longtemps été tabou, explique Yvette Sauvage-Lelong. Avoir un proche fusillé pour l’exemple,
c’était la honte suprême ». Une humiliation qui n’empêche pas sa veuve, institutrice jouée par
Maguy Mercier, de se révolter et de passer plusieurs années à récolter des témoignage visant à
innocenter les caporaux. Quitte à se mettre elle-même en danger et à négliger sa famille.
C’est le portrait d’une femme exceptionnelle et une leçon d’histoire méconnue que propose le
Passavent.
émilie Bousseau
Les 7, 16, 17, 21 juillet, et 20, 21 et 27 août au Musée du Poilu à Cormatin. Tarifs : 8 à 4 €. Infos au
03 85 50 16 00.
La veuve Maupas
Elle a consacré sa vie à la réhabilitation de son mari fusillé pour l’exemple. Le théâtre du
Passavent lui rend hommage. Détails.
Comédiens. Pas de distinguo entre amateurs et professionnels au Passavent, ils sont comédiens
d’abord. Passavent La compagnie baptisée Théâtre du Passavent est née en 2008 seulement.
Ce sont les petites histoires qui font les grands spectacles. Yvette Sauvage-Lelong n’imaginait
certainement pas que ses recherches sur son histoire familiale allaient 25 ans plus tard la conduire
à monter une troupe de théâtre. Créer un puis deux, puis trois et bientôt quatre spectacles traitant
d’un épisode la guerre de 14/18. Puis enfin, à acquérir sur ses deniers propres une salle des fêtes
pour héberger les répétitions de sa troupe et donner les spectacles créés. Il faut dire qu’Yvette
Sauvage-Lelong, petit bout de femme à la prunelle vive ne manque justement pas de projets et
d’une énergie à toute épreuve. Une énergie communicative à faire adhérer même le plus timoré.
Théâtre et mémoire
Le théâtre du Passavent est encore tout jeune, né en 2008, il compte une bonne quarantaine de
membres dont 35 comédiens non professionnels qui ont déjà beaucoup joué : La pause, l’homme
éclaté, Opium, la veuve Maupas. Ils ont en commun d’avoir rencontré le théâtre grâce à Yvette
Sauvage-Lelong, enseignante à la retraite et passionnée d’histoire et de théâtre. «En 1994, j’étais
en Normandie, j’ai commencé à faire des recherches sur deux parents de ma mère, deux jeunes
hommes du bassin minier, résistants et morts en déportation. Plus tard, à la mort de ma tante, j’ai
découvert que la guerre de 14 avait fait d’autres victimes dans la famille, deux oncles dont on
parlait peu. Je me suis penchée sur cette histoire familiale un peu comme si j’avais une dette
envers eux. Pour chaque histoire, je pars de noms, de lieux, de photographies et j’élargis ensuite à
l’histoire générale. Car l’histoire de notre famille, c’est l’histoire vécue par toutes les familles de
France. J’ai accumulé tellement de documents que je pourrais écrire encore de très nombreux
spectacles, je pense à Mata Hari qui paya bien cher à mon avis son mode de vie, c’était une cocotte
de luxe bien plus qu’une espionne. Nous allons monter cet été un nouveau spectacle que nous
commencerons à répéter en janvier, sur le théâtre aux armées largement encouragé par l’état-
major de l’époque. Les soldats faisant preuve d’une grande imagination se fabriquaient des
costumes avec les moyens du bord, reprenaient le répertoire des comiques troupiers que j’appelle
les tragiques troupiers. Et, une fois descendus de scène, ils retournaient se faire tuer» explique la
metteur en scène.
Le travail du Passavent ne s’arrête pas au sortir de la scène. Depuis septembre, il a travaillé avec
une classe de Blanzy sur la Veuve Maupas avant d’accompagner les élèves sur les traces même de
ce conflit. « je trouve qu’il n’y a pas de meilleur moyen de raconter l’histoire qu’en accompagnant
les enfants. Ce voyage a été l’occasion de montrer aux enfants ce qu’était la guerre, de partager des