Racines et apports :
1 - les racines :
La réflexion de Kant s'est développée, pour l'essentiel, à partir de quatre grandes
influences :
➢ le piétisme, qui peut se définir comme une tentative de rajeunissement du
luthéranisme protestant, destinée à réveiller la foi par la lecture vivante de la
Bible. Cette tendance rigoriste entendait soumettre la conduite humaine à de
sévères maximes ;
➢ la tradition rationaliste - issue de Leibniz - et systématisés par Christian Wolff -
marquait fortement les universités allemandes de l'époque. Elle assignait à la
philosophie l'organisation d'un ensemble rigoureux à partir de la seule raison
humaine. Kant s'éloignera de ce rationalisme dogmatique, sous l'influence de
Hume ;
➢ le scepticisme de Hume avait, en effet, ébranlé les certitudes rationalistes et le
projet d'atteindre des vérités absolues. Profondément troublé par l'empirisme
sceptique de Hume, Kant va s'efforcer d'élaborer une nouvelle méthode ;
➢ enfin, l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau (et, tout particulièrement l'Emile)
conduira Kant à réfléchir sur la conscience morale.
2 - Les apports conceptuels
Kant construit, pour I'essentiel, une philosophie de la connaissance où il souligne la
relativité de cette dernière à l'esprit humain. Elle met en jeu les notions et termes
fondamentaux suivants :
➢ la raison : elle désigne, chez Kant, tout ce qui, dans la pensée, est a priori et ne
vient pas de l'expérience. Elle est théorique on spéculative lorsqu'elle concerne la
connaissance. Elle est pratique lorsqu'elle est considérée comme contenant la
règle de la moralité. La raison, au sens étroit du terme, désigne la faculté humaine
visant la plus haute unité et s'élevant ainsi jusqu'aux idées
➢ I'idée d'une critique de la raison : il ne s'agit point d'une critique sceptique, mais
d'un examen concernant l'usage légitime, l'étendre et les limites de la raison
➢ la notion de phénomène, à savoir tout objet d'expérience possible, c'est-à-dire ce
que les choses sont pour nous, relativement à notre mode de connaissance. (Cette
notion s'oppose à celle de noumène : la chose « en soi », telle que nous pourrions
la pénétrer totalement par une intuition intellectuelle qui, en quelque sorte,
l'engendrerait devant nous. Ainsi, Dieu est un noumène, une réalité possible, mais
que nous ne pouvons ni atteindre ni connaître)
➢ le terme pur : il s'applique à toutes les représentations dans lesquelles il ne se
trouve rien qui appartienne à l'expérience sensible (ex. : raison pure)
➢ le terme a priori, qui désigne ce qui est indépendant de l'expérience. Il faut
distinguer pur et a priori. Parmi les connaissances a priori, celles-là sont appelées
pures auxquelles absolument rien d'empirique n'est mêlé. Par exemple, la
proposition : « tout changement a une cause », est bien a priori, mais n'est point