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1994), la dysmorphophobie (Andreasen et Bardach, 1977), les problèmes
érectiles (Quadland, 1980), la personnalité de type A reliée aux maladies
cardio-vasculaires (Flett, Hewitt, Blankstein et Dynin, 1994; Smith et
Brehm, 1981), l'angoisse de la page blanche (writer's block) et la
procrastination (Ferrari, 1992; Flett, Blankstein, Hewitt et Koledin, 1992;
Solomon et Rothblum, 1984) et finalement les problèmes d'anxiété
(Christensen, Danko, et Johnson, 1993; Craske et al., 1992; Flett, Hewitt et
Dyck, 1989; Flett, Hewitt, Endler et Tassone, 1995; Freeman, Pretzer,
Fleming et Simon, 1990; Frost, Marten, Lahart et Rosenblate, 1990;
Nekanda-Trepka, 1984; Zwemer et Deffenbacher, 1984).
Ces études associent le perfectionnisme à une tendance générale à
l'anxiété mesurée par l'Inventaire d'anxiété de trait et d'état (Spielberger,
Gorsuch et Lushene, 1970) ou le Brief Symptom Inventory (Derogatis et
Melisaratos, 1983). Cependant, ce n'est que récemment que des
chercheurs se sont penchés sur la présence et la description du
perfectionnisme dans les pensées et comportements de certaines
populations cliniques constituant les troubles anxieux, c'est-à-dire le trouble
obsessionnel-compulsif, la phobie sociale, le trouble panique avec
agoraphobie et le trouble d'anxiété généralisée. Quelques études ont établi
un lien corrélationnel entre le perfectionnisme et certains troubles anxieux,
sans toutefois décrire de façon précise l'implication de cette façon de
penser et d'agir dans le développement et le maintien de certains troubles
anxieux en particulier. Cet article tente de décrire précisément le rôle du
perfectionnisme dans certaines problématiques anxieuses spécifiques
telles qu'elles sont présentées au clinicien. Nous soulignerons, entre
autres, les différentes manifestations comportementales et cognitives du
perfectionnisme que nous retrouvons dans ces populations cliniques.
Selon l'approche cognitive décrite précédemment, si le perfectionnisme
constitue bien un schéma cognitif important sous-jacent aux différentes
symptomatologies anxieuses, il est important de pouvoir l'identifier et d'en
faire une analyse fonctionnelle afin de réduire son impact sur le
fonctionnement et la qualité de vie d'un individu.
QU'EST-CE QUE LE PERFECTIONNISME ?
Le perfectionnisme peut être considéré à la fois comme un trait de
personnalité, une motivation (drive), un comportement ou une maladie.
Quoique l'on puisse décrire les diverses manifestations du perfectionnisme
à partir de différents types de réponses (cognitives, affectives,
comportementales et physiologiques), nous allons adopter, au cours de cet
exposé, une position cognitiviste du perfectionnisme. En effet, nous
croyons que les principales manifestations comportementales proviennent,
dans un premier temps, de la façon de penser des individus concernant
certaines situations ou tâches. Nous allons donc considérer le
perfectionnisme comme une façon de penser, une attitude, une croyance
ou un schéma de base au sens des cognitivistes cités précédemment
(Beck et al., 1979; Beck et Emery, 1985; Ellis, 1962; Young, 1994), c'est-à-