INTRODUCTION
Le langage, la communication sont des éléments importants dans le domaine du
soin, et plus spécifiquement encore en psychiatrie. C’est pourquoi j’ai décidé de
consacrer mon Travail de Fin d’Etude à la question de l’usage du tutoiement en
psychiatrie, notamment son influence sur la distance thérapeutique qui lie le soignant et
le soigné, et sur la prise en soin d’un patient porteur de troubles psychiatriques.
C’est lors de mon premier stage en santé mentale que j’ai constaté la facilité
avec laquelle les soignants tutoyaient les patients, différemment de ce que j’avais pu
observer dans d’autres unités de soins. Cela semblait aller à l’encontre de tout ce que
l’on m’avait enseigné en tant qu’étudiante infirmière, sur la relation soignant/soigné, la
notion de distance thérapeutique et le respect que l’on doit au patient. Alors que l’on
m’avait toujours interdit de tutoyer les patients car cela représentait un manque de
respect, la cadre du pavillon m’autorisait au tutoiement « si je le sentais », chose que je
n’ai jamais faite, même à la demande des patients, car je ne m’en sentais pas la
légitimité, sans aller plus loin dans la réflexion.
J’ai alors ressenti le besoin de clarifier cette question afin d’adapter ma pratique
en tant que future professionnelle. Mon projet étant de travailler dans le domaine de la
santé mentale, la recherche effectuée pour ce travail me permettra d’adopter la meilleure
des attitudes face aux personnes que j’aurais à prendre en soin, afin de tisser avec ces
malades une relation soignant-soigné de qualité, fondée sur l’altérité de chacun, une
confiance mutuelle et une distance thérapeutique juste et adaptée.
En effet, en psychiatrie, plus encore que dans les autres spécialités, la
communication constitue le premier soin que l’on prodigue à ces personnes en
souffrance. Le langage, les mots peuvent être de véritables outils thérapeutiques pour
ces patients atteints de psychose, mais peuvent aussi constituer un danger pour leur
équilibre psychique, car les mots ont un sens particulier pour ces malades à la
personnalité fragile. Pour permettre au patient d ‘exprimer sa souffrance, la rencontre
avec celui ci et la recherche de sa confiance sont fondamentales.
Cependant, la question du tutoiement est délicate car elle touche les valeurs tant
personnelles que professionnelles, ainsi que les principes et les représentations de
chacun. De plus il n’existe pas de texte officiel règlementant l’usage du tutoiement ou
du vouvoiement dans la fonction infirmière mais il convient tout de même de respecter
certains principes dans la relation au patient.
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