Colloque
« Chikungunya et autres arboviroses émergentes en
milieu tropical »
3-4 décembre 2007
Domaines des Pierres
Saint-Pierre, La Réunion
Dossier de presse
Contact presse : Laetitia Gouffé-Benadiba (InVS)
01 41 79 67 08 / 06 64 66 17 30 ([email protected])
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Sommaire
1. La problématique du chikungunya en tant que maladie émergente
2. Epidémiologie générale du chikungunya
3. L’expérience du chikungunya à la Réunion : de nouvelles connaissances sur des formes graves et
émergentes, sur la chronicisation de la maladie et son impact sur la mortalité
4. Chikungunya : dispositif de surveillance épidémiologique à la Réunion
5. Importance de la lutte contre les vecteurs (aspects entomologiques)
6. Aspects virologiques et mutation du virus chikungunya
7. Développement de la recherche autour des arboviroses
Annexes :
- Fiches de présentation :
o Institut de veille sanitaire (InVS)
o Centre de Recherche et de Veille sur les maladies émergentes dans l’Océan Indien
(CRVOI)
- Recueil des résumés des interventions, publié dans le Bulletin de la Société de pathologie
exotique (numéro de décembre 2007).
- Appel à projets de recherche du CRVOI sur les maladies infectieuses émergentes transmises par
des vecteurs anthropodes dans la zone géographique de l’Océan Indien.
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Fiche n°1. La problématique du chikungunya en tant que maladie émergente
En 1995, constatant la résurgence des maladies infectieuses et les risques croissants de leur
propagation internationale, l’Assemblée mondiale de la santé a demandé au Directeur général de
l’OMS de préparer une révision du règlement sanitaire international. En effet, celui-ci ne concernait,
alors, plus que trois maladies dont une arbovirose (fièvre jaune), et devenait inadapté aux enjeux réels
liés à l’intensification des échanges internationaux.
En 2007, le règlement sanitaire international révisé entrait en vigueur, approuvé par la très grande
majorité des Etats. Il considère d’une part, la multiplicité des sources d’information existantes mais,
surtout, prend véritablement en compte la réalité des échanges internationaux qui se sont
incroyablement intensifiés depuis une trentaine d’années. En effet, la rapidité des moyens modernes
de transport au premier rang desquels l’avion, fait que, aujourd’hui, aucune partie du globe,
pratiquement, n’est à plus de 24 à 36 heures du reste du monde. Cet élément est très important si l’on
veut comprendre la dynamique de diffusion de certaines maladies virales dont l’incubation, le portage
et la phase de contagion sont courts.
En 2003, une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), due à un virus de la famille des
coronavirus, réputés jusqu’alors pour être responsables de rhinites, touchait Hong-Kong, le Vietnam et,
quasi simultanément, le Canada. En quelques semaines, plus de 8500 personnes étaient contaminées
dans près de 30 pays et on dénombrait de l’ordre de 800 décès. Quelques années auparavant, en
1999, un virus, inconnu dans le nouveau monde, le virus « West Nile », s’implantait à New York,
vraisemblablement importé via des oiseaux d’ornement. Depuis, ce virus s’est répandu à travers le
continent Nord Américain sans qu’il soit possible de contrôler son expansion. Les exemples de ce type
se sont multipliés au cours des trois dernières décennies : de l’épidémie de fièvre aphteuse au
Royaume-Uni, début 2000, à la grippe aviaire due au virus A H5N1, mais aussi, à d’autres virus
grippaux comme le virus A H7N7 aux Pays-Bas en 2003.
Dans le même temps de nouveaux virus ne cessent de faire leur apparition tels les hantavirus du
nouveau monde responsables de formes pulmonaires ou les Henipavirus, paramyxovirus identifiés
dans les années 90 lors d’épidémies en Asie et Océanie.
Le cas du chikungunya est représentatif de ces risques émergents ou ré-émergents.
L’épidémie de la Réunion et de Mayotte est survenue dans les suites d’une épidémie massive aux
Comores, elle-même liée à une épidémie au Kenya. Ce passage d’un territoire à l’autre témoigne d’une
part, des échanges qui existent entre les îles de l’Océan Indien et l’Afrique et met en évidence, d’autre
part, le rôle des transports modernes dans l’expansion des maladies. On peut en effet considérer que
le virus chikungunya a été introduit simultanément à Maurice, à la Réunion et à Mayotte au gré des
échanges entre ces territoires et les Comores, mais aussi, sans doute en raison des flux importants de
voyageurs entre la Réunion et Maurice ou la Réunion et Mayotte. Par la suite, c’est bien la souche
isolée à la Réunion qui sera retrouvée en Inde au cours des épidémies massives de 2006 et 2007.
Le virus du chikungunya a évolué au cours de l’épidémie qui a sévi à la Réunion. L’une de ces
mutations l’a rendu particulièrement adapté aux cellules de moustique et cette mutation est peut-être
pour partie responsable de l’explosion épidémique de la Réunion et Mayotte, fin 2005 début 2006.
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L’apparition de certaines formes cliniques atypiques et des formes graves jusque-là peu ou pas
décrites, la mise en évidence d’une surmortalité liée au passage de l’épidémie, ont conduit également
à s’interroger sur une éventuelle mutation virale possiblement à l’origine d’une modification du
pouvoir pathogène du virus.
L’infection à chikungunya est finalement assez emblématique de l’émergence des arboviroses en
milieu tropical. Le réchauffement climatique conduit les vecteurs (moustiques ou phlébotomes pour
l’essentiel) à étendre leur aire de distribution. L’
Aedes albopictus
a notamment colonisé de
nombreuses région d’Italie depuis 1996. La présence d’un touriste de retour d’Inde, porteur du virus, a
été suffisante pour qu’une épidémie se développe (épidémie certes d’ampleur limitée mais que se
serait-il passé si les conditions climatiques avaient été encore plus favorables ?).
Aedes albopictus
est également présent dans le Sud de la France. Une vigilance particulière autour des
cas de dengue et de chikungunya est d’ailleurs mise en œuvre dans les départements de métropole où
ce moustique est présent, comme elle l’est de fait dans l’ensemble des département ultramarins.
L’épidémie de chikungunya, la première de cette ampleur à toucher un pays développé, a mis
également en évidence l’intérêt qu’il pouvait y avoir à disposer d’une capacité à initier des recherches
précoces et rapides, notamment sur les agents pathogènes émergents, en complément de la veille
sanitaire et de la surveillance mise en œuvre par l’Institut de veille sanitaire.
Le suivi de l’épidémie et de son impact sanitaire ainsi que l’évaluation des risques d’extension d’une
épidémie sont autant d’éléments qui contribuent à orienter les mesures de gestion. Ces données
peuvent être très utilement complétées par la compréhension des mécanismes d’extension de
l’épidémie, la connaissance approfondie des vecteurs, le suivi des souches virales, la mise en œuvre
systématique de programmes de recherche clinique, la recherche de vaccins...
C’est dans cet esprit que le Gouvernement a décidé, en 2006, la création du CRVOI (Centre de
Recherche et de Veille sur les Maladies Emergentes dans l’Océan Indien) qui témoigne de la volonté
française de participer à l’effort mondial pour une meilleure connaissance des maladies infectieuses à
risque épidémique et d’insérer les Régions d’Outre Mer, fortement exposées à ces risques, dans une
dynamique scientifique de haut niveau.
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Fiche n°2. Epidémiologie générale du chikungunya
¾ Présentation générale de la maladie
Le virus chikungunya (qui signifie en langue vernaculaire « marcher courbé », en raison des fortes
douleurs articulaires qu’il provoque) est un arbovirus transmis par un moustique du genre
Aedes
. Ce
virus a été isolé pour la première fois en Tanzanie et en Ouganda en 1952. Il circule surtout en Afrique
de l’Est, en Asie du Sud-Est et dans le sous-continent indien.
En zones urbaines, où sont décrites la majorité des épidémies, la transmission se fait d’homme à
homme par l’intermédiaire de moustiques du genre
Aedes
notamment
(Aedes aegypti, Ae. albopictus,
Ae. polynesiensis)
.
Après une incubation de 4 à 7 jours en moyenne après la piqûre de moustique infectante, une fièvre
élevée apparaît brutalement accompagnée de douleurs articulaires pouvant être intenses, touchant
principalement les extrémités (poignets, chevilles, phalanges). Peuvent également survenir des
douleurs musculaires, des céphalées et des éruptions cutanées. Il existe des formes asymptomatiques
de la maladies (dans une proportion qui a été estimée respectivement à 15 % à la Réunion et à 25 % à
Mayotte).
En l’absence d’un traitement antiviral spécifique, la prise en charge est centrée sur la surveillance et
les traitements symptomatiques : antalgiques, antipyrétiques, maintien des fonctions essentielles.
L’évolution de la maladie est souvent favorable, sans séquelle, mais elle peut aussi évoluer vers une
phase chronique marquée par des arthralgies persistantes, provoquant une incapacité pendant
plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
¾ L’épidémie de 2005-2006 dans l’Océan Indien
A partir de février 2005, une flambée importante dans les îles de la partie occidentale de l’Océan
Indien a touché les Comores, Madagascar, Mayotte, Maurice, la Réunion et les Seychelles. A la
Réunion, en juin 2006, le nombre de cas était estimé à 266 000 soit environ un tiers de la population.
Au cours de cette période, on a estimé le nombre de cas de chikungunya à 9000 aux Seychelles et
8000 environ à Maurice. A Mayotte, l’épidémie a eu le même impact qu’à la Réunion (37% de la
population touchée). A la Réunion, le moustique vecteur est
Aedes albopictus
. C’est un vecteur diurne
avec un pic d’activité en début et en fin de journée.
La récente épidémie survenue dans l’Océan Indien a permis d’améliorer les connaissance sur
l’épidémiologie de la maladie et, en particulier, de documenter non seulement les formes chroniques
mais aussi sur les formes hospitalières et l’impact d’une telle épidémie sur la mortalité (cf. fiche
suivante).
La Réunion et Mayotte se situent actuellement dans une phase inter-épidémique (circulation
sporadique du virus). L’évolution de la situation à Maurice semble comparable à celle observée à la
Réunion et à Mayotte. A Madagascar (province de Sambava), une épidémie de fièvres s’est déclarée
en janvier à la suite de pluies importantes, évoquant une maladie transmise par un moustique mais,
l’agent infectieux à l’origine de cette épidémie (virus de la dengue ou du chikungunya) n’a pu être
documenté précisément.
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