lisés en ce sens dans les cancers du sein. De plus, les hypothèses statistiques des pre-
mières études publiées, en particulier dans le cancer du sein, ont été probablement
trop optimistes, n’autorisant l’inclusion que d’un nombre de patientes insuffisantes
pour espérer retrouver une différence statistiquement significative entre le bras
expérimental et le bras contrôle. Ces hypothèses reposaient, d’une part, sur la
« nécessité » pour la CTHD d’apporter un bénéfice important pour pouvoir contre-
balancer un taux de décès toxiques entre 10 et 15 % lors des premiers essais, et,
d’autre part, sur des bras contrôles probablement moins efficaces que ceux actuel-
lement disponibles. La nécessaire période d’apprentissage des premières équipes
impliquées dans l’évaluation des chimiothérapies intensives, en particulier dans le
choix des drogues utilisées pour le conditionnement, couplée à l’amélioration des
techniques de réanimation hématologique, au développement des facteurs de crois-
sance hématopoïétiques et des autogreffes de cellules souches hématopoïétiques, a
permis une diminution nette de la mortalité toxique. De plus, le recul est parfois
insuffisant dans certaines publications pour juger de l’intérêt de la chimiothérapie
haute dose, en particulier en situation adjuvante. Enfin, la plupart des études ont
utilisé un cycle de CTHD incorporé à la fin d’un traitement d’induction à dose
conventionnelle. D’autres stratégies comportant en particulier un à trois cycles de
CTHD supplémentaires méritent d’être explorées. Il est donc difficile, sur la base
des résultats actuellement publiés, de conclure à l’absence d’efficacité de la CTHD,
que ce soit dans les cancers du sein ou dans les autres tumeurs solides.
On assiste actuellement au développement important des thérapeutiques dites
ciblées (rituximab, trastuzumab, gefitinib, imatinib, mesylate…), qui offrent dans
les hémopathies et les tumeurs solides une nouvelle arme thérapeutique s’ajoutant
à la chirurgie, à la radiothérapie et à la chimiothérapie à dose conventionnelle.
L’immunothérapie, qu’elle soit ou non spécifique (interleukine 2, interférons, vac-
cination anti-tumorale, allogreffe de cellules souches périphériques (CSP) avec
conditionnements atténués), est également en cours d’évaluation. On pourrait être
tenté d’abandonner l’étude de la CTHD au profit de ces nouvelles stratégies théra-
peutiques. Il ne faut probablement pas les opposer.
L’échec des CTHD sous couvert d’une autogreffe de CSP pourrait être lié, d’une
part, à l’existence de cellules résiduelles chimio-résistantes et, d’autre part, à la
contamination du greffon autologue par des cellules tumorales. Les mécanismes
moléculaires de la chimiorésistance sont de mieux en mieux connus. A côté des
mécanismes spécifiques à chaque cytotoxique, il existe probablement des profils
moléculaires caractérisant les cellules tumorales chimio-résistantes (6). Les rôles de
p53 (le « gardien du génome ») et des protéines contrôlant le cycle cellulaire (gate-
keeper), des protéines de la famille bcl-2 (régulateurs de l’apoptose), des SAPK
(Stress activated protein kinases), des gènes de la réparation de l’ADN (care-keeper)
sont maintenant connus dans les phénomènes de résistance aux cytotoxiques. Des
thérapeutiques ciblant ces mécanismes moléculaires de chimiorésistance pourraient
être utilisées en association avec la chimiothérapie à dose standard et/ou la CTHD
pour potentialiser l’effet des cytotoxiques ou maintenir son effet le plus longtemps
possible. De même, certains groupes ont évalué la faisabilité, après cytoréduction
maximale par une chimiothérapie à dose conventionnelle suivie d’une CTHD avec
438 Cancer du sein