La tomodensitométrie multicoupe avec urographie
(MSCTU), effectuée en trois phases
Détection des tumeurs des voies urinaires
Andreas Christe, Harriet Thoeny, Peter Vock
Departement für Diagnostische, Interventionelle und Pädiatrische Radiologie, Inselspital, Bern
NOVA Forum Med Suisse 2008;8(33):592–594 592
La MSCT implique des doses d’irradiation plus
élevées (120 à 140 kV, 130 à 300 mA) pour obte-
nir un contraste optimal dans les parties molles;
l’épaisseur des couches est la même que pour le
CT-scan de l’urolithiase. Les reconstructions co-
ronale et sagittale font partie de la routine.
Avantages: le carcinome urothélial affecte la ves-
sie, le bassinet et les uretères dans les proportions
50:3:1 [2]. Ce genre de carcinome se caractérise
par des foyers multiples qui peuvent apparaître
de façon synchrone ou métachrone; d’où la né-
cessité de l’examen par MSCTU de l’appareil uri-
naire excréteur tout entier. Au contraire de l’UIV,
la MSCTU permet d’attribuer assez aisément
l’étiologie de processus intraluminaux dans les
voies excrétrices urinaires, tels que caillots, tumeurs
ou concrétions. Chez un patient anticoagulé, par
exemple, les caillots du bassinet ou de la vessie
apparaissent déjà hyperdenses sur l’acquisition
native et l’injection d’un produit de contraste
ne renforce pas cet effet; les tumeurs, par contre,
absorbent assez bien le produit de contraste. La
MSCTU atteint une sensibilité de 90% dans la
détection des carcinomes vésicaux [3] et de 67 à
89% dans la détection des carcinomes urothéliaux
du système urinaire supérieur; les spé cificités
atteignent de 96 à 98% [4, 5]. De plus, la MSCTU
met en évidence toutes les autres pathologies et
structures abdominales situées en dehors de l’ap-
pareil urogénital, comme le ferait un CT-scan nor-
mal de l’abdomen.
Comparaison avec d’autres méthodes
Détection de carcinomes urothéliaux: la cystosco -
pie avec biopsie est l’examen standard permet-
tant la détection et la stadification des carcinomes
vésicaux aux stades précoces. Dans la détection
de carcino mes vésicaux, l’UIV conventionnelle
atteint une sen sibilité de 60% et la MSCTU de 90%
[3]. La précision de la stadification T d’un carci-
nome de la vessie se situe entre 55 et 92% par
MSCTU et entre 72 et 96% par IRM. L’IRM se prête
toutefois moins bien à la détection de tumeurs de
l’appareil urinaire supérieur en raison de sa réso -
lution spatiale plus faible. L’UIV a longtemps été
la méthode privilégiée pour le diagnostic de l’ap-
pareil urinaire supérieur, bien que sa sensibilité
dans la détection du carcinome de l’uretère n’at-
teigne que de 16 à 50% [2], et qu’elle ne décèle que
60% des tumeurs dans l’ensemble du système
Présentation de la MSCTU
en trois phases
Indications: l’hématurie indolore est souvent le
seul symptôme par lequel s’expriment le carci-
nome uro thélial et, plus rarement, le carcinome
rénal. Chez les patients de moins de 40 ans, l’in-
cidence cumu lative en 15 ans d’un cancer des
voies urinaires n’atteint cependant que 0,1%;
c’est pourquoi il faut ici utiliser en premier lieu
l’imagerie par échographie. Chez les patients de
plus de 40 ans présentant une hématurie asymp-
tomatique, les pathologies tumorales sont un
diagnostic différentiel important qu’il faut pren-
dre en considération et qu’il s’agit d’exclure. La
méthode est indiquée pour exclure également les
affections tumorales de l’appareil urinaire supé-
rieur en présence de carcinomes vésicaux, et
pour assurer le suivi longitudinal de carcinomes
urothéliaux.
Techniques: l’accès intraveineux est la seule mise
en place nécessaire pour préparer le patient
avant une MSCTU. La première phase comprend
l’acqui sition hélicoïdale native de l’abdomen en-
tier; dans la deuxième phase, l’acquisition héli-
coïdale de l’ab domen (phase néphrographique)
débute 60 secondes après avoir injecté un produit
de contraste iodé au patient; dans la troisième
phase, l’examen urographique a lieu 15 minutes
après qu’une perfusion de 500 ml de solution de
chlorure de sodium ait été effectuée pour favori-
ser la dilatation des voies excrétrices urinaires.
Quintessence
La tomodensitométrie multicoupe avec urographie (MSCTU1, multislice computed
tomography-urography), effectuée en trois phases, est importante pour le diag-
nos tic de processus expansifs dans l’appareil urinaire supérieur chez les patients
présentant une hématurie dont l’étiologie n’est pas claire. Les lésions intravési-
cales sont détectées par cystoscopie. Lorsque le diagnostic urologique primaire
d’une microhématurie est négatif (urographie intraveineuse et cystoscopie com-
prises), la MSCTU permet malgré tout d’en déterminer une cause dans 45% des
cas [1]. Dans l’ensemble, la MSCTU est un moyen d’analyse supérieur à l’uro-
graphie intraveineuse (UIV) pour diagnostiquer une microhématurie. La suite de
cet article présente la MSCTU et la compare avec d’autres méthodes.
1Dans cet article, «MSCTU» signifie implicitement
«MSCTU effectuée en trois phases» (NdT).
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