiniers sont au limite du groupe
ouvrier, et s'opposent aux ouvriers de production de
la grande industrie ou aux ouvriers du bâtiment qui
en constituent le noyau. »
« Ces personnes sont classées en fonction de leur
dernière (ou de leur principale) situation
professionnelle. »
Employés
Ouvriers
Retraités
Mise en valeur d’un capital économique en tant que
chef d’entreprise
Application de connaissances approfondies ;
profession des arts et du spectacle, cadres,
ingénieurs.
Exemples
Indépendant. Maraîcher,
viticulteur, éleveur…
Artisans
maçons,
fleuristes, détaillants en
alimentation, PDG …
médecins,
vétérinaires,
pharmaciens, avocats,
mais aussi
prof de fac, prof de lycée
(certifiée
ou
agrégé),
ingénieur,
magistrat,
officier
des
armée,
journaliste…
[Autrefois les « cadres
moyens »]
Instituteurs,
assistante
sociale, kiné, technicien,
infirmières,
éducateurs
spécialisés, inspecteurs et
officiers
de
police,
photographes (indépendant
ou salarié) etc.
Employé à la Poste,
auxiliaire
puéricultrice,
agents
de
police,
ambulanciers,
caissière,
vendeuse,
standardistes,
coiffeurs salariés…
Ouvriers
qualifiés,
conducteurs d’engins sur
chantier,
soudeurs,
jardiniers,
charpentiers,
plombiers, conducteur de
taxi, routier, docker…
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Chap10 La mobilité sociale
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Autres personnes « Les enfants de moins de 14 ans sont réputés
sans
activité n'avoir
aucune
activité
professionnelle.
professionnelle
Les chômeurs appartiennent à la population active et
sont classés dans les CS d'actifs en fonction de leur
dernière
situation
professionnelle
(ou
éventuellement de leur situation professionnelle
habituelle).Toutefois, les chômeurs n'ayant jamais
travaillé, pour lesquels cette règle n'aurait pas de
sens, sont classés dans une catégorie à part. »
D’après site de l’INSEE :
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=nomenclatures/pcs2003/liste_n1.hhtm
2/ Les tables de mobilité
21- Les données brutes
Document 3 Données brutes en milliers
CSP du Fils en 2003
Agriculteur
Artisan
CSP du père
Agriculteur
252
72
Artisan
6
182
Cadre
2
37
PI
2
60
Employé
3
43
Ouvrier
20
225
Ensemble
285
619
Champ : hommes actifs ayant un emploi ou
2003.
Source des données : INSEE, 2009.
Cadre
PI
Employé
Ouvrier
Ensemble
105
190
98
426
1143
189
205
79
210
871
310
152
37
52
590
266
263
73
135
799
144
179
108
169
646
304
701
375
1373
2998
1318
1690 770
2365
7047
ancien actifs ayant eu un emploi, âgés de 40 à 59 ans en
Quel est le nombre d’homme actifs ou ancien actifs de 40 à 59 ans en 2003 ?
Combien les agriculteurs ont-ils eu de fils âgés de 40 à 59 ans en 2003 ?
Combien d’hommes âges de 40 à 59 ans sont-ils agriculteurs où l’ont été en 2003 ?
Où sont les immobiles ? Combien sont-ils ?
22- L’approche en terme de destinée : que deviennent les fils de ?
Document 4 table de destinées du fils en fonction du père en 2003 (%)
CSP du Fils en 2003
Employé Ouvrier Ensemble
CSP du père Agriculteur Artisan Cadre PI
Agriculteur
6%
9%
17%
9%
37%
22%
100%
Artisan
1%
21%
22%
24%
9%
24%
100%
Cadre
0%
6%
52,5% 26%
6%
8,8%
100%
PI
0%
8%
33%
33%
9%
17%
100%
Employé
0%
7%
22%
28%
17%
26%
100%
Ouvrier
1%
8%
10,1% 23%
45,8%
13%
100%
Ensemble
4,0%
8,8%
18,7% 24,0% 10,9%
33,6% 100%
Champ : hommes actifs ayant un emploi ou ancien actifs ayant eu un emploi, âgés de 40 à 59 ans en
2003.
Source des données : INSEE, 2009.
Faites une phrase avec chaque donnée en italique gras. Comment a-t-on calculé cette donnée ?
Que deviennent les enfants d’agriculteurs ? Et les fils d’employés ?
Combien de fils d’ouvriers ont connu une mobilité sociale ascendante ? Une mobilité
sociale descendante ?
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23- L’approche en terme d’origine : d’où viennent les fils de ?
Document 5 Tables d’origines du fils en fonction du père en 2003 (%)
CSP du Fils en 2003
Employé Ouvrier Ensemble
CSP du père Agriculteur Artisan Cadre PI
Agriculteur
12%
8%
11%
13%
18%
88%
16,2%
Artisan
2%
29%
14%
12%
10%
9%
12,4%
Cadre
1%
6%
24%
9%
5%
2%
8,4%
PI
1%
10%
20%
16%
9%
6%
11,3%
Employé
1%
7%
11%
11%
14%
7%
9,2%
ouvrier
7%
36%
23%
41%
49%
58%
42,5%
Ensemble
100%
100%
100% 100% 100%
100%
100%
Champ : hommes actifs ayant un emploi ou ancien actifs ayant eu un emploi, âgés de 40 à 59
ans en 2003.
Source des données : INSEE, 2009.
Comment a-t-on obtenu la donnée en italique gras ? Faites une phrase avec celle-ci.
Quelle est l’origine sociale des agriculteurs exploitants ? Des artisans, commerçants, chefs
d’entreprises ? Comment l’expliquer ?
Comment expliquez-vous que seulement 22 % des fils d’agriculteurs deviennent
agriculteurs (document 4), mais que 88 % des agriculteurs ont leur père agriculteur
(document 5) ?
Comparez l’origine des cadres et des ouvriers.
24- Quelques limites des tables de mobilité
3/ Mobilité ascendante et mobilité descendante
31- La notion de déclassement
Document 6 le déclassement
« il faut distinguer plusieurs sortes de déclassement : le déclassement intergénérationnel ;
celui qui intervient au cours de la vie (suite à un accident de parcours, par exemple) ; ou
encore le déclassement par rapport aux diplômes, c'est-à-dire quand un même niveau de
qualification permet d'accéder à un poste moins élevé qu'auparavant. Il faut enfin distinguer le
sentiment de déclassement *du déclassement lui-même, ce qui rappelle qu'il correspond aussi
à une expérience éminemment subjective. »
Igor Martinache, « La mobilité fait-elle du surplace ? », Alternatives économiques, n°330,
décembre, 2013, p72.
* On peut lire dans un rapport du Conseil d’Analyse Stratégique : « Il peut correspondre à un
sentiment de frustration lié au décalage entre les aspirations (subjectives) et les possibilités
sociales de satisfaction (objectives). »
Que signifie la notion de déclassement ? A quelle mobilité peut-il correspondre ?
Comment expliquer le « sentiment de déclassement » ?
32- Les trajectoires intergénérationnelles en France
321- Un préalable : définir une hiérarchie sociale
Document 7 la hiérarchie sociale
« Avant de calculer des flux de mobilité sociale, il convient de se doter d’une représentation
hiérarchisée de la structure sociale qui permette de déterminer le sens des trajectoires
intergénérationnelles. Lorsque l’outil de base est la nomenclature des catégories
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socioprofessionnelles, la tâche est rendue difficile en raison du clivage entre indépendants et
salariés : s’il est relativement aisé d’établir une hiérarchie au sein de la population salariée,
des cadres jusqu’aux ouvriers, où placer les indépendants ? /…/
Camille Peugny, « Éducation et mobilité sociale : la situation paradoxale des générations
nées dans les années 1960 », économie et statistique, n°410, 2007, p 25.
Que faut-il faire pour appréhender la mobilité verticale ?
Est-ce simple ?
Qu’a fait Camille Peugny dans le document ci-dessus ?
322- Les résultats de Camille Peugny
Document 8
Camille Peugny, « Éducation et mobilité sociale : la situation paradoxale des générations
nées dans les années 1960 », économie et statistique, n°410, 2007, p 26.
Que signifie le terme « immobiles » ? Que constatez-vous entre 1983 et 2003 ?
Que signifie la donnée « 2,02 » ? Comment l’a-t-on obtenu ?
33- Un effet génération ?
Document 9
« vers l’âge de 40 ans et parmi les individus nés entre 1944 et 1948, les individus qui
s’élevaient au-dessus de la position de leurs parents (les « mobiles ascendants ») étaient 2,2
fois plus nombreux ceux qui avaient au contraire descendu les échelons de la hiérarchie (les
« mobiles descendants »). Au même âge, le rapport tombe à 2 pour les individus nés entre
1949 et 1953, puis 1,8 pour ceux nés entre 1954 et 1958, 1,5 pour ceux nés entre 1959 et 1963
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et 1,4 pour ceux nés entre 1964 et 1968./…/ La dégradation est /…/ progressive, entre une
situation « plafond » qui concerne les premiers-nés du baby-boom et une situation
« plancher » qui semble être celle des individus nés dans les années 1960./…/
Comment interpréter ces résultats ? Certes, quelle que soit la génération, le mouvement global
de la société demeure positif puisque les « mobiles ascendants » sont plus nombreux que les
« mobiles descendants »/…/
On assiste ainsi à une relative stabilisation de la part des individus « immobiles » , mais à une
augmentation de la part des déclassés parmi les individus mobiles./…/
Des travaux récents soulignent en effet combien le début de carrière est désormais essentiel.
C’est bien vers 35 ans que se stabilise et s’enracine la position professionnelle des jeunes
actifs : « Alors que dans les cohortes antérieures, l’accès au statut de cadre se faisait surtout
à l’ancienneté, les membres des cohortes les plus récentes deviennent cadres de plus en plus
tôt, essentiellement avant 35 ans. » /…/
les trajectoires ascendantes sont désormais plus difficiles pour les enfants issus des classes
populaires /…/ les trajectoires descendantes deviennent de plus en plus nombreuses parmi les
enfants nés dans des milieux plus favorisés./…/
Les données disponibles pour les générations les plus récentes (nées dans la deuxième moitié
des années 1960 et au début des années 1970) semblent laisser entrevoir une légère
amélioration des perspectives de mobilité sociale, même si l’on reste loin du niveau connu par
les premiers-nés du baby-boom./…/ Lorsque les générations nées dans les années 1940
partent massivement à la retraite et créent ainsi un appel d’air, il y a fort à parier que les
employeurs préfèrent miser sur de jeunes dplômés fraîchement formés plutôt que sur des
quadragénaires déjà trop âgés.»
Camille Peugny, « La montée du déclassement intergénérationnelle », première publication,
2009, Problèmes politiques et sociaux, n°976, septembre 2010, p 35, 36, 38.
Pourquoi peut-on parler de la génération née entre 1964 et 1968 comme une « génération
sacrifiée » ?
Est-ce une aptrie de cette génération qui est concernée ?
Expliquez le passage souligné. Quelle mobilité est devenue plus difficile ?
4/ Les facteurs de la mobilité sociale
41- Une distinction essentielle : mobilité structurelle et fluidité sociale ou mobilité nette
Document 10 Décomposition de la mobilité depuis 50 ans en France
1953 1977 1993 2003
Immobile
69
43
35
35
Mobile
31
57
65
65
Dont
mobilité
8
20
22
25
structurelle*
Dont mobilité nette
23
37
43
40
Champ : hommes actifs ayant un emploi ou ancien actifs ayant eu un emploi, âgés de 40 à 59
ans en 2003.
Source des données : INSEE, cité in : Cédric Passard, Pierre-Olivier Perl (sous la direction de)
Manuel de sciences économiques et sociales de TES, Bordas, 2012, p 216.
Remarque : la mobilité structurelle est liée aux transformations des PCS entre les générations.
Rédigez une phrase avec la donnée en italique gras soulignée.
Que constatez-vous depuis 1953 ?
Quel est l’impact des transformations de l’emploi ?
42- L’école, la famille, l’emploi et la mobilité sociale
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421- L’inégalité des chances scolaires
Document 11 L’origine sociale des élèves de la 6ème aux classes préparatoires (%)
Elèves Ensemble
de 6ème bacheliers
en 1995 en 2001
Bacheliers Bacheliers
généraux en généraux avec
2001
mention
en
2001
Inscrits en classe Diplômés
préparatoire aux à bac +5
grandes écoles en
2002
Ouvriers,
inactifs*
38
29
19
15
9
Employés
18
16
14
11
7
10
Agriculteurs,
artisans,
commerçants
11
11
10
9
9
10
Professions
intermédiaires
17
21
24
23
20
Cadres
supérieurs,
professions
libérales
14
24
42
16
23
33
42
55
TOTAL
100
100
100
100
100
100
* Les inactifs sont des personnes de milieu social très proches des ouvriers.
Lecture : les enfants d’ouvriers et d’inactifs représentaient 38 % des élèves de sixième en 1995. 14 %
d’entre eux ont obtenu un bac +5.
Source des données : Ministère de l’éducation nationale, site de l’Observatoire des inégalités.
Document 12
« La démocratisation scolaire comporte néanmoins des zones d’inachèvement. Comme le rappelle la
sociologue Marie Duru-Bellat, le diplôme demeure « un bien inégalement distribué » : quand 72 % des
enfants de cadres décrochent un diplôme de l’enseignement supérieur, seuls 22 % des enfants
d’ouvriers peuvent y prétendre. De surcroît, la « démocratisation »
de l’accès au baccalauréat masque une « spécialisation sociale » des différentes séries : « parmi les
jeunes qui atteignent une terminale générale ou technologique, ce sont 50 % des enfants d’enseignants
qui fréquentent une filière S, contre à peine 20 % chez les enfants d’ouvriers non qualifiés. […]
De plus, le développement du bac professionnel (qui représente aujourd’hui environ un bachelier sur
cinq) a constitué un facteur de démocratisation ségrégative : il accueille environ 70 % d’enfants
d’ouvriers, employés ou inactifs (ce chiffre étant de 40 % dans la filière générale) ». On peut ajouter à
ce tableau le fait que les grandes écoles, seules à garantir contre le déclassement, n’ont pas ou peu
connu cet effort de démocratisation. »
Conseil d’Analyse Stratégique, La mesure du déclassement, Rapport, n°20, 2009 p 35.
L’origine sociale pèse-t-il sur le destion scolaire ?
La massification scolaire est-elle synonyme de démocratisation scolaire ?
422- La thèse de Bourdieu : l’école un facteur de la reproduction sociale
Document 13
« La corrélation entre l'origine sociale et les résultats scolaires est demeurée forte jusqu'à
aujourd'hui, et ce d'autant plus que l'on "s'élève" dans le système scolaire. Même si, en France
du moins, les inégalités économiques d'accès à l'éducation publique semblent s'être
continuellement réduites. Ce constat suggère que des barrières autres que matérielles
subsistent, plus subtiles mais aussi plus puissantes, qui entretiennent une forte reproduction
sociale (*).
Celles-ci sont d'ordre culturel, comme l'avancent dans les années 1960 Pierre Bourdieu et
Jean-Claude Passeron . Dénonçant la confusion entretenue par l'idéologie méritocratique entre
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Chap10 La mobilité sociale
8
égalité formelle et réelle, ceux-ci pointent non seulement le poids du capital culturel acquis
antérieurement au sein de la famille, mais aussi et surtout l'arbitraire qui s'incarne dans la
proximité entre la culture scolaire avec celle des classes dominantes. Les enseignants jouent
souvent à leur corps défendant un rôle décisif en la matière, tant dans leurs méthodes
pédagogiques, où le poids des consignes et règles implicites défavorise ceux qui n'ont pas les
codes pour les recevoir, que dans leurs appréciations, travestissant des jugements sociaux
derrière les jugements scolaires. Non seulement l'école reproduit, voire amplifie, les inégalités
sociales de départ, mais elles légitiment les écarts de performance et de résultats à la sortie à
travers les titres qu'elle délivre. Comme le notait encore Bourdieu, l'infime différence qui
sépare le dernier reçu du premier collé au concours d'une grande école va souvent se traduire
par une profonde divergence dans leurs destinées. »
Igor Martinache, « A l'école des inégalités », Alternatives économiques, n°320, janvier, 2013.
* Reproduction sociale : état d'une société marquée par une faible mobilité sociale entre les
générations, c'est-à-dire où les enfants "reproduisent" la position sociale de leurs parents.
Que signifie la phrase soulignée ?
Vrai ou faux ? Selon Bourdieu, les obstacles à la réussite scolaire et à la poursuite des
études sont essentiellemnt économiques.
Quel est le rôle des enseignants ? En sont-ils conscients ?
L’école participe-t-elle à la reproduction sociale ?
423- Raymond Boudon : Choix scolaire, choix individuels
Document 14
« un supplément d'instruction représente en général des coûts plus élevés pour une famille
modeste que pour une famille aisée. D'un autre côté une famille modeste aura davantage
tendance à sous-estimer les avantages économiques et sociaux qu'elle peut retirer d'un
supplément d'instruction. Pour deux raisons. D'une part, parce qu'une condition modeste
implique généralement une plus grande attention accordée au présent, un horizon temporel
plus restreint* et, partant une sous-estimation relative des bénéfices futurs par rapport aux
bénéfices présents. D'autre part, parce qu'en visant un niveau scolaire lui permettant d'accéder
à un statut social S, un adolescent dont la famille est elle-même de statut social S peut
seulement espérer retrouver le niveau scolaire de sa famille. Pour un adolescent de famille
modeste, ce même statut S peut être perçu par contraste comme un luxe un peu inutile et en
tout cas disproportionné par rapport à l'investissement exigé. Il est possible en effet que le
niveau social qu'il peut d'ores et déjà espérer atteindre, étant donné son niveau scolaire
présent, soit supérieur à celui de sa famille /…/ lorsque des adolescents d'origine modeste sont
confrontés à une décision scolaire (par exemple : choix entre la continuation ou l'arrêt de leurs
études), ils ont en moyenne tendance, par rapport à leurs camarades d'origine sociale élevée, à
surestimer les coûts et à sous-estimer les avantages du supplément d'instruction qui leur est
proposé. En conséquence, on peut s'attendre à observer, toutes choses égales d'ailleurs, une
relation entre origines sociales et "investissement" scolaires.
*Par la force des choses, un individu de ressources modestes se préoccupe moins d'investir
pour l'avenir ; la modicité du surplus dont il dispose l'incite à gérer ses ressources au jour le
jour. Importance du surplus (par rapport à la consommation courante) et extension de
l'horizon temporel subjectif sont des variables étroitement corrélés ».
Raymond Boudon, La logique du social, Pluriel, 1997, p 244-245.
Comment expliquer les choix scolaires des familles ?
Comment Boudon explique-t-il l'échec des politiques de démocratisations et de réduction
des inégalités devant l'école ?
424- Le rôle des familles dans l’obtention d’autres ressources
Document 15 « Le diplôme, une ressource à compléter »
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« Au-delà des « qualités individuelles » évoquées plus haut, c’est certainement le capital
social* qui, après ou avec le diplôme, produit le plus d’effets dans la course au premier
emploi. Il va de soi que le capital social a toujours joué un rôle dans l’accession à l’emploi,
les individus n’ayant jamais été, pour reprendre la juste formule de Marie Duru-Bellat, de
purs capitaux humains.
Il ne s’agit pas non plus de contester aux diplômes leur valeur relative ou de croire en une
dégénérescence de leur hiérarchie : une licence protégera toujours plus du déclassement qu’un
baccalauréat. Pour autant, dans un contexte concurrentiel accru, le fait de pouvoir activer
certaines relations – notamment familiales – se révèle particulièrement stratégique… et
producteur d’inégalités. L’alliance entre le capital culturel et le capital social permet de
choisir avec succès les « bonnes filières », celles qui s’avéreront les plus rentables
économiquement et socialement une fois le diplôme obtenu. Elle offre un « repêchage » à la
fille ou au fils issu(e) d’un milieu favorisé qui aura échoué scolairement. La prise en compte
de cet accès à l’information et aux relations « utiles » aide également à comprendre pourquoi
les enfants d’ouvriers ou d’employés qui détiennent un diplôme du supérieur se rabattent plus
souvent vers le secteur public quand les enfants de cadres peuvent, avec les mêmes diplômes
mais l’appui des réseaux familiaux, accéder à des emplois plus variés. La valeur de ce capital
social s’apprécie peut-être d’autant plus que celui que peuvent mobiliser les classes populaires
se déprécie. C’est notamment ce que suggèrent avec justesse Stéphane Beaud et Michel
Pialoux dans leurs travaux sur les ouvriers de Montbéliard, lorsqu’ils soulignent la perte
d’efficacité des réseaux « peugeotistes » en matière d’insertion professionnelle des plus
jeunes. »
* À la suite de Pierre Bourdieu, on considèrera le capital social comme « l’ensemble des
ressources actuelles et potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de
relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance […] ; ou, en d’autres termes, à
l’appartenance à un groupe comme ensemble d’agents […] unis par des liaisons permanentes
et utiles […] ». Bourdieu P., « Le capital social. Notes provisoires », Actes de la recherche en
sciences sociales, n° 31, 1980.
Conseil d’Analyse Stratégique, La mesure du déclassement, Rapport, n°20, 2009 p 37-38.
Quelles ressources complètent le diplôme ? D’où peuvent-elles venir ?
La réduction des inégalités scolaires réduit-elle forcément les inégalités sociales ?
Quel emploi les jeunes diplômés issues de catégories populaires occupent ils plus souvent ?
Pourquoi ?
Notions
Professions et catégories socioprofessionnelles (les 8), mobilité professionnelle, mobilité
verticale, mobilité intergénérationnelle, tables de mobilité, mobilité brute, mobilité
structurelle, mobilité nette, fluidité sociale, déclassement, massification scolaire,
démocratisation scolaire, égalité des chances scolaire, paradoxe d’Anderson, théorie de
Bourdieu, théorie de Boudon, capital social
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