PÉRISCOPE Forum Med Suisse No49 5 décembre 2001 1220
Combien de consultations nécessite une
grossesse? Une analyse historique laisse sup-
poser que la baisse de la mortalité maternelle
en Angleterre au milieu du dernier siècle est
surtout due à une amélioration des circons-
tances périnatales, et moins à une augmenta-
tion des consultations durant la grossesse. Une
étude de l’OMS menée dans des hôpitaux ar-
gentins, cubains, thaïlandais et d’Arabie Saou-
dite, sur deux groupes d’environ 12 000 femmes
chacun, dont le premier bénéficiait en moyenne
de 5 consultations durant la grossesse, et le
deuxième de 8 contrôles en moyenne, n’a mon-
tré aucune différence significative entre les
deux groupes en ce qui concerne le poids à la
naissance, l’incidence d’éclampsie, de pré-
éclampsie et d’anémie postpartum. Une re-
cherche systématique de l’OMS des études cli-
niques confirme ces résultats et rappelle l’effet
favorable sur l’augmentation des coûts – et le
mécontentement attendu des femmes à l’ouest.
Le rationnement «ante portas»? – Villar J, et al.
WHO antenatal care randomised trial for the
evaluation of a new model of routine antenatal
care / Carroli G, et al. WHO systematic review
of randomised controlled trials of routine
antenatal care. Lancet 2001;357:1551–64/
1565–70.
Asthme: bêta-stimulants d’action prolongée
et/ou corticostéroïdes par inhalation? Deux
études randomisées et en double aveugle, sur
environ 170 patients chacune, ont révélé les ré-
sultats suivants: 1) Les asthmatiques, dont
l’asthme est bien contrôlé avec de faibles doses
de triamcinolone, courent un risque important
de subir à nouveau des crises asthmatiques mal
maîtrisables suite à une modification de traite-
ment à des bêta-stimulants en monothérapie.
2) Chez les patients contrôlés de manière sub-
optimale avec de la monothérapie de triamci-
nolone, réagissant favorablement à l’associa-
tion de bêta-stimulants, la dose de la triamci-
nolone peut être diminuée jusqu’à 50% sans
aucun risque. Cependant, l’interruption com-
plète de la triamcinolone entraîne une perte si-
gnificative du contrôle des crises asthmatiques.
Deux études indépendantes avec des résultats
identiques! – Lazarus SC, et al. Long-acting-
β2-agonist monotherapy versus continued
therapy with inhaled corticosteroid in pa-
tients with persistent asthma / Lemanske SC,
et al. Inhaled corticosteroid reduction and eli-
mination in patients with persistent asthma re-
ceiving salmeterol. JAMA 2001;285:2583–93 /
2594–603.
Mobilité (part V) – A New York City, en août
1999, cinquante-neuf patients, âgés en général
de >75 ans, ont subi une méningoencéphalite
accompagnée d’une faiblesse musculaire.
Parallèlement, une grande quantité d’oiseaux
mourraient dans la même métropole. Comme
on l’a découvert 4 semaines plus tard, les deux
événements étaient liés. Ils étaient dus à une in-
fection avec le virus West-Nile, un flavi-virus du
groupe provoquant l’encéphalite japonaise. Le
virus est enzootique en Afrique, en Asie, ainsi
qu’en Europe, et transmis par les moustiques
Culex. La mobilité de pathogènes exotiques! –
Nash D, et al. The outbreak of West Nile Virus
infection in the New York City area in 1999. N
Engl J Med 2001;344:1807–14.
L’année précédente on avait observé aux Etats-
Unis les premiers cas souffrant d’une encépha-
lite West-Nile. La mortalité était de 4–13%,
touchant surtout les personnes âgées. A l’épo-
que, on pouvait isoler le virus dans le corps des
oiseaux, des chevaux, ainsi que dans un certain
type de moustiques importés du Japon. Entre
temps on a analysé la séquence de ses protéi-
nes, et actuellement il est soumis à des examens
intenses dans le but de développer un vaccin
contre cette encéphalite. – Watanabe ME. US
anticipates West-Nile resurgence. Nat Med
2000;9:947.
Le rapport de l’hygiène publique 2000 de
l’OMS: Il y a un an, l’OMS a publié son rapport,
qui lui a valu beaucoup de critiques. Le rapport
se basait d’une part sur la «DALE» (= disability
adjusted life expectancy; la Suisse occupe parmi
les 191 pays de l’OMS la huitième place derrière
le Japon, l’Australie, la France, la Suède, l’Es-
pagne et l’Italie: est-ce surprenant?), et d’autre
part sur le «WHO inequality index» (tenant
compte des différences de mortalité dans cer-
taines populations). Ce dernier index n’est ce-
pendant pas congruent aux différences de mor-
talité socio-économiques absolues. Des conclu-
sions curieuses en résultent, comme par exem-
ple celle, que le système d’hygiène publique de
la Colombie serait plus équitable que celui du
Canada. Vu ces «absurdités», il faut tâcher
d’éviter les réactions précipitées. – De différents
articles sur ce sujet dans le Lancet 2001,
357:1633 / 1671–2 / 1685–703.
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