Médecine d'urgence : nouveautés 373
alors assurent relativement rapidement sa diffusion. Cette pratique n’est donc pas hors
de portée d’un service d’urgence mobile ou d’un service d’accueil des urgences.
2.2. INDICATIONS DE LA VNI EN URGENCE
Si le problème de l’environnement est maîtrisé, les indications de la VNI se déclinent
de façon tout à fait parallèle à ce qui est observé dans un environnement de réanimation.
Ces indications peuvent être séparées en indications de première intention, qui doivent
être privilégiées, et en indications plus incertaines qui ne doivent être entreprises que
quand la technique est maîtrisée.
2.2.1. DÉCOMPENSATION DE L’INSUFFISANCE RESPIRATOIRE CHRONIQUE
De nombreux travaux ont permis de documenter l’intérêt de la VNI dans la prise
en charge initiale des patients présentant une bronchopneumopahtie chronique obstruc-
tive (BPCO) [6-11]. L’indication actuellement retenue est la persistance d’une acidose
respiratoire (pH < 7,35 - [H+] > 45 mmol.l-1) malgré un traitement médical et une oxy-
génothérapie bien conduits. La dernière étude, réalisée au royaume uni, représente
probablement le travail le plus intéressant pour son application à l’urgence. En effet,
l’auteur a évalué l’effet de l’administration précoce de la VNI, dès l’admission du pa-
tient dans l’unité d’accueil. Cette VNI était administrée par des infirmières du service
qui avaient reçu une formation d’une durée de trois mois à raison d’un temps moyen
de formation de 8 heures, consolidée ensuite par une formation d’une heure par mois.
Enfin, le ratio médian du nombre d’infirmières au nombre de patients était de 1/11. Ces
caractéristiques indiquent clairement qu’il s’agit d’unités d’accueil, certes spécialisées
en soins respiratoires, mais dont la densité des ressources humaines est éloignée des
unités de réanimation ou même de soins intensifs. Dans ces conditions, et peut être
même à cause de ces conditions, notamment la précocité de l’administration de la VNI,
le pourcentage de patients BPCO décompensé nécessitant une intubation passait de
27,1 à 15,3 % et celui de la mortalité hospitalière de 20,3 à 10,2 %. Ce travail devrait être
assez convaincant quant à l’intérêt de la VNI dans cette indication. Il ne permet cepen-
dant pas de conclure quant au mécanisme de cet effet puisque les modalités comparées
étaient un traitement médicamenteux standard incluant l’oxygénothérapie, à une VNI
avec pression inspiratoire positive.
2.2.2. ŒDÈMES CARDIOGÉNIQUES
La méthode de VNI la plus communément pratiquée en matière d’oedèmes cardio-
géniques est la ventilation spontanée avec PEP. L’augmentation de la capacité résiduelle
fonctionnelle ainsi réalisée permet une meilleure qualité d’échanges gazeux et une réduc-
tion du travail respiratoire par l’amélioration de la mécanique respiratoire [12] [13]. Il
paraissait assez logique d’envisager que l’adjonction d’une pression inspiratoire positive
déchargerait les muscles respiratoires d’une partie du travail inspiratoire. Alors qu’une
première publication indiquait que l’utilisation de VNI avec pression inspiratoire positive
diminuait l’incidence de l’intubation sans effet sur la mortalité [14], une suivante indiquait
que l’intubation et la nécrose myocardique étaient augmentées par l’utilisation de la VNI
avec aide inspiratoire (AI) [15]. Une étude antérieure avait conclut à une augmentation
de la fréquence des nécroses myocardiques par l’utilisation de la VNI avec AI [16].
L’explication alors fournie a été le faible effectif de l’étude et la fréquence plus élevée
d’œdème pulmonaire avec douleur thoracique dans le groupe traité par VNI avec AI.
Enfin, la VNI était délivrée par un appareil ne comportant pas de mécanisme de détection
de fin d’inspiration, et conduisant donc à des temps d’insufflation élevés en cas de fuite
faciale. De façon déterminante pour la pratique de la VNI, une étude récente portant sur
un collectif de patients plus important et réalisée avec des appareils évitant la prolonga-