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1 L’entrée de l’Etat dans la science économique
« Les institutions sont les règles du jeu, dans une société, ou, plus formellement, sont les contraintes
d’origine humaine qui encadrent l’interaction humaine. En conséquence elles structurent les
incitations dans l’échange humain, qu’il soit politique, social ou économique.»
(Douglass North, Institutions, Institutional Change, and Economic Performance)
L’analyse économique de l’Etat est un fait récent dans l’histoire de la pensée économique.
Les économistes classiques, à l’exception d’Adam Smith, avaient tendance à négliger le traitement
des institutions. La fonction économique de l’Etat et les conséquences (bénéfiques comme néfastes)
de ses actions sur l’économie étaient absentes de leurs discours, à l’exception des débats sur le
protectionnisme. Le laissez-faire en politique économique intérieure comme extérieure leur
apparaissait comme étant un état normal et désirable. Dans un premier temps, les néoclassiques
(Walras, Marshall…) n’ont pas non plus étudié ces questions, préférant analyser seulement le
fonctionnement du marché.
Ce n’est que la seconde génération de néoclassiques qui a étudié le rôle de l’Etat en présence
de défaillances de marché (market failures), situations où le marché aboutit à une allocation sous-
optimale des ressources
. Arthur Pigou
, élève de Marshall, et rival de Keynes, est le premier à
avoir construit un raisonnement systématique justifiant l’intervention de l’Etat à partir d’arguments
microéconomiques (ceux-ci diffèrent largement des justifications macroéconomiques de Keynes ou
de Musgrave). Le modèle canonique de Pigou est repris par de nombreux auteurs, dont le plus
célèbre est Samuelson, et par des travaux tels que ceux de Garett Hardin sur la « tragédie des
communs »
.
2 L’économie néoclassique
Cette définition est postérieure à celle de Pigou puisqu’elle implique de connaître le premier théorème fondamentale de l’économie du bien-être
qui énonce que tout équilibre concurrentiel, en l’absence de défaillances de marché, est Pareto-optimal, cf. Kenneth J. Arrow et Gérard Debreu,
« The Existence of an Equilibrium for a Competitive Economy », Econometrica (1954)
Arthur Pigou, The Economics of Welfare¸ Macmillan, 1920
Garett Hardin, “The Tragedy of the Commons”, Science, 1968
PIGOU
L’Etat, informé et bienveillant, connaît les préférences collectives et
produit des biens publics qui leurs sont conformes