C E N A T H O – Daniel Kieffer PLAN ET SUPPORT UV 404 C Outils pratiques en TCC, psychologie positive et mindfulness Objectifs professionnels - Connaître et comprendre les principales approches modernes en psychothérapie : humanisme, comportementalisme, cognitivisme, mindfulness et psychologie positive ; - En connaître pour chacune les meilleures indications, les limites et les outils principaux ; - Pour chaque approche, savoir utiliser une ou deux techniques simples, efficaces et d’application pratique, dans le cadre d’une relation d’aide hors d’un cadre psychothérapeutique. - En tant que futur thérapeute, connaître les outils qu’il peut s’appliquer à lui-même pour optimiser sa dimension professionnelle. Plan du cours 1- Historique générale 2- Thérapie comportementale : présentation, indications, limites et outils principaux. 3- Thérapie cognitive : présentation, indications, limites et outils principaux. 4- Thérapies basées sur la pleine conscience : présentation, indications, limites et outils principaux. 1/24-UV 404 C 5- Approches de psychologie positive : présentation, indications, limites et outils principaux. 1- Historique et considérations générales a- L’approche humaniste Période optimale : Années 1950 - 1980 Abraham Maslow et Carl Rogers Les trois piliers essentiels de l’approche humaniste sont : La considération, l’empathie et l’authenticité. Selon une méta-analyse de 2001 sur 46 études et plus de 3.000 patients, l’empathie (l’alliance) est le facteur fondamental de réussite d’une thérapie, au-delà des diverses orientations théoriques. b- L’approche comportementale Période optimale : Années 1950 - 1980 B.F. Skinner ; Wolpe c- L’approche cognitive Période optimale : Années 1970 – 1990 Albert Ellis et Aaron Beck d- La vague émotionnelle et l’ascension des neurosciences Début autour des années 1990 Notions d’entraînement de l’esprit basé sur la neuroplasticité Thérapie des schémas de Young. Les approches de pleine conscience John KabatZinn, SingelSegal Thérapie dialectique de Linehan ACT : Acceptance and CommitmentThérapy e- Le courant de psychologie positive Début aussi autour des années 1990 Martin Seligman ; Csikszentmihalyi Vulgarisation en France par le Dr. Christophe André. Résumé : depuis une soixantaine d’années, plusieurs grands courants de psychothérapie ont vu le jour. Ce cours présentetous ceux qui ont pu établir leur efficacité clinique dans de multiples domaines de la psychopathologie. Mots clefs : humanisme, psychothérapie comportementale, psychothérapie cognitive, pleine conscience, mindfulness, psychologie positive. 2- Thérapie comportementale Présentation, indications, limites et outils principaux. a- Présentation Qu’est-ce qu’une habitude ? Une situation donnée déclenche chez un individu une réponse automatique, sur les plans émotionnels, cognitifs et comportementaux. Cette habitude s’est ancrée selon les lois du conditionnement : - Parfois Pavlovien, conditionnement quasi automatique. - Plus souventSkinnérien chez l’homme, fonction des conséquences. - Et beaucoup aussi par apprentissage social (Bandura). Pourquoi une habitude que l’on juge néfaste perdure-t-elle ? - Elle est ancrée dans des voies neuronales nombreuses, voire redondantes. Elle déclenche un processus de renforcement. Soit le comportement induit des conséquences immédiates qui sont jugées bénéfiques, et on parle de renforcement positif, le plus fréquent. Soit il permet la suppression d’un affect gênant (renforcement négatif). Comment faire quand on veut en changer ? - Définir l’objectif que l’on poursuit ; Imaginer la situation et le comportement alternatif choisi ; S’y entraîner progressivement dans la réalité. d- Outils principaux La relaxation Selon la loi de l’inhibition réciproque, notre organisme ne peut être à la fois stressé et relaxé. Ainsi, l’apprentissage de la relaxation va aider à modérer les effets physiologiques, émotionnels et cognitifs du stress. La sophro-correction sérielle Il s’agit d’une technique de visualisation utilisée notamment dans les phobies simples, et connue dans le monde des TCC (thérapies comportementales et cognitives) sous le terme de désensibilisation systématique de Wolpe. Elle se pratique suivant une démarche codifiée : - Construction d’une hiérarchie des situations anxiogènes de 0 à 10 ; - Sous relaxation de profondeur légère à modérée, - Exposition progressive en imagination sur les niveaux 2 à 3 ; 2/24-UV 404 C - Puis épreuve de réalité, suivi de l’ancrage de la réussite ; Nouvelle exposition en imagination … La mise en place d’un comportement alternatif Utilisé principalement dans le tabagisme, mais aussi dans de nombreux autres domaines (tics, examens, …) - Exemple dans le tabagisme : respirer une huile essentielle et/ou attendre 30 secondes une fois que l’envie de fumer survient, … - Pour les tics : effectuer un autre geste ; - Lors des examens : pause relaxation avec visualisations, de deux minutes. Approche sophrologique de sophro correction existentielle. La correction des biorythmes dans les troubles du sommeil De très nombreux comportements peuvent être intégrés : regarder la lumière le matin et faire de grandes respirations ; se coucher et surtout se lever tous les jours à peu près à la même heure ; ne pas regarder un écran avant de dormir ; ne pas discuter dans son lit ; Ne pas rester au lit si on n’y dort pas et que cela nous stresse … L’approche comportementale de la dépression Il s’agit de proposer des activités minimales (sous objectifs) et de favoriser l’ancrage de ce que l’on a fait en trois temps (loi de Hebb) : 1- en prendre conscience une fois l’activité terminée, 2- le soir en remplissant éventuellement un cahier de route, et 3en parler à une autre personne. La proposition de postures Se base sur les lois de rétroaction postures – humeur (dos droit, tête droite, sourire) b- Indications principales de l’approche comportementale Les phobies simples Le sevrage tabagique Les troubles du sommeil La dépression Les troubles du comportement alimentaire (TCA) - Présentation du carnet alimentaire Les troubles obsessionnels et compulsifs (TOC) Autres (phobie sociale, impuissance masculine, frigidité) c- Limites - La thérapie néglige les réponses émotionnelles et cognitives. Elle peut tendre à « normaliser », sans tenir compte du contexte, ce qui était la critique des psychanalystes envers le « béhaviorisme ». Elle n'a parfois qu’un effet antisymptomatique : les phobies régressent, laissant le fond anxieux présent, par exemple l’angoisse de séparation. Résumé : Notre vie est le résultat des actes que nous posons. La confiance en soi et l’estime de soi dépendent in fine de notre comportement et de ce que nous faisons. La relaxation et la visualisation créatrice, aidées par des conseils adaptés, peuvent faciliter la mise en place de comportements alternatifs dans des situations bloquées par des habitudes ancrées, telles que le tabagisme, les troubles du sommeil, certaines peurs et phobies, la dépression et les troubles du comportement alimentaire. La concrétisation dans la réalité sera le deuxième pas indispensable au changement qui, selon la loi de Hebb de répétition, se transformera en une nouvelle habitude. Mots clefs : conditionnement pavlovien ; conditionnement skinnérien ; apprentissage social ; relaxation ; principe d’inhibition réciproque ; désensibilisation systématique de Wolpe ; loi de Hebbe ; carnet alimentaire. AFTCC : Association française de thérapie comportementale et cognitive 3- Thérapie cognitive Présentation, indications, limites et outils principaux. a- Présentation Quelques notions de neurosciences - Notion de plasticité cérébrale : neurogenèse, couloirs de migration, plasticité synaptique. Importance de l’entraînement de l’esprit et de l’activité physique. Les émotions, selon leur intensité, influencent +/- fortement nos pensées A l’inverse, les pensées peuvent influer sur nos émotions (sérotonine) Pensées primaires et pensées élaborées, souples, adaptatives Quelques notions de psychologie Epictète : « Ce ne sont pas tant les événements qui perturbent l’homme que sa façon de les considérer ». - Les pensées automatiques : nos habitudes de pensée - Les pensées alternatives : de multiples possibilités - Les schémas cognitifs, qui déterminent notre personnalité (exemples : schéma perfectionniste, narcissique, battant, dépendant, …) - La possibilité d’assouplir les schémas d- Outils principaux Le tableau à trois colonnes de Beck - Situation, émotion, pensée automatique - Permet de développer la conscience et la connaissance de soi, outils fondamentaux de gestion du stress. - Dans un 2è temps, on passe au tableau à 4 colonnes. 3/24-UV 404 C La recherche des pensées alternatives Cf. document « Vous arrive-t-il de considérer les choses autrement ? », … La recherche s’effectue sur un mode dit « Socratique », de décentration dans le temps ; dans l’espace ; avec une autre humeur ; dans la vision d’une autre personne. Une fois la pensée choisie, si on y adhère un minimum, on peut la renforcer en s’attachant à considérer l’émotion qui y est attachée. En cas de difficultés, c’est à ce moment-là que l’on peut repérer les schémas sousjacents qui freinent. La gestion cognitive du stress Il s’agit de choisir une pensée que l’on pourra se dire en cas de stress, par exemple : « Une chose à la fois », « Il n’y a pas de danger », « Je surfe sur ma colère », « Ce bon stress me dynamise », … L’assouplissement des schémas. Ce travail profond et souvent difficile se conduit en plusieurs temps : - Après avoir repéré le schéma et l’avoir traduit en phrase (« Il faut tout faire parfaitement » ; « Il faut faire attention à être agréable avec tout le monde » ; « Pour réussir, il faut s’activer tout le temps » ; etc.) - On détermine tout d’abord une phrase qui assouplit notre vision de la vie (« On ne peut toujours tout faire parfaitement » ; « On ne peut pas plaire à tout le monde » ; « Des moments de repos peuvent me faire du bien » … - Une fois la phrase choisie, on va pouvoir l’ancrer en sophro respiration synchronique, en la prononçant sur chaque respiration, comme un mantra, donc une minute 2 à 3 fois par jour, et suffisamment longtemps ; - Puis on s’exerce à ressentir cette phrase dans les situations de la vie quotidienne qui activent le schéma. Approches de thérapie ACT : Défusionner de ses pensées - « Les pensées ne sont pas des faits ». Ce sont des événements dans l’esprit. - Notion de défusion : apprendre à moins adhérer à ses pensées. - Repérer les pensées utiles et inutiles (« Mince, c’est difficile, voyons voir » versus « Je suis nul », « Je n’y arriverai pas ») b- Indications principales - La gestion du stress (de toute nature) ; L’assouplissement du caractère excessif de certaines caractéristiques de la personnalité (limitant donc les scénarios de vie répétitifs) ; La dépression ; - Les difficultés de communication, en association à l’acquisition comportementale de capacités relationnelles. c- Limites - - L’assouplissement des pensées automatiques ou des schémas, réalisé « à froid » en entretien, ne s’ancre pas facilement dans les conditions « chaudes » de la vie quotidienne. L’émotion est plus déterminante dans la formation des pensées que les pensées dans la vivance des émotions, d’autant plus que l’on est impulsif, voire borderline). Notions des rechutes du trouble dépressif : 30% de risques après un premier épisode (majeur), 60% après un 2è et 90% après un 3è. Notion de risque de chronicisation : un trouble à savoir repérer et évaluer. La thérapie cognitive, reconnue comme la plus efficace avec la thérapie interpersonnelle et la gestalt thérapie, réduit seulement de 30% le risque de rechutes.(La méditation dans le protocole MBCT fera 20% de mieux). Résumé : Le degré de stress que nous vivons dépend de notre façon de considérer les événements qui nous arrivent, et cette façon dépend de notre personnalité, caractérisée (entre autre) par des schémas cognitifs. La thérapie cognitive appuie son modèle explicatif sur des données de neuroscience et de psychologie moderne qui ont permisd’élaborer une intervention structurée. Celle-ci a principalement prouvé son efficacité dans la gestion du stress, la dépression et l’assouplissement des troubles de la personnalité. Mots clefs : Neuroplasticité ; distorsions cognitives ; schémas cognitifs ; scénarios de vie ; questionnement socratique ; dépression ; thérapie ACT. 4- Thérapies basées sur la pleine conscience Présentation, indications, limites et outils principaux. a- Présentation L’origine historique de l’entraînement à la pleine conscience revient au Bouddha historique (Sutra sur la pleine conscience de la respiration, Sutra de l’établissement des quatre attentions, …). En 1910, le Dr Roger Vittoz, médecin Suisse, avait déjà exploré une méthode basée sur la réceptivité psychosensorielle proche de la pleine conscience, qui aurait fait dire à Einstein, qui pratiquait la méthode : « Le Vittoz révolutionnera le monde ». Toujours en Europe, vers 1963, le Dr A. Caycedo introduit dans la sophrologie le courant phénoménologique, et propose plusieurs sophronisations dans l’esprit de la pleine conscience. Aux Etats Unis, Jon KabatZinn, Professeur et yogathérapeute, élabore dans les années 1970 un protocole de gestion du stress basé sur la pleine conscience, qui sera 4/24-UV 404 C repris vers 1985 par le psychiatre SingelSegal et ses collaborateurs dans le cadre de la prévention des rechutes dépressives Depuis une dizaine d’années, cette pratique revient en France, favorisée par le Dr Christophe André et son ami bouddhiste Matthieu Ricard. Définition de la méditation de pleine conscience « Savoir porter son attention où et quand on le souhaite, dans un regard bienveillant (libre de jugement) ». Le mode « faire » et le mode « être » : Méditation # relaxation Notre esprit fonctionne de deux façons : Le mode « faire » est notre mode habituel de fonctionnement. Il est dicté par une évaluation permanente de notre cerveau (effectuée au niveau des amygdales cérébrales) qui est continuellement en train d’estimer l’écart entre : - D’une part les choses telles qu’elles sont - Et d’autre part ce qu’il souhaiterait qu’elles soient. Cette évaluation nous fait considérer les choses et les événements comme bons ou mauvais, stressants ou pas. Les gens comme agréables ou désagréables, plus ou moins gentils ou méchants. Et même nos propres émotions et pensées sont évaluées comme belles, désirables, ou au contraire mauvaises et indésirables. Suite à cette évaluation, notre cerveau déclenche un comportement, il nous entraîne à des actions susceptibles de réduire cet écart. Certes, cette insatisfaction fondamentale et permanente est le gage de tout progrès social : on ne peut pas se passer du mode « faire ». Mais l’excès de ce mode de fonctionnement mène au stress et à toutes ses conséquences émotionnelles, relationnelles, psychosomatiques et anxio-dépressives. Le mode « être » consiste à simplement accepter tout ce qui vient, toutes les perceptions qui peuvent venir à notre conscience. A toutes les accueillir, sans aucune forme de jugement, et même, dans la mesure du possible, avec bienveillance. Dans le mode « faire », quand un souci se présente, il est associé à la sensation d’une « pression » : nous nous sentons obligés de trouver une solution. Dans le mode « être », on va juste observer le ressenti corporel et émotionnel lié au souci, son intensité, les diverses pensées associées … on observe, on accueille, sans juger. Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on va considérer le problème. Cet espace que nous nous donnons nous permet d’évaluer avec une plus grande distance si nos idées sont réalistes ou pas, et si l’action prévue est adaptée. Stress, focalisation et défocalisation - Le stress et toutes les émotions qui en découlent (colère, peur, culpabilité, honte, …) ont comme propriété de focaliser notre attention sur un problème, pour chercher à le résoudre, à l’éviter, … En accaparant notre attention, il en augmente l’intensité, comme par exemple sur une douleur ou une tristesse. - La plupart des émotions « positives » vont de pair avec la défocalisation de la conscience : l’ouverture d’esprit qu’elles permettent favorise notre créativité et la découverte de nouvelles solutions. Toute attitude de focalisation, corporelle, sensorielle ou mentale, favorise le stress ; Toute attitude de défocalisation ouvre l’esprit et rend créatif Les différents niveaux d’accueil et « d’acceptation » La méditation nous invite à nous situer le plus possible hors du phénomène de jugement, qui a tendance à réduire la richesse d’une personne ou d’une situation. Il s’agit d’accueillir, d’accepter les choses telles qu’elles sont. Mais ce terme étant souvent mal interprété, il faut bien définir qu’il ne s’agit nullement de résignation, de passivité ou de fatalisme, ou encore d’idéalisme. C’est juste se dire « Voilà, on en est là, les choses sont ainsi ; Et maintenant … » Dans la gestion du stress, cette approche se situe dans la lignée de la philosophie stoïcienne, en partie résumée par la prière de la sérénité longtemps attribuée à Marc Aurèle : « Mon Dieu, donne-moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter ce que je ne peux changer, et la sagesse d’en connaître la différence ». Le programme MBSR Mindfulness Based stress reduction Programme en 8 séances de 2 heures + ½ journée, se déroulant sur deux mois. Association de TCC et de pleine conscience pour la gestion du stress et les troubles psychosomatiques Nécessité d’un investissement de 30 à 40 minutes quotidien pendant les 2 mois. Le programme MBCT Mindfulness Based cognitive thérapy Suivant un protocole proche mais contenant plus d’éléments de thérapie positive et cognitive. Autres programmes structurés : - ACT : Acceptance and commitmentthérapy Thérapie d’acceptation et d’engagement, exploitant de plus les valeurs. - DBT : Dialetic borderline thérapy Développée pour les patients borderline hospitalisés et leurs soignants - MBCA et MBRP Programme en cours d’évaluation en 10 séances pour les personnes en surpoids et/ou sujettes aux troubles du comportement alimentaire ; et pour les addictions (MBRP). 5/24-UV 404 C d- Outils principaux Le « body scan » - refuge Approche phénoménologique de la conscience corporelle Technique de rotation de l’attention « dans le corps », jusqu’à la perception du corps « comme un tout ». La respiration – ancrage à l’instant Favorise le passage du mode faire au mode être par le lâcher prise ; Permet d’ancrer un réflexe de conscience dans la respiration, toujours à notre disposition, pour amplifier un vécu agréable comme pour gérer un vécu stressant. La marche zen – ancrage Proche : la marche phronique Permet d’ancrer la pleine conscience dans ce activité si fréquente de notre vie Le « mindfull-yoga – accueil Permet d’ancrer la pleine conscience dans tous nos mouvement quotidiens ; Favorise la gestion des affects « négatifs » : la posture mentale prise pour accueillir les tensions articulaires pourra être reproduite pour les tensions émotionnelles. Les présences psychosensorielles diverses Proche : la psychothérapie Vittoz Permet d’élargir notre conscience sensorielle, mettant les sens en relation les uns avec les autres, favorisant notre créativité ainsi qu’une vision poétique du monde. Les trois minutes d’espace de respiration « faire face » Proche : la sophro correction existentielle Permet de poser au cœur de la méditation les situations difficiles de la vie, de mieux les accueillir, afin de trouver des solutions créatives pour mieux y faire face. b- Indications principales De l’enrichissement personnel à toute forme de troubles physiologiques et psychologiques, la méditation revient à ses objectifs originels : « Une voie pour se libérer de la souffrance ». De nombreuses études ont évalué les bénéfices de la méditation, du yoga, du qi gong et du tai-chi) dans de nombreuses situations pathologiques. Quoique certaines aient été effectuées sur un petit nombre de patients et demandent encore à être confirmées, une impression d’ensemble fortement positive se dégage de ces recherches préliminaires. A noter que toutes ces pratiques sont favorables dans la majorité des affections dermatologiques et dans de nombreuses situations de baisse des défenses immunitaires (infections ORL à répétition, herpès récidivant, etc.), à tel point que l’évaluation de l’efficacité d’une pratique peut s’estimer sur l’évaluation sanguine de l’état immunitaire. Au plan psychosomatique, les recherches ont pu établir que toutes ces pratiques sont favorables, associés avec certains programmes spécifiques, à une meilleure gestion du stress, ainsi que dans les troubles du sommeil. Les études sur la durée de vie notent un accroissement de l’ordre de 7 ans. - - - - - Bénéfices psychosomatiques Le yoga est bénéfique dans la colopathie fonctionnelle, les pancréatites chroniques, les lombalgies, l’hypertension artérielle, l’asthme, les troubles oculaires sur ordinateur, les raideurs musculaires, les dysménorrhées, Le Taï chi dans la gestion de la douleur, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, l’asthme, la rééducation des traumatisés crâniens, la polyarthrite rhumatoïde, l’ostéoporose, Le QI Gong dans les baisses d’immunité, les allergies cutanées, le diabète, certaines névralgies, la fibromyalgie, les chutes de tension, certains rhumatismes inflammatoires, La gratitude dans la cohérence cardiaque et la prévention des rechutes en post infarctus, Le programme MBSR dans le psoriasis, l’hypertension artérielle, la gestion de la douleur, notamment les lombalgies, les céphalées chroniques et la fibromyalgie, Bénéfices psychothérapeutiques Le yoga est principalement bénéfique dans l’anxiété et la colère, Le Taï chi dans la colère, l’estime de soi, Le QI Gong dans la dépression, Le programme MBSR dans la gestion du stress, l’alcoolisme, le tabagisme, les ruminations, et en cours d’étude dans les troubles du comportement alimentaire, Le programme MBCT dans la prévention des rechutes dépressives, les troubles anxieux, mais aussi les acouphènes et les ruminations, La méditation zen pour les personnalités « borderline » (Marsha Lineham), La méditation Vipassana dans les acouphènes, l’anxiété, la colère, le tabagisme et la dépendance aux drogues. c- Limites Il a été remarqué que l’efficacité de la pratique est totalement proportionnelle au degré de souffrance et à la motivation. Ainsi, l’efficacité sur la prévention des rechutes dépressive devient statistiquement objectivable à partir de la 3è rechute. Ainsi, la première limite est la faiblesse de la motivation. Dans le même ordre d’idées, l’épuisement physiologique est une limite, ainsi que bien sûr une dépression en cours. Par ailleurs, la méditation reconnectant de façon directe avec les perceptions corporelles, les personnes victimes de phobie intéroceptive et de trouble panique, ainsi que celles qui ont pu subir des épisodes de dissociation sous forme traumatique devront être accompagnées de façon individuelle dans un premier temps. 6/24-UV 404 C ------------------------------- Résumé : Dans la lignée des grandes philosophies de vie (bouddhisme, stoïcisme), de nouvelles approches structurées ont vu le jour, dans l’optique de protocoliser l’entraînement de l’esprit en vue d’une meilleure gestion du stress, des troubles anxieux, de certaines affections psychosomatiques et de la prévention des rechutes dépressives. Dans la dimension du développement personnel, diverses études objectivent un gain de plusieurs années de vie (5 ?) en bonne santé. Mots clefs : Pleine conscience ; Mindfulness ; Jon KabatZinn ; Prière de la sérénité ; Programme MBSR ; Programme MBCT ; Méditation vipassana ; Christophe André ; ADM : Association pour le développement de la mindfulness 5- Approches de psychologie positive Présentation, indications, limites et outils principaux. a- Présentation Historique Son origine historique en revient à l’histoire des religions, en en qu’elles prônent le développement des forces qui « relient » les êtres entre eux (l’amour christique ; la bienveillance, la compassion et la joie bouddhiste) et les êtres à leur spiritualité potentielle. En Europe, la sophrologie a été la première à préconiser le « principe d’action positive ». Dans les Années 1980, le courant de la psychologie humaniste (Carl Rogers et Abraham Maslow), a défini l’être humain comme non seulement le jouet de ses pulsions internes (courant psychanalytique), ni le résultat des pressions de son environnement (courant behaviouriste), mais un individu désireux de s’accomplir, personnellement et dans sa relation à autrui. Plus récemment, le courant de la psychiatrie a constaté entre 1980 – 1990 l’hyper focalisation de études sur les faiblesses humaines, délaissant les recherches sur ses potentialités, ses forces et ses émotions « positives », pour ouvrir de nouvelles voies. Définition La psychologie positive permet « d’étudier et de développer les conditions et processus qui contribuent à l’épanouissement et au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions ». L’être humain n’a pas une nature fondamentalement mauvaise, ni fondamentalement bonne : chacun de nous peut faire preuve de bonté ou de méchanceté, d’altruisme ou d’égoïsme. Il est clairement établi que les motivations altruistes et coopératives sont au moins aussi importantes que les motivations égoïstes dans le comportement social. Et probablement plus. La psychologie positive se décline sur les plans personnels, interpersonnels et sociaux. b- Indications principales Nous avons vu que les émotions « négatives », surgissant en cas de dys-stress, focalisent notre attention sur quelques éléments d’une situation et limitent nos comportements à ceux nécessaires à notre survie. A l’inverse, les émotions « positives » défocalisent notre attention, élargissent notre façon de penser, ainsi que notre répertoire de comportements. Les émotions positives ont un impact sur notre santé, notre durée de vie, nos pensées, nos comportementset nos relations sociales. Leur développement favorise l’enrichissement personnel, la quête du bonheur et le degré d’intelligence émotionnelle, directement lié à la réussite sociale. En-dehors de ce cadre, ses indications principales sont : - La gestion du stress - La souffrance liée à la rancune, la jalousie, l’envie, le mécontentement, la colère, et répondant mal aux autres thérapies - Sur un plan collectif : l’intelligence émotionnelle en entreprise, la justice restauratrice, la réconciliation entre les peuples, … c- Limites - L’univers des émotions positives est inaccessible dans certaines périodes difficiles de la vie (deuil, dépression, choc psychologique, …) Il ne fait pas toujours « positiver » à tout prix : le stress et le pessimisme peuvent aussi être utiles. Ainsi par exemple : . Afin de réduire la déception, on préfère parfois penser qu’on a raté un examen avant d’en vérifier le résultat ; . Les optimistes attrapent plus souvent les maladies sexuellement transmissibles. - d- Outils principaux : A- Psychologie positive sur le plan personnel Un art de vivre avec soi-même 1- Comment savourer les émotions positives ? Cette capacité est dépendante du niveau de satisfaction, d’optimisme, d’estime de soi et d’un contrôle interne efficient. 7/24-UV 404 C Les quatre grandes catégories de régulation qui ont prouvé leur efficacité sont : a- L’expression physique des émotions Si nous sourions, les autres ont tendance à sourire, à nous aider, à se confier, à nous trouver sympathique. De plus, la théorie du feed-back corporel énonce que notre posture corporelle, notre expression faciale et le timbre de notre voix renseignent notre cerveau et nous font ressentir plus facilement l’état émotionnel en question. - Etude sur le fait de visionner un film avec un crayon entre les dents ou les lèvres. - Etude sur 10 femmes dépressives résistantes aux traitements pharmacologiques et psychothérapeutiques : injections de toxine botulique dans les rides simulant l’expression faciale des émotions négatives : 2 mois plus tard, 9 participantes sur 10 n’étaient plus déprimées ! b- Le fait « d’être présent » C’est le résultat de la pratique des méditations de pleine conscience, intégrée par petites touches dans le vécu de la vie quotidienne, en diminuant la quantité des pensées automatiques parasites. Afin de contrer le processus « d’adaptation hédonique » qui a tendance à nous habituer aux plaisirs, la pratique de la pleine conscience curieuse, « comme si c’était la première fois », nous permet de réapprendre à apprécier ces moments. En huit semaines, les participants des programmes de pleine conscience voient une nette augmentation de leurs émotions positives, corrélée à une plus grande activité de leur cortex préfrontal gauche, alors que le côté droit, plus sollicité par les émotions négatives, voit son activité diminuer. c- Le voyage mental dans le temps Se rappeler nos souvenirs positifs ou se projeter dans un futur positif est un élément clé de notre régulation émotionnelle : - Etablir une liste de souvenirs positifs et s’y replonger deux fois par jour. Notion fondamentale : plus la visualisation est détaillée et précise, plus le gain émotionnel positif est grand. - Imaginer quatre événements positifs qui pourraient arriver le lendemain. Ces visualisations permettent aussi de vivre plus intensément le présent. Elles peuvent très bien se pratiquer en couple, sur le rappel d’événements heureux partagés. d- Le partage social Partager les émotions positives est maintenant connu sous le terme de « capitalisation ». Plus le nombre de personnes avec qui l’on partage est grand, plus les bénéfices sont importants, notamment sur notre immunité. Etude sur le fait de visionner une vidéo humoristique : l’efficacité se révèle quasiment uniquement en cas de partage. La qualité d’une relation amoureuse est plus dépendante de la manière avec laquelle on réagit aux émotions positives de l’autre, qu’aux négatives : si le plaisir est authentique, la relation se trouve renforcée. Apprenons donc à accueillir avec enthousiasme les événements positifs qui arrivent aux autres, afin de rendre tout le monde plus heureux. Présentation du journal des événements agréables En précisant bien le ressenti corporel 2- L’optimisme L’optimisme est une disposition d’esprit qui permet d’effectuer une projection positive sur les événements de l’avenir. Martin Seligman. L’optimisme est associé à des façons d’expliquer la vie qui se déclinent en trois dimensions : externalité (vs internalité), instabilité (vs stabilité) et spécificité (vs globalité). On cultive l’optimisme par une approche cognitive. Ainsi, l’explication pessimiste des événements de la vie consiste à : - S’en imputer la responsabilité (internalité), - Penser que cet état de fait est durable (stabilité), - En généraliser les conséquences néfastes (globalité). Alors que l’explication optimiste consiste à : - En imputer la responsabilité à des circonstances extérieures (externalité), - Imaginer que cet état de fait ne va pas durer (instabilité), - Et percevoir qu’il s’agit d’une situation unique (spécificité). 3- L’eudémonisme et le sens de sa vie Dès la Grèce antique, les philosophes étaient partagés dans leur conception du bonheur en trois tendances principales : - Les hédonistes, épicuriens, qui posaient le plaisir comme but ultime ; - Les stoïciens (Epicure, Marc Aurèle), qui cherchaient à obtenir le bonheur dans l’acceptation inconditionnelle de la vie ; - Les eudémonistes (Socrate, Platon), dont le bonheur était lié à l’activité de l’âme dirigée par la vertu dans le cadre d’une existence accomplie. 8/24-UV 404 C Agir en fonction du sens que l’on donne à sa vie est une composante fondamentale de l’équilibre psychologique, de la santé mentale et de la santé physique, comme par exemple un moindre risque de récidive en post infarctus. Les trois composantes fondamentales du sens de la vie sont : a- Les relations humaines et affectives On donne du sens à sa vie à travers son engagement dans l’amour avec quelqu’un, les amitiés que nous entretenons et la générativité, qui concerne l’implication des adultes pour le bien-être de la génération suivante, ainsi que la transmission d’un héritage moral, cela se retrouvant principalement dans les relations parents-enfants et dans l’enseignement. b- Les valeurs et convictions personnelles Elles sont très diverses, et s’appuient essentiellement sur la religion, la spiritualité, la philosophie, les arts, l’équilibre psychologique et social, … De là découlent des engagements divers, qui peuvent être sociaux, associatifs, politiques, etc.L’être humain est ainsi habité d’un besoin de sens. Quand celui-ci est absent, il risque de souffrir d’une frustration existentielle, le sentiment d’absence de sens de sa propre existence. Une approche de sophrologie (RD3) permet de travailler cette dimension. c- L’action La vie a un sens quand notre travail est générateur de moments de « flux », d’expérience optimale (flow) dont les caractéristiques sont les suivantes : - La tâche entreprise est réalisable, mais constitue un défi ; - L’activité enrichit en elle-même l’individu ; - Celui-ci est très concentré sur ce qu’il fait ; - L’activité fournit des rétroactions positives immédiates ; - L’engagement fait disparaître toute distraction, notamment toute préoccupation de soi ; - De fait, la perception du temps qui passe est souvent altérée ; - L’individu vit un sentiment heureux de maîtriser la situation, même dangereuse ; - Le sens de sa vie se trouve renforcé à la suite de chaque expérience ; Contrairement à une idée généralement admise, les études ont prouvé que l’état de flux est beaucoup plus souvent présent et intense dans le travail que dans les loisirs. A la retraite, la durée de vie est totalement en relation avec une vie sociale active génératrice de moments de « flux ». 4- Autres composantes de psychologie positive personnelle - L’espoir L’espoir est en fait le processus fondamental à la base de tout changement psychologique : « Je peux le faire ». On travaille l’espoir selon une approche cognitive, en développant en même temps l’amour de soi : « Je suis conscient de mes qualités », … - L’auto-compassion Cette qualité se développe de façon optimale par la pratique de la méditation. Elle est très utile à favoriser chez les personnes souffrant d’un manque d’estime de soi et chez les tempéraments perfectionnistes. - La créativité Elle nécessite de nombreuses qualités, et notamment la curiosité, le fait de voir les évènements « comme si c’était la première fois », se laisser surprendre, faire des liens entre les choses, entre les perceptions, et cultiver l’expérience optimale le plus souvent possible. La méditation est la pratique de choix. - La spiritualité B- Psychologie positive interpersonnelle : Un art de vivre avec autrui 1- L’impact du soutien social sur la santé Diverses études statistiques ont établi que la morbidité et la mortalité dépendent en partie de l’étendue des contacts sociaux et du soutien ressenti par l’individu qui en bénéficie. Utilité, par exemple, de la tenue d’un journal des compliments Concernant la capacité à donner de l’amour (relations romantiques, amour filial, paternel, maternel, activités sociales, religieuses ou associatives), le surcroit de mortalité varie de 2 à 3 entre les personnes les moins investies et celles les plus investies dans ces activités à tonalité positives. Ces tendances se vérifient même pour des populations ayant des taux de tabac, alcool, diabète, hypertension, cholestérol et activité physique comparables. Les plus efficaces au plan de la santé se révèlent être les activités caritatives et philanthropiques (amour de l’homme en général). Il faut inclure dans ce cadre les effets bénéfiques des animaux domestiques : - Le fait de caresser un chien abaisse la tension artérielle ; - La présence d’un animal domestique au domicile est associée à de meilleures chances de survie après un infarctus (parfois X 4 !) ; 2- Les trois composantes de l’empathie Selon Carl Rogers, il s’agit « d’un processus d’entrée dans le monde perceptif d’autrui, qui permet de devenir sensible à tous les mouvements des affects qui se produisent en lui ». L’empathie se manifeste sous trois formes : - L’empathie de pensée, communauté de représentations à la base de l’intersubjectivité, fondée sur la communication verbale et informative. 9/24-UV 404 C - L’empathie d’affects, non verbale, à la base de la contagion émotionnelle C’est la compassion : résonnance, identification, présence à l’autre, …) L’empathie d’action, échoïsation mimo-gestuelle à la base de l’intercorporalité, qui renforce les liens affectifs. Quand la communication passe bien, on peut ainsi noter une coordination corporelle, une « danse » interactionnelle. Ces comportements d’accrochage synchronique se produisent en moyenne 2,5 fois par minute, bien plus que la reformulation émotionnelle (0,7 fois par minute), et optimisent largement l’interaction et la compréhension du non-verbal. N.B. : Il semblerait que l’apprentissage de l’empathie ne puisse se réaliser de façon purement comportementale, car le processus empathique pourrait être invalidé par une absence d’authenticité. 3- Psychologie de la gratitude « Nos sentiments positifs augmentent quand nous considérons leur source comme un cadeau offert dans l’intention pour nous faire du bien » : Emmons. La gratitude fonde son essence d’un préalable qui consiste à accepter l’interdépendance des êtres humains entre eux, ou avec la vie et la nature, ou encore un être supérieur. Le fait de ressentir de la gratitude – l’orientation reconnaissante - possède un effet fortement positif sur le bien-être subjectif et l’équilibre psychologique. La tenue d’un calendrier de gratitude (noter chaque jour pendant 7 jours, cinq événements qui suscitaient un sentiment de reconnaissance) augmente le sentiment de satisfaction dans la vie, le niveau d’optimisme, et diminue la fréquence de divers troubles physiques. L’orientation reconnaissante est antidépressive, de par ce traitement de l’information, mais aussi du fait d’une facilitation et d’une optimisation des échanges sociaux : le réseau social est plus dense et plus soutenant. L’orientation reconnaissante constitue aussi une stratégie efficace de coping, d’une part du fait de cette capacité à percevoir des éléments positifs, et d’autre part du fait de la richesse du soutien social. Et enfin, la gratitude protège de la tendance à la comparaison et donc du mécontentement. On pourrait aussi dire que la tendance au mécontentement favorise l’ingratitude. Il a été établi que la gratitude peut être travaillée par une approche cognitivocomportementale en quatre étapes : identification des pensées ingrates, formulation de pensées de reconnaissance, substitution de ces pensées aux précédentes, transposition du sentiment en actes. L’attitude fondamentale consiste à considérer la vie comme un don, et tout autre bienfait comme un plus. 4- Psychologie du pardon Le sens du pardon est fidèle à son étymologie : faire don de quelque chose à quelqu’un. Il s’agit du don que l’on fait de son droit au ressentiment après avoir été victime d’une offense. Les points importants du pardon sont : - Celui qui pardonne a souffert et a un droit moral au ressentiment ; - Il souhaite dépasser ce ressentiment ; - Il s’engage dans une réponse de compassion, voire d’affection ; - Cette réponse n’est dépendante d’aucun obligation morale ou autre. Le pardon n’est pas l’oubli, qui enfouit l’émotion. Ce n’est pas non plus la réconciliation, qui nécessite que l’offenseur soit toujours en vie, se soit amendé et souhaite aussi rencontrer la victime. La capacité à pardonner plus ou moins facilement vient de : - Une tendance à ne pas souffrir d’un ressentiment trop intense ni trop durable, qui est plus ou moins lié à la personnalité et se transmet ; - La faculté de pouvoir analyser la situation, facteur cognitif ; - La volonté que l’on peut avoir de pardonner, lié à l’éducation familiale ou religieuse. Dans les sociétés traditionnelles, l’offenseur est considéré comme coupé de la société de par l’offense qu’il a commise. L’objectif est de le réintégrer afin de retrouver la cohésion antérieure. C’est un comportement de survie du groupe. Le ressentiment est néfaste pour la santé (HTA, tachycardie, émotions négatives, dépression, anxiété, faible satisfaction de vie, douleurs physiques telles que lombalgies, TFI). Le pardon est donc bénéfique pour la santé. On emprunte souvent la route qui mène au pardon dans l’espoir de l’apaisement du ressentiment, dans un désir de libération du passé. Une thérapie par le pardon a été validée, qui se déroule en vingt séances : examen des mécanismes de défense, expression de la colère, de la honte ou de la culpabilité, prise de conscience de la quantité d’énergie psychique qui est consacrée au ressentiment, motivation au changement, engagement à pardonner, redéfinition de l’identité de l’agresseur, les sentiments d’empathie puis de compassion sont alors encouragés à se développer et on termine en recadrant ce processus dans le sens que l’on donne à sa vie. 10/24-UV 404 C C- Psychologie positive, Instrument de changement social. 1- La motivation humaine pour la justice La croyance en un monde juste possède des effets adaptatifs et donne un sens à la vie : le fait de penser qu’on reçoit ce qu’on mérite donne un sentiment de contrôle et de stabilité psychologique. Il s’agit en fait d’une illusion positive de la nature humaine car la vision réaliste est que la société est fondamentalement injuste. Cette illusion est fortement adaptative car elle augmente la confiance en soi et en les autres, améliore la gestion du stress, la qualité de la santé mentale positive en général et protège de différentes psychopathologies. 2- Psychologie des communautés et empowerment. L’empowerment est l’acquisition du pouvoir d’agir. Centré sur l’individu, il désigne la manière par laquelle l’individu va accroître ses habiletés, favorisant la confiance et l’estime de soi, l’initiative et le contrôle. Centré sur les communautés, c’est un processus promouvant le sentiment d’efficacité des groupes, favorisant la coopération etla circulation de l’information. C’est une voie qui met en valeur la responsabilité individuelle, diminuant la dépendance des individus vis-à-vis de la communauté. Elle avance de plus en plus dans le domaine de l’organisation de la santé, en particulier au niveau psychologique. Le développement de l’information médicale concernant les méthodes alternatives de santé – dont la naturopathie - en fait partie. 3- Le changement social par les médias La diffusion de feuilletons radios ou télévisuels de longue durée, construits à partir de la théorie socio cognitive et adaptés à une culture, peut considérablement contribuer à résoudre des problèmes sociétaux ou mondiaux urgents, tant dans le domaine de la santé (prévention du sida, alcoolisme), éducatifs (adhésion à l’alphabétisation), démographique (planification des naissances) ou de la protection de l’environnement. 4- Les comportements écocitoyens L’homme présente naturellement plus d’affects positifs quand il regarde un paysage présentant une grande biodiversité. Il préfère l’esthétique naturelle à celle produite par l’homme. Généralement, le comportement écocitoyen est lié à un sens prononcé des valeurs, la perception du sens de sa vie et une bonne dose d’optimisme et d’espoir. 5- La justice restauratrice Dans divers pays du monde se développe un système de justice nouveau, du fait de l’insatisfaction lié au système de justice traditionnel, de la déception des victimes, de l’échec des politiques de répression, de la longueur et du coût du système judiciaire et de l’engorgement des tribunaux. La justice restauratrice nécessite la présence - De la victime qui accepte d’y participer sans aucune pression, - De l’agresseur s’il est prêt à reconnaître sa culpabilité, - D’un médiateur compétent et formé. La justice restauratrice tire son inspiration de sociétés traditionnelles africaines, de Nouvelle Zélande et de peuples indiens d’Amérique du nord. Ces sociétés considèrent que l’agresseur s’est coupé de la société de par ce qu’il a commis. 6- La réconciliation entre ennemis Cette approche a été reproduite avec succès auprès de milliers de participants au Burundi depuis 2003 et au Congo depuis 2006, pays de guerres et de génocides. ------------------------- Résumé : La psychologie positive s’appuie sur l’étude et l’optimisation des forces de l’être humain. Elle est en cela complémentaire des approches qui visent à soigner l’origine des psychopathologies : elles peuvent même leur venir en aide. Le courant est tridimensionnel : personnel, interpersonnel et social. De la même façon que dans le mindfulness, il s’appuie sur un entraînement régulier. Mots clefs : Psychologie positive ; Jacques Leconte ; partage social des émotions ; Optimisme ; Martin Seligman ; Eudémonisme ; Autocompassion ; Christophe André ;Empathie ; Gratitude ; Robert Emmons ; Thérapie du pardon ; Empowerment ; Justice restauratrice. Bibliographie TCC I- Le stress 1- Gilles Pentecôte : Sérénité et efficacité. Mieux gérer son stress. Ed Ambre et Spiralibre. (Manuel + CD). 2- Hans Selye : Le stress de la vie. Ed. Dervy. L'ouvrage princeps du concepteur de la notion de stress 3- Christophe André &coll : La gestion du stress. Ed. Morisset. 1995 Tout petit ouvrage, mais qui dit l'essentiel. 4- Charly Cungi : Savoir gérer son stress : évaluer son stress, maîtriser ses émotions, positiver, affronter les difficultés, se construire une philosophie de vie. Ed. Retz 2003. 7- Patrick Légeron : Le stress au travail. Ed. O. Jacob 2003 Ouvrage fondamental pour ce domaine précis 8- Anne-marie et Jean-paul Raymond : Plaisir des sens, du stress à la sophrologie. Ed. Tchou1998 Une approche sophrologique de la gestion du stress 9- Marc Salomon : Vivre avec son stress. Ed Pasteur. 270 pages. 2006 Excellent ouvrage écrit par un cardiologue, intégrant les apports scientifiques récents sur la physiologie et l'adaptation au stress. 11/24-UV 404 C 10- Frédéric Chapelle et Benoît Monié. Bon stress, mauvais stress. Ed. Odile Jacob 2007. Manuel TCC vivant et trés pratique, dans la collection "guide pour s'aider soi-même". 11- J. V. Rillaer : La gestion de soi. Ed. Mardaga, 1992. On trouvera dans cet excellent ouvrage de gestion du stress et de sa vie, une revue de différentes études concernant les effets bénéfiques de la relaxation. 12- David Servan Schreiber : Guérir le stress, l'anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse. Ed. Pocket 2005. Les principaux moyens naturels de gestion du stress. II- Pensées et méditation 1- Dr Frédéric Rosenfeld : Méditer, c’est se soigner. Ed. les arènes Une belle approche : réflexions et études scientifiques diverses sur la méditation et ses possibilités thérapeutiques. 2- Segal, Williams &Teasdale : La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression. Ed De Boeck 2006. Ecrit par les psychothérapeutes cognitivistes promoteurs de la méthode MBCT. Présentation de la méthode, plutôt destiné aux professionnels. 3- Christophe André : Les états d’âme. Ed. Odile Jacob 2009. Ouvrage de psychologie - philosophie sur les émotions et la pleine conscience. Ecrit avec cœur et une grande expérience, sa lecture ouvre à de fructueuses méditations … III- Pleine conscience 1- John Kabat-Zinn : Où tu vas, tu es. Ed. L’aventure secrète Ecrit par le promoteur de la méthode MBSR. Un ouvrage simple, fait de courts chapitres avec quelques suggestions d’exercices. Il est pour certains un livre compagnon. 2- ThichNhatHanh : Le miracle de la pleine conscience. Ed. Pocket Ecrits par le moine Vietnamien ayant fondé la communauté du village des pruniers. 3- Dr ; R. Vittoz : Traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral. Dernière édition : Desclée de Brouwer 1993. 4- R. Bruston : petit manuel de rééducation psychosensorielle en psychothérapie Vittoz. Ed. Epi 1989. IV- Les peurs 1- Gilles Pentecôte : Cultiver la confiance. Manuel + CD. Ed Spiralibre. 2- Christophe André. Ed. Odile Jacob : Psychologie de la peur. 360 pages. 2004 Compréhension neuropsychologique des peurs. Particulièrement utile pour les phobies. 3- Robert Ladouceur & coll. : Arrêtez de vous faire du souci pour tout et pour rien. Ed O. Jacob. : Approche pratique, comportementale et cognitive. Conseillé. 4- Jean-Luc Emery : Surmontez vos peurs. Vaincre le trouble panique et l’agoraphobie .Ed. O. Jacob : Approche TCC du trouble panique. 5- Thierry Loussourian : Transformez votre vie par la sophrologie. Ed Dangles 1990 V- La colère 1- Didier Pleux : Exprimer sa colère, sans perdre le contrôle. Ed. Odile Jacob 2006. Exemples et exercices à l'appui, ce psychologue clinicien nous aide à nous adapter aux frustrations afin de mieux penser et nous adapter à la vie. 2- Stéphanie Hahusseau : Tristesse, peur, colère. Agir sur ses émotions. O. Jacob. 2006. Encore un trés bel ouvrage de synthèse sur les émotions et sur les différentes modalités de prise en charge, en autonomie ou avec l'aide d'un thérapeute. 3- Jacques Van Rillaer : Les colères. Ed. Bernet-Danilo, 1999 Psychologue en TCC, Van Rillaer résume ici son approche : une grande ouverture d’esprit pour un ouvrage de faible volume (60 pages), mais très dense. VI- La dépression - Charly Cungi et Note : Faire face à la dépression. Ed. Retz 1999 Ouvrage fondamental, abordable dans la phase de consolidation. - Blackburn et Jean Cottraux : Thérapie cognitive de la dépression. Ed. Masson 1998 Pour professionnels : façons de découvrir et d'assouplir pensées automatiques et schémas. - David ServanSchreiber :Guérir. Ed. R. Laffont. 2003. Revue des méthodes naturelles de santé pour guérir de la dépression - Rosette Poletti et Barbara Dobbs : Vivre son deuil et croître. Ed. Jouvence 2003 - Les ouvrages d'Elisabeth Kübler-Ross sur l'accompagnement des mourants. Marc-Louis Bourgeois : Manie et dépression. Comprendre et soigner les troubles bipolaires. O. Jacob. VII- Addictions et troubles des conduites alimentaires - C. Maillard J’arrête. Les méthodes qui font un tabac. Ed. Jouvence 2002 Méfaits de la cigarette et panorama de toutes les techniques de sevrage - Philippe Zermatti : Maigrir sans régime. 420 pages. Ed. Odile Jacob 2002 Neuro-psycho-biologie de l'alimentation. Détaille très bien la restriction cognitive. - Michèle Freud : Maigrir et se réconcilier avec soi. 220 pages. Ed. Albin Michel 2003 Une approche intéressante, en partie sophrologique et en partie analytique. - Gérard Apfeldorfer : Maigrir, c’est dans la tête. 360 pages. Ed. O. Jacob 1997 Psychologie du comportement alimentaire. Cas cliniques commentés. Perception très fine. - F. de Gravelaine et P. Seuk : Libérez-vous de vos dépendances. Ed. R. Laffont 1995 Nombreux exemples sur tous les types de dépendances, explications et exercices pratiques. VIIIDivers 1- Ch. André et F. Lelord : L’estime de soi. Ed. O. Jacob 1999 Psychologie, sociologie de l’estime de soi et approches TCC. 2- Ch. André : Imparfait, libre et heureux. Ed. O. Jacob 2008 3- Gilles Pentecôte : Vers un meilleur sommeil. Manuel + 2 CD. Ed. Ambre et Spiralibre. 4- Charles M. Morin : Vaincre les ennemis du sommeil. Ed. de l’homme 1997 Bibliographie de psychologie positive FirouzehMehran : Psychologie positive et santé. Ed. Masson 2010 Etat actuel des lieux en PP. Excellente synthèse, très complète, outils concrets. Sous la direction de Jacques Lecomte : Introduction à la psychologie positive. Ed. Dunod 2010 ; Ouvrage de bon niveau professionnel. Etat actuel des études sur la PP aux plans individuel, interpersonnel et social. Christophe André : Vivre heureux. Psychologie du bonheur. Ed O. Jacob 2003 Un livre qui conforte ce que l'on ressent en se basant sur toutes les recherches actuelles. Philosophie, humour et tendresse. Pour la pensée et pour le cœur. Mathieu Ricard : Plaidoyer pour le bonheur. Nil éditions 2004. les approches aussi bien actuelles que traditionnelles et bouddhiste du bonheur. Christophe André. Imparfaits, libres et heureux. Pratiques de l’estime de soi. O. Jacob 2006. Ouvrage pratique pour les personnes à faible estime d’elles-mêmes. Christophe André : Les états d’âmes. Un apprentissage de la sérénité. Ed O. Jacob 2009. Accueillir ses émotions dans une démarche de pleine conscience. 12/24-UV 404 C Robert Emmons : Merci ! Quand la gratitude change nos vies. Ed. Belfond 2008. L’état actuel des concepts et des études sur les vertus de la gratitude. Jean Cottraux : La force avec soi. Pour une psychologie positive. Ed O. Jacob 2008. Notions et pratiques de psychologie positive pour le développement personnel. ----------------- Un peu moins récents : M. Csikszentmihalyi : Vivre. La psychologie du bonheur. R. Laffont 2004 Le bonheur dans l'action. Etudes psychologiques sur l'état de flow. Sa sainteté le dalaï lama et R. Cutler R : L’art du bonheur 1, 2, puis 3, 4 .... Ed. Laffont 1999. La vision bouddhiste du bonheur argumentée par les études de la psychologie moderne. D. Goleman : L’intelligence émotionnelle, Tomes 1 et 2. R. Laffont 1997 et 1999 L'I.E. en entreprise, par un conseiller en développement personnel. I. Filliozat : L’intelligence du cœur. Marabout. Une belle façon de parler de l'I.E. Osho : Le courage. La joie de vivre dangereusement. Ed. Jouvence 2004. Piero Ferrucci : L’art de la gentillesse. Ou comment se rendre la vie plus facile. Pocket 2009. PemaChödrön : Entrer en amitié avec soi-même. Pocket 2000 Tradition bouddhiste : bienveillance, satisfaction, lâcher prise, amitié, refuge, Dharma, … Dr A. Lowen : La joie retrouvée. Ed. Dangles 1995 Une approche plus spirituelle. La joie du cœur et du corps.