Le syndrome d`apnées obstructives du sommeil : état des lieux de la

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil : état des lieux de la pratique
des médecins généralistes en Picardie.
Caroline Delamotte
caroline.delam[email protected]
1 rue de Lisbonne
80090 AMIENS
Tel : 06 72 06 24 08
Mots-clés : syndrome d’apnées du sommeil, diagnostic, dépistage, médecine générale
RESUME
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est une pathologie fréquente dont la
prévalence est évaluée à 5% de la population générale. Il s’agit d’une affection qui, à travers ses
complications cardiovasculaires et métaboliques ainsi que son retentissement sur la vigilance diurne,
représente un véritable problème de santé publique.
Un questionnaire a été envoyé à 600 médecins généralistes de Picardie dans le but de faire l’état des
lieux de leur pratique dans la prise en charge du SAOS.
180 médecins ont répondu : 69% des médecins suivent moins de 11 patients SAOS.
99,4% des praticiens interrogés ont évoqué le diagnostic de SAOS devant des signes évocateurs tels
que le ronflement nocturne, les arrêts respiratoires, la somnolence diurne.
Les connaissances insuffisantes sur le principe de fonctionnement de la PPC et le délai d’accès à un
diagnostic rapide (entre 1 et 6 mois pour 79% des médecins) sont les principales difficultés
rencontrées par les praticiens.
Le SAOS reste encore sous-diagnostiqué. Afin d’améliorer la prise en charge du SAOS, il convient
d’offrir aux médecins généralistes une formation efficace, d’améliorer la communication avec les
autres acteurs et de faciliter l’accès au diagnostic.
Le médecin généraliste, joue un rôle important dans la prise en charge des patients atteints de
SAOS : du dépistage au suivi. Cette pathologie nécessite une prise en charge multidisciplinaire et
devant les difficultés rencontrées par les praticiens, l’effort sur la sensibilisation et sur l’implication du
médecin traitant dans un réseau est primordial.
ABSTRACT
Obstructive Sleep Apnea Syndrome (OSAS) is a common condition whose prevalence is estimated at
5% of the general population. It is a condition that, through its cardiovascular and metabolic as well as
its impact on daytime alertness complications, is a real public health problem.
A questionnaire was sent to 600 general practitioners (GP) in Picardie in order to make the state of
practice in the management of OSAS.
180 physicians responded: 69% of doctors receive less than 11 OSA patients.
99.4% of physicians surveyed mentioned the diagnosis of OSA in patients demonstrating signs such
as night snoring, pauses in breathing, daytime sleepiness.
Insufficient knowledge about the working principle of the PPC and access to rapid diagnosis time
(between 1 and 6 months for 79% of physicians) are the main difficulties encountered by practitioners.
In this study, we found that this disease remains underdiagnosed. To improve the management of
OSA should be offered to GPs effective training to improve communication with other stakeholders
and to facilitate access to diagnosis.
The GP plays an important role in the management of patients with OSA: from screening to follow.
This condition requires a multidisciplinary approach and to the difficulties encountered by practitioners,
efforts on awareness and the involvement of the attending physician in a network is essential.
INTRODUCTION
Le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS) est une pathologie fréquente dont la
prévalence est évaluée à 5% de la population générale [1, 2].
A travers ses complications cardiovasculaires et métaboliques ainsi que son retentissement sur la
vigilance diurne, le SAOS représente un véritable problème de santé publique.
Il constitue le principal trouble respiratoire lié au sommeil.
Actuellement, le diagnostic est établi grâce à un enregistrement poly(somno)graphique, et le
traitement de référence est la ventilation nocturne par pression positive continue (PPC).
La suspicion d’un SAOS est purement clinique et repose sur des symptômes fréquemment rencontrés
en médecine générale, détectables lors de l’interrogatoire. Ces symptômes, bien que peu spécifiques,
doivent être rapidement dépistés pour évoquer ce diagnostic et orienter le patient dans un réseau de
soins adapté.
Le délai de prise en charge pour le diagnostic peut être très important de part le manque d’offres de
soin (accès difficile à la poly(somno)graphie) et de part une mauvaise orientation du patient dans le
parcours de soins.
Cette pathologie, une fois diagnostiquée, pose aussi le problème de l’observance du traitement par
les patients.
Du fait de ses comorbidités et de ses complications, le SAOS est une pathologie dont la prise en
charge est multidisciplinaire et le médecin généraliste a un rôle central dans l’organisation de cette
prise en charge.
Ce travail avait comme objectif principal d’évaluer les pratiques professionnelles des généralistes
picards quant à la prise en charge du SAOS : du dépistage au suivi, et de repérer les difficultés
auxquelles ils sont confrontés dans leur pratique quotidienne.
MATERIEL ET METHODE
Ce travail de thèse est basé sur une étude déclarative descriptive, fondée sur une enquête de
pratiques, réalisée par envoi de questionnaires aux médecins généralistes des trois départements de
Picardie : la Somme, l’Oise et l’Aisne.
Le calcul de l’échantillon a été effectué dans le but d’obtenir au moins 100 réponses. Un échantillon
de 600 médecins a été tiré au sort de façon aléatoire par un logiciel informatique à partir d’une liste
de l’URPS (Union gionale des Professionnels de Santé) de médecins généralistes exerçant dans
les trois départements de la région. Les noms et les coordonnées des participants ont été gardés
confidentiels par l’URPS.
Le questionnairea été adressé par voie postale à la population cible 15 mai 2013 avec une date limite
de renvoi le 06 juillet 2013.
Au questionnaire était jointe une enveloppe-réponse timbrée, afin d’optimiser le taux de participation,
avec réponse à l’URPS.
L’anonymat des médecins a été respecté dans le traitement des données recueillies.
L’analyse statistique a été réalisée à l’aide des logiciels SPHINX² et Excel. Elle a consisté en une
analyse descriptive. Les variables quantitatives ont été décrites avec des moyennes, écarts-types,
minimales, maximales, médianes. Le degré de significavité retenu est un p inférieur ou égal à 0,05.
Les questions ouvertes (il y en avait deux permettant des commentaires libres) ont été exploitées par
analyse thématique et descriptive.
RESULTATS
180 médecins ont répondu au questionnaire, le taux de participation à cette étude a atteint 30%.
Caractéristiques des médecins répondants :
Notre population de médecins, à dominante masculine (69%) présente un âge moyen de 52,2 ans. Or,
l’âge moyen des médecins picards est de 53 ans et 72% sont des hommes : l’écart-type n’est donc
pas significatif [17]. La population de l’étude est représentative de la population des médecins picards.
Prévalence du SAOS, formation et outils diagnostiques :
68,9% des médecins interrogés déclarent suivre moins de 11 patients porteurs de SAOS. 40,4% des
médecins suivant plus de 11 patients atteints de SAOS exercent en milieu rural.
Il existe une relation significative (p<0,1%) entre l’âge et la formation des médecins interrogés. Ainsi
63,8% des moins de 50 ans estiment avoir été formés au SAOS lors de leurs études médicales, alors
que 61% des plus de 50 ans se sont formés lors de FMC.
22% des médecins de plus de 50 ans estiment ne pas avoir été sensibilisé à la pathologie du
syndrome d’apnées du sommeil.
73,9% des médecins interrogés n’ont jamais évoqué un SAS chez l’enfant.
88,9% des médecins n’utilisent pas de fiche d’aide au diagnostic.
Situation clinique du SAOS dans la patientèle du médecin répondant :
Pratiquement tous les praticiens interrogés (99,4%) ont évoqué le diagnostic de SAOS devant des
signes évocateurs tels que le ronflement nocturne, les arrêts respiratoires constatés par le conjoint, la
somnolence diurne.
Démarche diagnostique :
Parmi les médecins interrogés, 61,7% orientent leurs patients vers un pneumologue de ville et/ou vers
un centre de sommeil hospitalier (43,3%).
Approche thérapeutique :
Pour 30% des médecins interrogés environ, la qualité de vie de leur patient, la tolérance et
l’observance du traitement par PPC sont leurs principales interrogations dans le suivi de cette
pathologie.
Pour 92,2% des médecins, le bénéfice global du traitement par PPC est assez voire très important.
Difficultés rencontrées :
Pour la majorité des médecins interrogés, les principales difficultés rencontrées par les médecins
prenant en charge des patients suivis pour SAOS sont des connaissances insuffisantes sur le
fonctionnement de la PPC et un délai d’accès à un enregistrement du sommeil trop long.
80% des médecins interrogés estiment le lai d’accès à un diagnostic de SAOS (enregistrement du
sommeil) entre 1 et 6 mois.
Parmi ceux qui peuvent avoir un rendez-vous en urgence, 83% exercent en milieu urbain ou semi-
rural.
Parmi ceux qui évoquent des difficultés à un accès rapide, 90% estiment avoir un RDV entre 1 et 6
mois.
DISCUSSION
Les médecins ayant accepté de participer à notre enquête, correspondent à un échantillon
représentatif de la répartition hommes/femmes dans la région de Picardie, avec un âge moyen proche
de celui recensé par l’atlas de la Démographie Médicale en région Picardie élaborée par le Conseil
National de l’Ordre des Médecins [17].
Les faiblesses de cette enquête sont dues au questionnaire : il comportait majoritairement des
questions fermées, ce qui pouvait orienter les réponses : il existe probablement un écart entre les
pratiques déclarées et les pratiques réelles.
Enfin, ce questionnaire manquait de questions se consacrant aux autres thérapeutiques
envisageables dans la prise en charge du SAOS notamment l’orthèse mandibulaire
Nombre de patients suivis
Dans cette étude, 40,6% des médecins interrogés suivent entre 6 et 10 patients porteurs d’un SAOS
et 31,1 % suivent plus de 11 patients. Ce résultat est donc en augmentation par rapport aux dernières
études : l’étude de Billiart et coll. en 2002 [18] retrouvait un nombre de patients suivis de 1.96 et celle
de Pontier et coll. en 2007 5.58 [20].
68,9% des médecins suivent moins de 11 patients atteints de SAOS. Cependant, même si ce chiffre
est en augmentation, il est en deçà de ce que devrait suivre un médecin généraliste. La prévalence du
SAOS est estimée à 5% de la population [1, 2]. Ce chiffre démontre que cette pathologie reste encore
très largement sous diagnostiquée.
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