Le temps pour KANT [dans le cadre du C°) Le temps existe-t

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Le temps pour KANT [dans le cadre du C°) Le temps existe-t-il ?]
T.L. – P. Serange 2011, entre crochets et en italique ce que je commente du texte au fur et à mesure.
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La conception du temps comme condition a priori de toute expérience :
« Le temps n’est pas un concept empirique qui dérive d’une expérience quelconque [que l’on se
forge peu à peu par notre expérience du monde : nous avons le concept de temps dès notre naissance]. En
effet, la simultanéité ou succession ne tomberait pas elle-même sous la perception, si la représentation
du temps ne lui servait a priori de fondement [comment pourrait-on percevoir du changement si nous
n’avions pas, en notre conscience, le sens interne du temps dès notre naissance, c’est-à-dire a priori ?]. Le
temps est donc donné a priori. En lui seul est possible toute la réalité des phénomènes [il est donc bien
condition de tout notre vécu]. Ceux-ci peuvent bien disparaître tous ensemble, mais le temps lui-même,
comme condition générale de leur possibilité, ne peut être supprimé [même sans objet de conscience qui
nous affecte, le temps reste en nous comme forme rendant possible tout objet de conscience]. Le temps n’est
ni quelque chose qui existe en soi [c’est-à-dire absolument, indépendamment du sujet] ou qui soit inhérent
aux choses comme une détermination objective [il n’est pas non plus propriété des objets : il est dans le
sujet conscient, comme il le dit au §6 : « il n’est rien en dehors du sujet »], et qui, par conséquent, subsiste
quand on fait abstraction de toutes les conditions subjectives de leur intuition […]. Le temps n’est autre
chose que le sens interne, c’est-à-dire de l’intuition de nous-mêmes et de notre état intérieur. Le temps
est une condition nécessaire [nécessité logique et ontologique, c’est-à-dire concernant l’existence des choses]
qui sert de fondement à toutes les intuitions [qui vont après être mises en relation par l’entendement]. […]
Le temps est, sans doute, quelque chose de réel, à savoir, la forme de réelle de l’intuition intérieure [il
est forme a priori de ma sensibilité qui conditionne mon expérience, mais n’est pas objet d’expérience]. […] Il
faut donc le considérer réellement non pas comme un objet, mais comme un mode de représentation de
moi-même [et de tout objet extérieur] en tant qu’objet. […] Il n’est pas inhérent aux objets eux-mêmes,
mais simplement au sujet qui les intuitionne [le temps n’existe pas dans le monde, mais seulement en nous,
comme condition d’apparition des phénomènes : attention à ce propos : les phénomènes ne sont pas des
apparences, mais la forme de toute apparition possible pour tout sujet humain – sujet transcendantal, comme
le remarque Gilles Deleuze dans son excellent livre La philosophie critique de Kant, PUF, 1968]. »
KANT, Critique de la raison pure, §4 à 6.
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Le rapport entre l’espace et le temps :
¤ L’apparente primauté de l’espace sur le temps :
« Le temps est la condition formelle a priori de tous les phénomènes en général. L’espace,
comme forme pure de toute intuition externe, ne sert de condition a priori qu’aux phénomènes
extérieurs. Au contraire, comme toutes les représentations, qu’elles aient ou non pour objet des choses
extérieures, appartiennent toujours par elles-mêmes, en tant que déterminations de l’esprit [phénomènes
apparaissant à lui], à un état intérieur [de conscience], et que cet état intérieur, toujours soumis à la
condition formelle de l’intuition interne, rentre ainsi dans le temps [toute représentation de conscience
est temporelle, donc soumise au temps comme sens interne], le temps est une condition a priori de tous les
phénomènes en général, la condition immédiate des phénomènes intérieurs (de notre âme), la condition
médiate des phénomènes extérieurs ».
Ibid., §6.
¤ La représentation nécessairement spatiale du temps (je souligne) :
« Du moment que nous ne pouvons nous représenter le temps, qui n’est pas cependant un objet
d’intuition externe, autrement que sous la figure d’une ligne que nous tirons, et que, sans ce mode
d’exposition nous ne saurions jamais reconnaître l’unité de sa dimension ; de même, du moment que
nous tirons toujours la détermination de longueur du temps ou encore des époques, pour toutes les
perceptions intérieures, de ce que les choses extérieures nous représentent, de changeant, et que, par
conséquent, nous devons ordonner dans le temps, en tant que phénomènes, les déterminations du sens
interne, exactement de la même manière que nous ordonnons dans l’espace celles des sens externes ».
Ibid., §24.
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