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Introduction
L’objet de la communication est de soumettre l’économie informelle à l’analyse sociologique en partant de
quelques indices statistiques sur le phénomène en Algérie. Les raisons de ce choix d’approche est de
rechercher les indices sociologiques qui permettraient de mieux saisir le phénomène dans ses dimensions
socioéconomiques. En effet, l’économie informelle, vue sous l’angle économique, est perçue comme une
désorganisation d’ordre économique. En revanche, pour le sociologue, ces activités en dehors de
l’organisation informelle de l’économie, cachent des dynamiques sociales importantes : la volonté
d’améliorer les revenus des individus et des familles (la catégorie des commerçants informels), l’animation
des espaces libres non intégrés dans l’aménagement des territoires et la recherche d’un statut social
valorisé.
Selon Masood Ahmed, le directeur du département du Moyen-Orient auprès du FMI, l’économie
informelle dans cette région du MENA, hors Conseil de coopération du Golf devient ’’de plus en plus
étendue, envahissante et, souvent, ignorée". En plus, selon le même responsable ces estimations sont plus
importantes dans cette région que celles des pays d’Asie et d’Amérique latine (APS, colloque international
sur l’économie informelle, 2012)
Les paramètres qui méritent d’être analysés par une approche sociologique sont surtout les types d’espace
conquis par les commerçants informels, les caractéristiques sociodémographiques de ces commerçants et
les types de produits commercialisés.
En ce qui concerne le premier aspect, on a relevé que les espaces occupés par ces commerçants sont
surtout situés à des endroits fréquentés par la population : trottoirs, ruelles, espaces avoisinants les villes,
etc. ce choix est d’ordre stratégique puisque la position de localisation d’un commerce est très
recommandée dans les business-plan. Aussi, la sociologie algérienne nous renseigne aussi sur les souks
(marché au sens moderne du terme) qui nous renvoie aux traditions des sociétés arabo-musulmanes qui
ont toujours favorisé les marchés ouverts au lieu des grandes surfaces et des centres commerciaux.
L’organisation sociologique des échanges commerciaux via l’économie informelle véhicule donc des
valeurs commerciales ancrées dans des traditions sociologiques où le souk est non seulement un lieu
d’échanges (au sens économique) mais aussi un lieu de partage et de communication. L’analyse du
fonctionnement de ces types de souks permettra de mieux comprendre l’interactionnisme symbolique et
les représentations sociologiques de ces activités commerciales si on fait appel à la vision d’Erving
Goffman et de Pierre Bourdieu (Goffman, 1973 ; Bourdieu, 2001).
En revanche, le deuxième volet de notre communication traitera des caractéristiques sociodémographiques
de la population qui active dans ce secteur informel pour situer les acteurs de ces dynamiques sociales.
L’usage des résultats de la dernière enquête socioéconomique réalisée par l’Office Nationale des
Statistiques (ONS) nous renseignera davantage sur ces aspects.
Enfin, un regard particulier sera porté à la composante des principaux produits les plus concernés par
cette économie pour comprendre la division sociale de la pratique commerciale dans ce type d’économie.
1. Les dimensions sociologiques de l’économie informelle
La notion de secteur « informel», terme mis au point par Keith Hart [Hart, 1995] en 1973, a fait l’objet
d’intérêt et de définitions de nombreux spécialistes (Adair 1981et 2002, Charmes1990 et 2009, Lautier,
De Miras et Morice 1991, Deffourney 1994, Arellano 1994, Loquay 2008, etc.,). L’économie informelle
est définie à partir de plusieurs paramètres surtout la taille et l’étendu de ces activités par rapport aux
activités formelles. Pour certains (A.C Loquay, 2008), cette économie est un mode de fonctionnement
socioéconomique qui concerne les pays africains au sud du Sahara. Cela dit, l’économie informelle vue
sous cet angle quitte la sphère économique pour atteindre la sphère sociologique.
Nul doute que cette forme de l’économie concerne principalement les pays sous développés même si cela
n’épargne pas les pays développés mais à une échelle très basse (A.C Loquay, 2008).
Même si les estimations de l’étendue de cette économie dans le monde sont très loin d’être convergentes,
il demeure important de souligner que ce secteur fait employer 1.8milliards de personnes dans le monde
soit 60% des 3 milliards de personnes qui occupent un emploi. Si ces estimations sont ramenées à une
échelle plus réduite, les chiffres deviennent plus explicites. En effet, l’Organisation Internationale du
Travail (OIT) a précisé qu’en 2002, 60-90% de la population africaine active dans le secteur informel.
Quelle que soit la qualité des estimations statistiques sur l’étendue de l’économie informelle, l’analyse
sociologique de cette question nous semble nécessaire et importante. A cet effet, l’activité commerciale
informelle est devenue, au fil des années, un secteur créateur d’emplois plus dynamiques que le secteur
formel. Si cette tendance gardera son rythme actuel, l’emploi généré par l’économie informelle sera plus