Rien que cette histoire, digne des derniers jours de Pompéi, est passionnante. Mais ce n’est que le début
du récit de Wood. Ce que montre l’universitaire américain, ce sont les conséquences catastrophiques, à
l’échelle planétaire, d’une éruption volcanique monstrueuse. En Europe et en Asie, le refroidissement de
deux degrés de la température moyenne provoque un chamboulement des saisons et ruine les récoltes à la
suite d’un été 1816 glacial et sans soleil. Des famines dramatiques s’ensuivent, comme en Irlande ou dans
le Yunnan, en Chine. Au Bengale, la mousson est bloquée et le choléra se déchaîne, s’étendant de l’Inde à
l’Europe en passant par la Russie pour atteindre l’Amérique en 1832, faisant des millions de morts. Le
typhus, transporté par les poux, se répand dans une Irlande ravagée par la famine.
Au cercle polaire, les glaces fondent
Au cercle polaire, par un effet collatéral, le climat se réchauffe et les glaces fondent, faisant croire aux
explorateurs que le mythique passage du Nord-Ouest tant recherché (qui relierait par voie maritime
l’Atlantique et le Pacifique via le Canada) existe vraiment. Aux Etats-Unis, une période de prospérité liée
aux rendements agricoles exceptionnels du Midwest est suivie d’une terrible crise économique quand
l’Europe cesse d’importer des céréales. En Chine, la région du Yunnan, ruinée, voir ses paysans délaisser
la culture du riz, de blé et d’orge pour celle du pavot qui servait à fabriquer l’opium, autrement plus
rentable. Toute l’économie mondiale bouge et se transforme sous l’effet des perturbations climatiques.
Et Mary Shelley alors ? En juin 1816, la jeune anglaise (elle n’a que 18 ans) est en vacances dans les Alpes
suisses avec celui qu’elle va bientôt épouser, Percy Shelley, Lors Byron et sa maîtresse Claire Clairmont.
Le temps est épouvantable, il fait froid, la tempête fait rage, le tonnerre est effrayant et les Anglais
restent à l’abri ce climat de fin du monde. Pour s’occuper, ils se racontent des histoires de fantômes. Elles
inspireront à Mary Shelley un chef d’œuvre de la littérature gothique, Frankenstein.
Il y a tout ça et bien d’autres choses dans ce passionnant L’année sans été. Car ce n’est bien sûr pas qu’un
livre d’histoire : c’est une description des réactions en chaîne provoquées par le changement climatique.
En 2016, ce n’est pas un quelconque Tambora qui hantent nos nuits, mais le prix à payer d’une «