et là au fil de notre expérience de vie. Toutefois, l’image que l’élève se fait d’elle-même est
souvent faussée par la quête d’un corps idéalisé qui lui a été dicté par la danse classique.
Chaque jour, face aux miroirs, la confrontation est inévitable. Elles se dévalorisent et se
comparent aux autres élèves ayant un « …plus beau corps ». Dès lors entre en jeu la
compétition, qui plus est malsaine, et qui peut aller dans certains cas jusqu’à vouloir être une
autre. L’utilisation du miroir en classe contribuerait donc à la distorsion de l’image de soi. Je
constate que mes élèves sont très critiques vis-à-vis leur corps et cherchent constamment à se
comparer avec leurs pairs. Le tout a pour résultat de faire naître un sentiment d’infériorité et
de dépréciation. Étant trop centrées sur l’apparence, elles arrivent difficilement à développer
leur sens kinesthésique. Ceci est sans doute dû au fait qu’en danse classique on enseigne
beaucoup par imitation ce qui favorise difficilement le développement de soi. L’élève qui
n’atteint pas le but espéré sera envahie par un sentiment de découragement. La gestion de
classe devient alors difficile puisque le professeur doit constamment ajuster le contenu de son
cours pour palier à l’omniprésence d’une atmosphère négative : tout ceci contribue à ralentir
le programme prévu au cours. Dans le contexte de la classe de danse, l’élève n’est pas
suffisamment invitée à participer à la construction de sa propre identité. Ce dernier est trop
souvent au service de la personne qui le « construit ». « C’est pourquoi la relation à
l’enseignant est aussi dominante dans un cours de danse : le rapport au savoir est presque
inévitablement rapport au professeur» (Pujade-Renaud, 1976, p.104).
2. Nature du problème (le diagnostic) et ses causes potentielles
De façon évidente, le problème d’estime de soi rencontré dans ma classe découle en grande
partie de la nature de la discipline inhérente à la danse classique et qui est principalement axée
sur le corps. De façon concrète, lorsqu’une correction technique est donnée à l’élève, il la
prend d’abord et avant tout comme une critique, l’élément constructif de cette critique se
situant dans une zone incompréhensible et inatteignable. J’essaie d’enseigner de façon plus
humaine, plus sensible, à l’écart souvent des dogmes académiques. Malgré cela, il m’arrive
d’avoir recours à des méthodes pédagogiques qui ne favorisent pas l’estime de soi. J’enseigne
inévitablement comme on m’a enseigné, c’est-à-dire, et j’en suis tout à fait consciente, de
façon souvent trop directive, voire autoritaire. Je réalise que j’utilise des commentaires qui,
chez certaines élèves, ont pour effet de les insécuriser, les amenant à douter de leurs
compétences. Ceci dit, je dois par ailleurs composer avec le fait que mes élèves ont des