Histoire - Géographie :
Géographie des conflits
Pierre-Emmanuel BARRAL — AFADEC — Droits de reproduction réservés 3
A. L’impossible unité du Soudan
Le Soudan était le plus vaste pays d’Afrique (2 500 000 km2 et 30 millions d’habitants) mais
une cassure profonde le divisait depuis son indépendance :
♦ Division géographique entre le nord sahélien et le sud tropical.
♦ Division ethnique entre le nord peuplé d’Arabes « blancs » et le sud peuplé
d’Africains noirs.
♦ Division religieuse entre le nord musulman et le sud animiste et chrétien.
Au nord, la population de 17 millions d’individus qui vit sur une superficie de 1 900 000 km2
est arabo-musulmane.
Au sud, la population de 8 millions d’habitants vit sur un territoire de 700 000 km2 et est
formée d’ethnies souvent rivales (Nuba, Nuer, Dinka et Shiluk). Religieusement, les Sudistes
sont à 60 % des Chrétiens (40 % de Catholiques et 20 % de protestants de différentes
obédiences) et à 40 % animistes.
Les Britanniques avaient compris la radicale incompatibilité des deux parties du pays. En
1922, ils isolèrent le sud du Pays (Closed districts) et interdirent les migrations entre les deux
Soudans. Ils envisagèrent après la 2ème guerre mondiale de rattacher le sud Soudan à
l’Ouganda puisque les populations des deux pays étaient apparentées.
Le 1er janvier 1956, le Soudan devint indépendant. Mais le pouvoir en place à Khartoum
refusa tout partage du pouvoir avec les sudistes. Le slogan des autorités était : « Une seule
langue : l’arabe, une seule religion : l’Islam ».
Un premier conflit éclata mais un accord fut signé à Addis Abbeba en 1972.
Le général Nimeiry arriva au pouvoir en 1969 et installa une junte militaire. Du pétrole fut
découvert en 1981 dans le sud. Le pouvoir de Khartoum rattacha les régions pétrolifères au
nord et supprima l’autonomie du sud et tenta d’imposer la charia partout dans le pays.
Le colonel John Garang (un Dinka) créa une Sudan Peoples’s Liberation Army (SPLA) et
déclencha une rébellion contre le pouvoir central en 1983. Il signa un accord avec le
gouvernement de Khartoum qui prévoyait un référendum d’autodétermination en 2011. John
Garang se tua lors d’un accident d’hélicoptère à l’été 2005. Salva Kiir (Dinka) lui succéda.
Le référendum qui s’est déroulé du 9 au 15 janvier 2011 donna 99% de oui à
l’indépendance du sud. Le nom de l’Etat a fait l’objet de longues discussions : Sud-Soudan
Equatoria, République du Haut-Nil. Koush, Djouwana. L’indépendance est intervenue le 9
juillet 2011. Le nom officiel est « République du Sud-Soudan ». Le drapeau du nouvel Etat est
bleu (couleur du Nil), noir (identité du peuple), rouge (sang versé dans la lutte pour
l’indépendance), vert (agriculture), blanche (paix). L’étoile jaune est celle du berger. Le siège
de la capitale a été fixé à Juba. Le président est Salva Kiir et il est assisté d’un vice-président.
Au niveau des équilibres régionaux l’indépendance du Sud-Soudan renforcerait le bloc
« chrétien » (Ethiopie Ouganda Kenya) face au bloc « musulman » (Egypte-SoudanSomalie).