Au cours des vingt Cinque dernières années, trois grandes modifications
dans la prise en charge d’un patient atteint de cancer du rectum se sont développées
et ont été validées. La standardisation de la technique chirurgicale d’exérèse
emportant tout le mésorectum décrite par RJ Heald [1-2] a permis une diminution
du taux de récidive locale de 20-50% à moins de 10%, tout en réduisant les
séquelles urogénitales liées à cette chirurgie. La radiothérapie préopératoire a
contribué à la diminution du nombre de récidives locorégionales, même lorsqu’elle
était associée à une chirurgie optimale[3]. Enfin, une modification des standards, c’est
à dire la réduction de la marge de sécurité distale minimale [4,5], et des acquisitions
techniques ont permis de diminuer le nombre d’amputations abdominopérinéales
sans altérer les résultats oncologiques. La chirurgie conservatrice avec
anastomoses colo-anale et résections intersphinctériennes [6,7] associée à des
protocoles d’irradiations optimisés a pu ainsi se développer pour les tumeurs très bas
situées.
Pendant la même période, la laparoscopie, initialement décrite comme un
outil diagnostic, puis utilisée en chirurgie gynécologique, s’est considérablement
développée en chirurgie digestive.
Le développement de la chirurgie colorectale laparoscopique a été plus tardif
car il s’agissait de procédures plus complexes à réaliser nécessitant un long
apprentissage. Les résections coliques pour pathologies bénignes ont été les
premières à être validées au début des années
90[8]. En chirurgie colorectale laparoscopique pour cancer, le
développement a été très rapidement stoppé par des publications de cas de greffes
tumorales sur orifices de trocart survenant même pour des cancers à des stades
précoces [9,10], faisant craindre un risque d’essemage tumoral directement lié à la
laparoscopie.