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groupe, mais les évaluations d’impact et d’efficacité indiquent clairement que l’entretien de face à
face est la forme d’accompagnement qui est la plus aidante et la plus validée par toutes les études
(et ce même pour un seul entretien). La situation d’entretien, situation princeps, va permettre
d’établir un lien bien particulier conseiller/consultant. L’entretien de conseil se doit d’être, pour le
consultant, une expérience émotionnelle validante et soutenante dans un processus de
changement, d’évolution, de choix souvent difficile pour lui.
Nous sommes dans une relation de proximité et d’implication régulée. Nombreuses sont
les études qui mettent en avant que, quelques soient les approches, c’est un lien de confiance, de
fiabilité, de juste investissement qui va permettre au consultant de s’engager dans une démarche
de changement, d’évolution personnelle qui est bien souvent coûteuse pour lui. Le conseiller
« efficace » ajoute à ses savoirs et compétences d’expert en orientation des compétences
relationnelles qui vont permettre de mettre en œuvre une rencontre authentique avec son
consultant.
« On sait que plus une personne a connu des liens fiables d’attachement, des expériences de validation
empathique et de mentalisation, plus elle manifeste des capacités de prise de décision, d’adaptation personnelle,
professionnelle et sociale » (Sroufe, 2005). « Or, 50% des personnes environ ne connaissent pas suffisamment de
telles expériences émotionnelles et vivent, souvent, doute, indécision et anxiété dans leurs processus d’adaptation.
Quand elles viennent consulter un conseiller ou un psychologue du conseil en orientation, créer un lien fiable de
confiance se révèle alors déterminant » (Masdonati, Massoudi, & Rossier, 2009 ; Massoudi et al. 2008).
Cette relation se caractérise également par une alliance de travail, un lien émotif de
collaboration, de négociation, de partenariat. C’est la capacité du conseiller à établir, maintenir et
à restaurer cette alliance (fluctuations relationnelles, tensions, ruptures) qui va être déterminante.
« Sa vie durant, l’être humain cherche, au travers de multiples expériences interactives de communications explicites
et implicites, des relations fiables et significatives pour se construire, développer ses valeurs, intérêts et compétences,
s’intégrer socialement. L’établissement d’une alliance de travail est en effet un enjeu fort du processus de conseil en
orientation, de réadaptation ou de réinsertion professionnelle (Lecomte, Savard, & Guillon, 2011). » Savard
Lecomte Montpellier 2013.
Aussi, c’est dans le cadre de cette relation de co-réflexion et de co-construction où le
conseiller cherche à être proche du vécu de son consultant tout en lui permettant de s’ouvrir à
d’autres perspectives que le professionnel utilise son expertise de l'information et des épreuves
normalisées. Mais c’est en étant sensible à l’impact de ces données (parfois extérieures au champ
de conscience du consultant) sur la personne accompagnée que le conseiller va les proposer tout
en étant vigilant à ce que le consultant reste l’expert de lui-même.
Maintenir cette relation à la fois sécure et « invitante à aller plus avant » est un enjeu
fondamental de la qualité de l’aide apportée. Il amène le professionnel à travailler en supervision.
La supervision :
C’est un espace de réflexion pour le professionnel où il n’est pas seul dans son
questionnement, où il peut multiplier les perspectives dans l’analyse de sa difficulté, où il peut
reprendre du pouvoir sur sa pratique et développer sa créativité professionnelle.
La supervision permet :
- de développer sa capacité de contact avec sa propre expérience,
- d’être dans la préoccupation d’une meilleure appréciation, appréhension de la complexité
de l’autre,
- de prendre de la distance pour mieux sentir, analyser les processus d’interinfluence
conseiller-consultant mais aussi conseiller-contexte.
Pour le superviseur, il s’agit d’étayer dans sa réflexivité « un professionnel en situation ».