Le dimanche des Veuves
32° Ord B Ognéville 2012 11 11 MH
Mc 12, «38-44 »
Il ne manque pas d’audace ce prophète d’Israël pour quémander un pain à une païenne, une veuve, toute prête à
mourir de faim avec son fils, au temps de la famine … trois ans sans une goutte de pluie…
Tout semble devoir se jouer dans les extrêmes de la vie et des uns et des autres.
L’Evangile n’est pas sans révéler ce qui se joue alors avec ceux qui risquent leur vie, en offrant en plus à Dieu le peu
qui leur reste pour vivre.
Qui est-il donc ce Dieu des judéo-chrétiens pour attirer à Lui, des pauvres avec des demandes pareilles ?
Quelle est sa pédagogie ? … Il est nécessaire de nous tourner vers Jésus le Christ pour le pressentir.
« Jésus s’était assis et il regardait ». Si Jésus avait été journaliste, il aurait renouvelé la façon de relater les faits
divers et ordinaires de nos vies ! Pour lui, tout parle de Dieu son Père, les faits divers et ordinaires sont des
paraboles vivantes. D’une écoute ou d’un toucher comme d’un regard, il en fait un enseignement pour ses disciples…
Dans le rituel de l’impôt du temple, on jetait son offrande dans le trésor, mais avant on disait la somme à un prêtre
qui criait le montant à tout le monde comme dans une surenchère mercantile bien connue encore aujourd’hui pour
la bonne cause. Dans ce brouhaha et de tous ceux qui se font voir, Jésus regarde et voit une veuve, pauvre, qui offre
ce qu’elle a : son manque, ce qu’elle avait pour continuer à vivre. Ainsi, Dieu nous révèle en Jésus, que Dieu voit le
fond des cœurs et que pour Lui, ce qui compte c’est de se donner dans ce qu’on fait ou dans ce qu’on donne.
Jésus est un fin observateur de l’homme dont il connaît les replis les plus secrets. Il est homme et Dieu.
Jésus sait discerner la cohérence de nos faits et gestes les plus simples, Il admire la richesse de cœur qui les inspire.
Jésus sait distinguer entre ce qui est superflu et nécessaire aux yeux de son Père.
Quelles merveilleuses histoires que ces deux veuves ! Le plus admirable n’est pas le miracle, mais le regard de foi de
chacun dans ces récits, et, par-dessus tout, la foi de ces veuves pauvres. Elie, certes, a cru au Seigneur : mais à
lui, Dieu avait parlé et venait de lui donner encore un signe de sa présence dans la générosité de cette femme, Mais
cette femme, elle, était une païenne. Cependant, elle a cru à la parole de Dieu sur une promesse invraisemblable de
toujours avoir de l’huile et de la farine et tout cela par un homme qu’elle ne connaissait pas : un étranger qui lui
parlait au nom d’un Dieu en lutte avec le dieu baal qu’elle servait. C’est sur cette parole qu’elle a risqué sa vie et
celle de son fils ! Foi admirable d’une femme simple et pauvre qui fait songer à la confiance de toutes celles qui, en
s’oubliant elles-mêmes, font les gestes de miséricorde que Dieu attend pour conduire l’humanité. Humainement
parlant ces deux veuves se sacrifiaient. Elles étaient à bout de forces et de vie.
Si elles n’avaient pas eu confiance en Dieu, elles n’auraient pas pu le faire, et,
Si elles n’avaient rien offert à Dieu, c’était aussi la mort.
En cette année de la foi et à la suite du synode sur l’évangélisation, nous pouvons nous souvenir du décret du
concile sur nos rapports avec les autres religions : « Depuis les temps les plus reculés jusqu’à aujourd’hui, on trouve
dans les différents peuples une certaine sensibilité et une reconnaissance de la Divinité suprême qui pénètrent leur vie
d’un profond sens religieux. » L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les religions. Elle
considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre… Toutefois, elle annonce, et elle est tenue
d’annoncer sans cesse le Christ qui est le chemin, la vérité et la vie (jn 14,6) dans lequel les hommes doivent trouver
la plénitude de la vie religieuse…
Nous autres, c’est sans doute parce que nous n’avons pas encore vraiment décidé de suivre Jésus-Christ jusqu’au
bout, … jusqu’à l’extrême de la confiance en la Providence, que nous étouffons encore trop d’appels venant de Dieu
par nos frères. En fait, nous imaginons des choses que Dieu pourrait nous demander, mais nous ne croyons pas en
un Dieu qui nous demande de lui offrir nos manques… En effet, cette veuve de l’Evangile, à la différence de ceux qui
ont jeté leur superflu à Dieu, « elle, cette veuve qui est pauvre dit Jésus, Amen, je vous le dis, elle a jeté plus que tous
ceux-ci, elle, de son manque, tout, autant qu’elle avait, elle a jeté sa subsistance entière. »
Le voilà le lieu de la rencontre de Jésus-Christ à laquelle le synode sur l’Evangélisation nous invite avant de repartir
en mission auprès de ceux qui cherchent à donner du sens à leur vie dans les crises qu’ils traversent aujourd’hui.
Tout miser sur Dieu, oui, après avoir donné tout ce qui était encore en notre pouvoir pour nourrir nos frères et ainsi
faire l’offrande de nous-mêmes à Dieu. Celui qui peut tout sauver et ressusciter dans les impasses où nous sommes.
Demandons au Seigneur et à ces deux veuves la simplicité des pauvres de cœur pour gouter ce bonheur qu’il ne
cesse de nous proposer dans le don de nos vies. Cette semaine, prenons le temps de nous asseoir et de regarder nos